Narjissi : "Nous n’avons pas l’habitude de vivre des incendies de cette ampleur"

Par Rugbyrama
  • Jalil Narjissi (Agen)
    Jalil Narjissi (Agen)
Publié le Mis à jour
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L’ancien talonneur du SU Agen devenu aujourd’hui pompier professionnel est intervenu face aux incendies en Gironde ce mois-ci. Un moment éprouvant pour l’ex-rugbyman qui voulait faire ce métier depuis l’enfance.

Il en rêvait depuis son plus jeune âge. "Ma mère, mes frères et sœurs et moi-même avons subi un incendie dans notre appartement à Saint-Denis, en région parisienne, quand j’avais 7 ans. Nous nous sommes retrouvés bloqués par les flammes et les pompiers nous ont sauvés. Depuis ce jour-là, j’ai une reconnaissance pour eux", raconte Jalil Narjissi, 42 ans, devenu pompier professionnel au service départemental d’incendie et de secours de Lot-et-Garonne (SDIS 47). Visage connu des amateurs de rugby, l’ancien joueur d’Agen, champion de France de Pro D2 en 2010 avait dû mettre en suspens son rêve de gosse durant sa carrière de rugbyman. Motivé par son beau-père qui exerçait dans la profession, il avait pourtant passé ses tests dès l’âge de 17 ans à la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) avant de se consacrer uniquement à l’ovalie. Tout au long des années passées sur les prés verts, son envie d’embrasser sa vocation première n’était jamais bien loin. En parallèle de ses dernières saisons sportives, il a été pompier volontaire pendant six ans, après avoir demandé l’autorisation à son club du SUA. Une façon pour lui de savoir s’il était "vraiment fait pour ça". La réponse fut favorable.

Des terrains à la caserne

Ces dernières semaines, l’ex-entraîneur des avants du Stade saint-livradais (Fédérale 3) a connu l’un des épisodes les plus denses dans sa carrière de sapeur-pompier. En colonne de renforts avec son département, Jalil Narjissi est intervenu pour aider ses collègues girondins à maîtriser les incendies qui ont sévi en Gironde. "C’était une période assez difficile. Nous n’avons pas l’habitude de vivre des incendies de cette ampleur. Il y avait plus de 2000 collègues sur le chantier", explique-t-il pour Rugbyrama. Pour rappel, deux incendies ont été déclarés le 12 juillet, l’un à Landiras, l’autre à La Teste-de-Buch. Près de deux semaines ont été nécessaires pour contrôler la situation inédite. Le sinistre a ravagé 20 800 hectares et 36 750 habitants ont dû être évacués, selon la préfecture du département. "C’était chaotique", ajoute Narjissi. La préfecture rapporte notamment des difficultés causées par une météo exceptionnelle. Vents changeants, fortes températures et absence de pluie étaient des conditions propices aux flammes. Fort heureusement, aucune victime n’a été déplorée. Le 29 juillet, la préfecture de Gironde a même annoncé que le feu de La Teste-de-Buch est maîtrisé, ce qui limite les risques de reprise du phénomène.

"La seule similitude avec le rugby est l’état d’esprit"

Habitué aux exigences physiques des matchs de Pro D2 et Top 14 par le passé, l’ancien rugbyman d’origine marocaine reconnaît que l’engagement requis par ses nouvelles fonctions n’a pas grand chose en commun avec le rugby : "L’engagement sur un terrain et en intervention sont deux choses différentes. Sur un terrain, tu n’as pas des responsabilités avec des vies entre tes mains. Ce n’est qu’un jeu. Sur une intervention, tu pars pour faire une action envers la population". Il complète : "La seule similitude est l’état d’esprit, c'est un travail d'équipe. Il faut aimer les autres pour faire ce métier." Fidèle à son ancien poste de talonneur, Jalil Narjissi reste en première ligne dans sa nouvelle voie professionnelle.

par Rayane BEYLY

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