La chronique d'Henry Broncan

Par Rugbyrama
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Comme chaque semaine, retrouvez "les pas perdus d'un coach", la chronique d'Henry Broncan, l'entraîneur du SU Agen.

Vendredi 7 décembre :

C'est une journée de pluie maussade et chagrine comme on ne les aime nulle part et surtout pas dans le Midi ; le matin, les avants retravaillent leurs touches sur Armandie avant de se tester en mêlée ; sous la direction de jeune capitaine JM et malgré les conditions atmosphériques, l'ensemble s'applique convenablement ; les ¾ font une séance de vitesse en compagnie de CS le préparateur physique : AP, encore Reichel, est titularisé à l'arrière ; demain soir, l'école de rugby de Couze-Lalinde aura deux joueurs dans l'équipe fanion du SUA !

Dans l'après-midi, visite de NF, le préparateur physique de la Géorgie. Depuis le début de la semaine, trois entraîneurs de ce pays séjournent à Agen et suivent nos évolutions. NF est maintenant sous contrat jusqu'à la prochaine Coupe du Monde. Il me raconte que les officiels du pays voudraient bien que je l'accompagne dans sa mission et il me vante les paysages magnifiques du Caucase et de la mer Noire "tu verras, ajoute-t-il, il y a des piliers partout !" L'argument suprême ! Je souris : quatre heures d'avion, trois ou quatre fuseaux horaires, un alphabet et une langue à apprendre, le chêne de Theux à oublier – il est enfin sur mon ordinateur ! – c'est beaucoup trop pour mes années ; le Gers est déjà si loin que je ne veux pas m'en éloigner davantage.

Entraînement du capitaine et du vice-capitaine à 16 heures : encore beaucoup de bonne volonté ; à 18 heures, le rendez-vous des associés, passage obligé la veille de chaque match à domicile. Les associés comptent parmi les meilleurs supporters du SUA et, bien sûr, ils sont inquiets, après la prestation de Mont-de-Marsan. Les questions fusent, en général, plutôt sympathiques malgré les nuages présents. Quelques unes sont un peu plus agressives mais je sais protéger mes joueurs quand ils sont attaqués individuellement.

Samedi 8 décembre :

Préparation maintenant classique chez l'ami Roland. Christian et son équipe des cuisines – un duo féminin dont il fait mine d'être le chef – nous ont préparé un repas succulent comme dans le passé mon voisin des Aréous ou encore l'ami Momo savaient si bien en réaliser.

La France de l'Ovalie comprend, dans chaque club, des talents culinaires qui mériteraient des étoiles, ne serait-ce que par l'amour qu'ils portent à leurs joueurs et... entraîneurs. A la TV, nous admirons un remarquable Clermont – Wasps ; hier au soir, Gloucester a impressionné tous les connaisseurs : le rugby anglais semble prendre une dimension supérieure : physique toujours mais aussi technique avec des passes vives et beaucoup d'ambition.

C'est sous la pluie que débute notre match contre Oyonnax : une première mi-temps crispante, une mêlée incertaine, peu d'enchaînements sur les touches, un jeu au pied approximatif : 6-0 à la mi-temps avec une rentrée aux vestiaires sous les sifflets... agenais !

C'est mieux après les ablutions ; sans être transcendants, nous lâchons nos adversaires pour un 16-3 volontaire mais sans éclat. Le jeune capitaine conduit ses troupes vers la tribune Ferrasse pour saluer les supporters. Dans le briefing final, un joueur d'expérience me lâche : "Pourquoi nous demandes-tu d'aller les applaudir ? Ils nous ont sifflés à la mi-temps !" Je lui réponds : "Même s'ils sont 10 à vous avoir conspués, il y a bien 1 qui vous a soutenus tout au long du match ; c'est celui-là que vous remerciez."

Réception classique : ici, vous ne savez pas où passent ni vos adversaires – un salon et un étage particuliers – ni les arbitres et délégués. Vous êtes coupés de ces relations d'après-match qui font le bonheur de votre sport : aux antipodes des échanges que nous avions, bien à l'abri, dans la modeste mais si chaleureuse cuisine de Maurice. Par contre, j'ai la chance de rencontrer mon ancien capitaine d'Auch RB accompagné de son arrière LP "Raph" a été exempté du voyage à Parme où le FCAG, comme en 2005 n'a pu s'imposer. Nous déblatérons sur nos itinéraires respectifs : j'éprouve bien du plaisir à écouter les anecdotes sur mon ancien club.

Dimanche 9 décembre :

Les blessés sont convoqués, comme d'habitude, aux soins de 10 heures : ce matin, beaucoup d'épaules traumatisées : "Au moins, ils se sont engagés", me souffle le kiné. Nous taquinons le chef du staff médical qui a officié, hier au soir, côté visiteurs : "Tu n'es jamais aussi performant quand tu es avec nous" et nous raillons notre préposé : "Tu t'es fait "bouffer" par le toubib d'en face !"

Sous la pluie, nous sommes huit pour le toucher dominical : la qualité ? Pas sûr ! L'après-midi, je gagne Lavardac où se rend Mussidan, l'équipe de mon ami Jojo Duzan, invaincue dans le championnat Honneur du Périgord Agenais ! Repas à Nérac, devant le château où Henri IV a résidé – un peu – et résisté – encore moins – à l'escadron volant des 300 plus belles dames de la Cour de France que Marie Médicis qui le connaissait bien – c'était son ancienne belle-mère – avait déplacé pour influencer les opinions... religieuses de son ancien gendre !

Nérac est une belle ville ; visite du parc de Florette, avec un arrêt devant les mosaïques gallo-romaines et bien sûr, devant la Fontaine St Jean qui célèbre le "sacrifice" de cette jeune fille de 16 ans qui donna son amour, pour la vie, au Prince d'Albret qui ne le lui rendit qu'un seul jour ! La Baïse, ma Baïse Mirandaise, y est si belle que je mets à penser qu'en fait c'est la Garonne qui se jette en elle et non le contraire !

A la Bido, Lavardac, solide et expérimenté au niveau du pack fait souffrir, pluie et vent à l'appui, les ténors de la poule. Des deux côtés, les buteurs passent à travers et curieusement, des 45 mètres, dans des conditions difficiles, le centre Gautier ouvre et... ferme le score. A la dernière minute, l'arbitre venu de l'Armagnac-Bigorre accorde aux locaux une pénalité sous les poteaux : l'égalisation est là ; las, le demi de mêlée remplaçant joue précipitamment à la main, s'emberlificote, en-avant et final ! Malgré le mauvais temps, les deux équipes ont su offrir un spectacle des plus attrayants, suspense oblige. De mon côté, j'ai eu le plaisir de revoir sur le terrain Cibola, l'ancien seconde ligne, qui fit le grand bonheur de la SAC, dont je sais qu'elle doit souffrir, aujourd'hui, sur le terrain de Mauvezin.

Lundi 10 décembre :

Conférence de presse à 11 heures 30, au Conseil Général du Lot-et-Garonne, dans le cadre de la présentation de l'ouvrage de Christian Delbrel "Un siècle, Des hommes, un Club" Editions Action Groupe Communication, ouvrage contant l'histoire du SUA et dont je vous ai déjà entretenu. En foulant, pour la première fois, les marches de ce magnifique établissement, ancien hôpital du début du XVIIème siècle, je ne peux m'empêcher de penser aux nombreuses visites que je rendais, en compagnie de Bernard Lafitte, au Président Gersois Philippe Martin. Nous partagions avec lui les peines et les joies en totale complicité et puis vint la déchirure...

A l'entraînement, la vedette Fidjienne est absente : après le genou droit, voici le genou gauche, Mon entourage me presse de réagir : réponse par haussement d'épaules. L'impuissance me gagne-t-elle ?

Mardi 11 décembre :

Grâce à mon ami Fabien Jeans, journaliste au SO, me voici Oscar du Sport Gersois 2007, en tant que dirigeant. Rendez-vous au Château Pape Clément à Bordeaux dont le propriétaire est le célèbre Bernard Magrez. Avec moi, le capitaine, de l'Avenir Massylvain, très fier de me raconter la vie de son club qui, dans une ville de moins de 2000 habitants, peut compter sur une école de rugby forte de 140 gamins, sur une équipe cadette et sur une équipe juniors, et ce sans la nécessité d'une entente avec un club voisin ! "Nous avons perdu chez nous contre Saint Sulpice, il faut absolument qu'on se rattrape à Montréjeau, samedi". Un vrai gersois !

Jérôme Thion qui devait parrainer la cérémonie n'a pu se déplacer : deux entraînements sont programmés dans la journée au BO qui ne rigole pas actuellement lui non plus ; les footballeurs girondins sont également absents mais leur Président est là distribuant un "coup de casque" à son public pour le manque de fidélité à l'UEFA. Parmi les invités, émotion avec les médaillés olympiques Guy Lapébie et Jean Boiteux : l'image du père de celui-ci se jetant dans la piscine de Melbourne, en 1956, après la victoire de son fils ! Les deux hommes sont magnifiques ! Le rugby est bien représenté avec les Présidents de Dax – j'aime bien – du CABBG – j'aime aussi – et de Périgueux : un Gersois ! Guy Accoccebery est bien conservé, Jean-Pierre Elissalde un peu fatigué, Serge Simon rayonnant. Le capitaine de Laroque-Timbaut est justement récompensé pour le Lot-et-Garonne et je fais la connaissance des Présidents du Club de basket de Beaupuy rivaux de Auch BC et de Valence-Condom : j'espère qu'ils ne viendront pas gagner à Mathalin, chez mon ami Elorza. Rencontre aussi de l'oscar de la Gironde : le pilier langonnais Bouic cousin de mon ¾ centre ; pas les mêmes gènes et surtout pas la même diététicienne. A la question : "Comment ça se passe ?" Réponse : "Je reprends en janvier et nous allons rencontrer les pros du monde amateur, Colomiers... Nous allons les recevoir !" Je ne savais pas que Captieux était dans le Gers ! Le plaisir de déjeuner aux côtés d'un de mes journalistes préférés même si son écriture égratigne parfois !

Retour en fin d'après-midi sur Agen : la vedette fidjienne est grippée ! Je n'ai plus la force de hausser les épaules !

Mercredi 12 décembre :

Ce matin, sur Armandie gelé, deux mouettes s'ébattent...

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