Le plaquage : un art qui évolue avec son temps

Par Rugbyrama
  • Le plaquage de Mathieu Bastareaud sur le Canadien Nick Blevins
    Le plaquage de Mathieu Bastareaud sur le Canadien Nick Blevins
  • Jaco Kriel (Afrique du Sud) au plaquage face à l'Argentine - 19 août 2017
    Jaco Kriel (Afrique du Sud) au plaquage face à l'Argentine - 19 août 2017
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À l’instar de la mêlée, le plaquage est l’élément distinctif par excellence du rugby. S’il a toujours eu pour but de stopper l’avancée de l’adversaire, il a aussi dû s’adapter au professionnalisme et à la révolution des corps.

Le plaquage est certainement le geste le plus important du rugby. Le rater, c’est laisser la possibilité à l’autre d’avancer et de prendre de la vitesse, donc de mettre en danger l’ensemble de l’équipe. Il est ainsi enseigné dès les premières années à l’école de rugby pour que son exécution, qui requiert à la fois une bonne dose de courage et de maîtrise, soit rapidement acquise par le joueur. La consigne – viser la taille de l’adversaire et se laisser glisser jusqu’aux bas des jambes – a fait figure de norme chez les enfants comme les adultes pendant des décennies.

Le passage de l’amateurisme au professionnalisme, en 1995, a révolutionné les pratiques et les acteurs du rugby. Avec un entraînement quotidien et de plus en plus poussé, les acteurs de ce jeu sont devenus plus endurants mais aussi plus forts physiquement. Les espaces, importants du temps où les joueurs de première et deuxième ligne déplaçaient avec difficulté leur embonpoint et que les remplacements étaient exceptionnels, se sont soudain réduits. Moins d’espaces, plus de muscles et donc plus d’affrontement physique pour continuer d’avancer. Et pour les défenseurs, la nécessité de répondre à ce nouveau défi.

"L’attaque évolue, la défense s’adapte et met en place des systèmes pour essayer de ralentir le jeu, explique Christophe Moni, ancien troisième ligne international, consultant pour Eurosport et témoin de ce changement durant sa carrière. On a ainsi vu arriver le plaquage haut à la fin des années 90. Avant, le jeu se faisait essentiellement avant la ligne d’avantage, surtout qu’il y avait plus d’espaces. L’évolution des gabarits a fait que les joueurs se sont mis à plus agresser cette ligne d’avantage, restaient debout et pouvaient ainsi faire vivre le ballon en le donnant à un partenaire. L’idée de plaquer haut était de stopper l’action et de bloquer la balle en même temps pour éviter qu’il y ait de la continuité dans le jeu".

Cette façon de plaquer, qui était jusqu’alors marginale et plutôt l’apanage des Iliens (Cf Samoa – Pays de Galles à la Coupe du monde 1991), s’est vite démocratisée dans le reste du monde. Elle s’est même un peu plus encore justifiée avec l’apparition, au milieu des années 2000, d’un geste venu du rugby à treize : le offload (passe à une main après contact). Une technique que le Neo-Zélandais Sonny Bill Williams, ancien treiziste passé à quinze, a élevé au rang d’art et qui est désormais la marque des Victor Vito, Leone Nakarawa, Quade Cooper et autres esthètes de la planète ovale.

Jaco Kriel (Afrique du Sud) au plaquage face à l'Argentine - 19 août 2017
Jaco Kriel (Afrique du Sud) au plaquage face à l'Argentine - 19 août 2017

Le plaquage s’adapte à la règle

Face à ce nouveau rugby qui fait moins la part belle à l’évitement et plus aux collisions frontales, les législateurs ont décidé de remettre un peu de fluidité et de vitesse dans le jeu. Terminée la guerre de tranchées au sol entre le plaqueur et le plaqué ! "Avant, le plaqueur pouvait rester au ballon, raconte Christophe Moni. Mais on s’est aperçu que c’était un moyen de ralentir le jeu et on a donc empêché par la règle le plaqueur de pouvoir gratter le ballon. Cela a amené le plaquage à deux avec un joueur qui fait tomber et l’autre qui conteste le ballon".

Là encore, les penseurs du rugby ont adapté le plaquage à leur temps. Et ils devront certainement le faire encore d’ici les prochaines années alors que le rugby tout physique suscite depuis plusieurs mois déjà la crainte et l’effroi du fait des commotions cérébrales à répétition. Un cap a même été franchi cet été avec la mort du jeune joueur d’Aurillac Louis Fajfrowski (21 ans), des suites d’un plaquage appuyé mais jugé régulier lors d’un match amical. Un drame intervenu moins d’un an après le K.O. très impressionnant de l’Espoir clermontois Samuel Ezeala (18 ans) à la U Arena après avoir plaqué le surpuissant Virimi Vakatawa.

Devenu un enjeu du rugby d’aujourd’hui et de demain, la protection des joueurs est plus que jamais au cœur des débats et les consignes pour plus de sévérité des arbitres ont déjà vu le jour pour bannir les plaquages "cathédrale" (soulever les appuis de l’adversaire pour le faire basculer) et ceux au-dessus de la ligne des épaules. Certaines voix du rugby portent même l’idée d’abaisser cette ligne de plaquage à la ceinture pour limiter un peu plus encore les risques d’accident. Un retour aux origines du plaquage en somme, après plus de deux décennies d’évolution permanente.

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