Candelon: "Ce tournoi de Wellington est raté"

  • Candelon France Espagne - Etape de Wellington - Février 2014
    Candelon France Espagne - Etape de Wellington - Février 2014
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L’international de rugby à VII, Julien Candelon qui a prolongé son contrat avec la FFR jusqu’aux JO de Rio (si qualification il y a), fait le point avec nous sur l’échec français à Wellington, entre deux vols, en plein retour vers la France.

Après les regrets d'avoir laissé filer une demi-finale de Cup qui vous tendait les bras au tournoi de Las Vegas deux semaines plus tôt (défaite 14-17, après avoir mené 14-0 face au Canada), quel est le sentiment qui anime le groupe à l'heure de quitter Wellington (défaite en demi-finale de Bowl) ?

Julien CANDELON: Le premier est la déception. Nous avons fait de très bonnes choses à Las Vegas. Mais quand on voit la poule dans laquelle le Canada est tombé en Nouvelle-Zélande (tirage avantageux grâce à sa troisième place du tournoi américain, NDLR), nous avons encore plus de regrets, parce que notre manque de précision face à eux nous coûte cher aujourd'hui. […] Certes, notre tournoi de Vegas était plus abouti, mais notre poule y était plus ouverte pour accéder aux quarts. 

A Wellington, vous avez ainsi joué la Nouvelle-Zélande (47-0) et les Fidji (26-5), deux équipes du haut du panier. "C’est bien, ça forme !", disait votre entraîneur, Frédéric Pomarel, la semaine dernière. Après ces deux lourdes défaites, partagez-vous son opinion ?

J.C: Évidemment qu'il faut vivre le très haut niveau pour se rendre compte de son niveau. Les Blacks restent sur le toit du monde, et les Fidji sont, avec l'Afrique du sud, les seuls capables de les battre de temps en temps.

La constance nous rapprochera des meilleures nations

Qu'est-ce qui vous sépare de telles formations qui jouent la gagne sur chacun des tournois du circuit ?

J.C: De pouvoir travailler sereinement. Nous avons eu beaucoup de blessés dernièrement. Certains joueurs ont été rétablis juste avant de partir, d'autres ont dû rester à Paris. Nous avons également dû nous séparer de Stephen Parez (parti rejoindre les -20 ans) entre les deux étapes. Nous ne sommes pas à des années lumières de ces nations, mais la constance nous rapprochera encore plus. 

A l'image du match face à l'Espagne de ce week-end (21-15) comparé à celui d'il y a deux semaines (47-0), vous êtes apparus physiquement en difficulté au long de cette manche de Wellington. Comment l'expliquez-vous ?

J.C: Le temps a été vraiment détestable. Cela ne nous a pas avantagés face à l'Espagne puisque la stratégie a dû être changée en urgence. Beaucoup d'équipes ont été gênées par la pluie en début de tournoi. Les Blacks ont notamment perdu face aux Fidjiens dès le premier match (7-12).

Contre la Nouvelle-Zélande, vous tenez deux minutes et puis, une fois que vous encaissez un premier essai, on a l'impression que vous explosez complètement. L'équipe de France a-t-elle un gros problème mental ?

J.C: Ce n'est pas un problème mental. Nous rendons deux ballons aux Blacks qui emmènent des essais. Derrière, c'est la différence entre une équipe qui a pris confiance et celle qui se précipite pour rattraper le coup. Quand on voit le parcours des Blacks sur le tournoi, ils mettent 30 points aux Anglais (31-0), presque autant aux Sud-africains (21-0). Même si ça n'excuse rien. 

Il faut avancer, c'est tout

Quelles ont été vos plus grandes failles au fil du tournoi ? Les zones de ruck où vous êtes encore apparus fragiles ? La défense qui manque de constance ?

J.C: Je ne dirais pas que les zones de ruck ont été notre faille. Je pense simplement qu’il faut de la confiance pour jouer libéré, et notre premier match sous des trombes d'eau face à l'Espagne ne nous a pas du tout rassurés. Derrière, on connaît la suite, notre défense s'est un peu effritée et nos adversaires en ont profité.  

Sur vos cinq rencontres, vous n'inscrivez que sept essais. C'est peu. Est-ce la preuve d'un manque d'inspiration offensive ?

J.C: Je ne pense pas, je crois que la météo y est pour beaucoup. On a un jeu qui consiste à faire courir nos adversaires pour les fatiguer et créer des brèches, mais si les transmissions sont compliquées, ça ralentit tout. Du coup, ce sont les équipes puissantes qui en profitent. 

Quel a été le discours du staff de l'équipe de France à l'issue de ce tournoi ?

J.C: Il y a eu beaucoup de déception à chaud parce qu'il ne faut pas se le cacher, ce tournoi est raté, comme celui de Dubaï. Maintenant on ne gagne pas toujours, et il faut construire à partir de nos erreurs. Il y a des tournois qui nous ont prouvé que nous pouvions y arriver. Il faut avancer, c'est tout. 

Au Japon, pour le prochain tournoi (22-23 mars), vous affronterez Fidji et Samoa en poules, avec les Etats-Unis. Que pensez-vous de ce tirage ?

J.C: Je crois qu'il est plus ouvert que celui de Wellington. J'espère que la frustration de ce dernier tournoi va nous filer les crocs pour préparer Tokyo avec une certaine rage. Nous allons normalement récupérer des joueurs, il va y avoir de la concurrence, et ça va donner un élan. 

Notre classement actuel n'est pas à la hauteur de notre vrai niveau

Qu'espérez-vous des quatre derniers tournois restants cette saison ?

J.C: Le maintien doit être assuré. Ensuite, nous sommes tous des compétiteurs, et même si parfois nous sommes dans un jour sans, nous n'aimons pas perdre. Notre objectif est d'avoir un classement qui soit à la hauteur de notre vrai niveau, ce qui aujourd’hui, n'est pas le cas (10e place du circuit, NDLR). 

Blessés, Terry Bouhraoua, Vincent Deniau et Jean-Baptiste Gobelet étaient absents pour ces deux tournois. Représentent-ils un gros manque à l'équipe ?

J.C: Ce sont des joueurs expérimentés qui apportent chacun quelque chose de différent. La puissance de Vincent ou Jean-Baptiste aurait peut-être pu nous apporter, la vitesse de Terry également. Mais il faut faire face à ces impondérables, et faire en sorte que le groupe ne soit pas dépendant de certains joueurs. 

A 33 ans, vous faites partie des joueurs les plus âgés et expérimentés du groupe. Quel est votre rôle dans celui-ci ?

J.C: Je suis le plus âgé de l'équipe, peut-être même du circuit. Mon rôle est de montrer l'exemple, tirer les jeunes vers le haut. C'est une mission que je m'impose même si je suis un enfant de temps en temps. Les nouveaux comme Arthur Roulin ou le jeune Sekou Makalou doivent se sentir à l'aise rapidement pour ne pas être trop en marge. Je n'ai jamais été un leader de terrain, pour ça, il y a des joueurs comme Vincent Deniau ou Manöel Dall'Igna. Mais j'aime mettre les gens à l'aise. 

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