"Je pense que Jordan a eu peur du jugement" : la femme de Michallet évoque sa dépression

Par Rugbyrama
  • Pro D2 - Jordan Michallet (Rouen)
    Pro D2 - Jordan Michallet (Rouen)
Publié le Mis à jour
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Le 18 janvier dernier, l'ouvreur de Rouen Jordan Michallet se donnait la mort. Ce dimanche dans l'émission Canal Rugby Club, sa compagne Noélie Michallet prend la parole. Pour lui rendre hommage mais aussi un tabou du rugby professionnel : la pression qui pèse sur les joueurs et les dépressions, nombreuses, qui en découlent.

Outre-Manche, la glace a été brisée il y a plusieurs mois au sujet des troubles psychologiques des joueurs, regroupés sous l’appellation "Mental health issues". Notamment grâce au témoignage fort du pilier international anglais Joe Marler, qui racontait ses dépressions. Un débat qui arrive en France, où les langues se délient doucement sur les dépressions auxquelles sont parfois sujets les joueurs du Top 14 et Pro D2.

Ce dimanche, l'émission Canal Rugby Club (20h25) consacrera une large page à ce sujet, intitulé "le tabou de la dépression". Mathieu Bastareaud sera invité en plateau.

Noélie Michallet prendra également la parole pour témoigner. La compagne de Jordan Michallet, l'ouvreur de Rouen qui s'est donné la mort le 18 janvier dernier, raconte : "Jordan traversait une semaine avec une baisse de moral, comme cela peut arriver à tout le monde. Il était très fatigué, moralement et physiquement. Il subissait aussi une certaine pression, comme le club était proche de la zone relégable."

"Un joueur a toujours honte d'avouer ses faiblesses"

Ce mal-être, Michallet avait choisi de le garder pour lui. "Il m'avait dit : "je n'ai pas le droit de lâcher l'équipe". Pour lui, il était impensable de devoir abandonner ses coéquipiers et son équipe. […] Tout est allé très vite. En une semaine, tout s'est dégradé. Jordan n'a pas osé en parler, ou alors trop tard. Le club de Rouen, s'il avait su le ressenti et les émotions de Jordan, aurait été là pour lui. Il l'aurait aidé, ne l'aurait pas lâché. Mais un joueur a toujours honte d'avouer ses faiblesses, de dire qu'il va mal ou qu'il est fatigué. Je pense qu'il a eu peur du jugement."

Si le sujet de la dépression a connu une issue dramatique dans le cas de Michallet, il n'est pas rare dans le monde du rugby professionnel. Noélie Michallet raconte encore, dans son interview au "CRC" : "Depuis ce drame, j'ai reçu beaucoup de témoignages de joueurs, français ou étrangers. Pas un ne m'a pas dit qu'il n'avait pas connu une dépression. Mais aucun n'a osé en parler, ni à ses coéquipier, ni à ses entraîneurs. C'est un milieu où il faut toujours être fort, où il faut toujours donner le meilleur de soi même. On joue avec des blessures, avec des douleurs extrêmes pendant les matchs. Quand on m'a dit ça, j'ai compris qu'il n'y avait pas que Jordan. J'ai pu ressentir le mal-être de certains joueurs."

?️ "Ce n'est pas facile car c'est un milieu dans lequel on doit toujours être fort (...)"

Suite à la disparition tragique de Jordan Michallet, sa femme Noélie a souhaité prendre la parole pour lancer un cri d’alarme pour briser le tabou de la dépression dans le rugby. pic.twitter.com/RtFypiGQaj

— CANAL+ Rugby (@CanalplusRugby) March 5, 2022
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