Dominici: "Le dialogue est essentiel"

Par Rugbyrama
  • Dominici La Poste
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Publié le Mis à jour
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Ancien ailier international et Parrain des 10es Journées nationales de l’Arbitrage, Christophe Dominici dévoile les raisons de son engagement auprès des directeurs de jeu. Il raconte comment sa relation aux arbitres a évolué durant sa carrière et pourquoi il est primordial de protéger les arbitres.

La Poste en collaboration avec les différentes ligues et la Fédération met en place les Journées de l’Arbitrage, lesquelles fêtent leur 10e anniversaire. Vous en êtes l’un des parrains. Pourquoi cet engagement?

Christophe DOMINICI: Parce que ces Journées de l’Arbitrage sont une très belle vitrine. Tous les parrains qui m’ont précédé sont d’illustres sportifs. Ces Journées délivrent aussi un beau message. Les arbitres, aujourd’hui, ont énormément de pression, des responsabilités accrues sur leurs épaules. Les différents acteurs du rugby doivent les soutenir, les joueurs, mais aussi les anciens comme moi. Il est de mon devoir de participer à l’éducation des plus jeunes, de leur faire comprendre que l’arbitre fait partie du jeu, qu’il faut le respecter, sans quoi notre sport ne pourrait pas fonctionner.

Quel sera votre rôle durant ces journées?

C.D: Je serai sur le terrain pour y délivrer un message, pour parler, échanger. Je veux que, dans le rugby, les règles soient respectées, que l’adversaire le soit aussi. Il n’y a que l’arbitre qui est garant de cela. Il faut le protéger.

Pourquoi une arbitre a-t-il besoin d’une "protection"?

C.D: Parce qu’il joue un rôle essentiel sur le développement du jeu et, qu’une fois encore, la pression sur ses épaules est immense. Un arbitre mis dans de bonnes conditions commettra moins d’erreurs et permettra un bon déroulé de match où tout le monde, joueurs et spectateurs, se retrouvera. Au contraire, un arbitre sous pression apportera de la tension au jeu, sur le terrain et dans les tribunes. Il faut que tout le monde comprenne que l’erreur est humaine, qu’un arbitre peut se tromper. C’est la raison de mon engagement. Je veux sensibiliser les gens à son rôle éminemment difficile.

Vous qui avez joué au football et qui avez été le rugbyman que l’on sait, quelle est la différence entre un arbitre de rugby et un arbitre de football?

C.D: Au rugby, il existe encore ce respect des hommes. Lorsqu’un arbitre de rugby prend une décision, il est rare de voir un joueur la contester. Cela tient aussi aux règles mêmes de ce jeu, où la contestation d’une décision peut entraîner une nouvelle sanction: se retrouver à dix mètres de plus. En ce sens, l’arbitre de rugby a plus de pouvoir que celui de football. Mais j’insiste sur un point essentiel: il faut que le respect des joueurs de rugby envers l’arbitre perdure, parce qu’il induit le respect du public envers l’arbitre. Je suis intimement persuadé que le public dans un stade suit l’attitude des acteurs sur le terrain. Au foot, les joueurs outrepassent parfois le pouvoir qu’ils ont. Et cela peut avoir une influence sur les spectateurs avec les dérives que l’on connaît.

C.D: Y a-t-il une dérive possible au rugby?

On vante les valeurs et les mérites de notre sport. Mais les hommes restent des hommes, avec leurs excès. Une dérive est possible oui, c’est pourquoi il est primordial d’éduquer les gens. Les dérives, on peut aussi les éviter. Les journées de l’arbitrage sont des actions essentielles pour les prévenir.

Quelle expérience retirez-vous de votre relation aux arbitres?

C.D: : Ma relation a été fluctuante. Lorsque j’étais jeune, j’avais moins de proximité avec eux. Avec l’expérience, le dialogue s’est instauré. Ça a été très bénéfique. Écouter, parler à un arbitre, échanger, permet de mieux se comprendre et de faciliter le travail de tous. J’ai appris, en parlant, à accepter les décisions des arbitres, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. L’expérience m’a permis de comprendre qu’il est trop facile de mettre le résultat final d’un match sur le dos de l’arbitre. L’erreur est humaine. Il faut savoir l’accepter.

Y a-t-il un arbitre qui vous a marqué durant votre carrière de joueur?

C.D: Pour illustrer ce que je dis sur le dialogue, il y a un arbitre, Stuart Dickinson, qui a dirigé plusieurs de mes matchs en équipe de France. Jamais je n’ai gagné une rencontre lorsqu’il était au sifflet. Quand il nous arbitrait, je savais que nous n’allions pas passer un bon après-midi. Je n’ai jamais pu parler avec lui, essayer de le comprendre. Au contraire de Didier Mené, avec qui j’entretenais un rapport particulier. Il était d’Aix-en-Provence, j’étais de Toulon. Il m’a vu débuter ma carrière avec mes excès de comportement. Il savait me canaliser, il savait apaiser les choses dans un sens ou dans l’autre. On n’était pas d’accord sur tout. Mais le match était tenu parce qu’il y avait du respect et qu’une bonne ou une mauvaise décision de sa part était, dès lors, acceptable.

Diriez-vous que l’arbitrage dans le rugby est satisfaisant?

C.D: Je le pense, oui. Tout n’est pas parfait, il y a quelques petites erreurs bien sûr. Mais que de règles dans notre sport! L’arbitre doit avoir une vision périphérique, avoir un œil sur le ruck et un autre sur le repositionnement de la ligne de hors-jeu, au près, au large. Comme le rugby va de plus en plus vite, les arbitres doivent être mieux préparés qu’auparavant et doivent, en outre, ingurgiter des règles supplémentaires chaque année. Seul quelqu’un qui n’a jamais arbitré ne peut comprendre la complexité de cette fonction.

Vous sortez d’une formation de manager. Quid de celle des arbitres? Le rugby français doit-il mieux former ses directeurs de jeu?

C.D: Il y a toujours des choses à améliorer. Avec la professionnalisation de notre sport, on ne peut plus, s’improviser arbitre sur le tard. Il faut se former très tôt à cette fonction. Les arbitres doivent être plus en phase avec le rugby tel qu’il est pratiqué aujourd’hui: dans l’analyse vidéo, dans la recherche de la performance, dans la préparation physique. L’arbitre doit élever son niveau. Il faut plus d’arbitres professionnels dans notre monde professionnel.

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