Skrela: "A XV, Vakatawa peut aider à faire grandir le VII"

  • Virimi Vakatawa, membre de l'équipe de France à 7 et du XV de France
    Virimi Vakatawa, membre de l'équipe de France à 7 et du XV de France
  • Jean-Claude Skrela, ancien sélectionneur du XV de France
    Jean-Claude Skrela, ancien sélectionneur du XV de France
  • Jean-Claude Skrela, manager de l'équipe de France à 7
    Jean-Claude Skrela, manager de l'équipe de France à 7
  • Les Bleus du 7 après leur exploit face aux Fidji - 13 décembre 2015
    Les Bleus du 7 après leur exploit face aux Fidji - 13 décembre 2015
Publié le Mis à jour
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RUGBY A 7 - Au moment de fixer l'entretien, le manager des Bleus du VII nous avait prévenu en rigolant: "Ça tombe bien, j'ai des choses à vous dire !" Sur la route de Rio, Jean-Claude Skrela balaie tout, entre la troisième place au Cap lors de la première tournée mondiale en décembre, l'appel de Virimi Vakatawa avec le XV de France, ou encore le renfort des quinzistes du Top 14.

Voir France 7 ainsi au centre des attentions doit déjà vous satisfaire ?

Jean-Claude SKRELA: Ce qui me motive, c'est de mettre tout le monde en ordre de marche pour aller chercher une médaille (aux Jeux olympiques, NDLR). Là, on a fait une bonne tournée pour laquelle on s'était bien préparé, et où on avait décidé de partir avec nos joueurs uniquement, malgré des blessures. Ces performances sont d'autant plus intéressantes qu'on s'est envolé avec des jeunes qui viennent de signer leur premier contrat professionnel (Sacha Valleau et Alexandre Gracbling). Nous sommes peut-être au centre des attentions mais il faut garder la tête froide. Le Top 14 est lui déjà bien avancé mais pour nous, ce n'est que le début de la saison.

Voulez-vous dire que, pour la première fois, vous voyez en cette équipe les capacités d'un podium ?

J-C.S: Ce n'est pas la première fois, non. Mais à la différence des précédentes, aujourd'hui, j'ai la conviction – à la vue de cette tournée et dans la lignée du championnat d'Europe - que nous avons enfin une équipe et pas une sélection, ce qui n'était pas forcément le cas jusqu'au mini-clash que nous avons eu la saison passée (préalable aux remaniements dans le groupe).

Jean-Claude Skrela, ancien sélectionneur du XV de France
Jean-Claude Skrela, ancien sélectionneur du XV de France
Il y a un message à faire passer aux jeunes qui hésitent à venir à VII : c'est qu'ils pourront toujours jouer à XV

S'il est retenu pour le stage du XV de France en vue du Tournoi, Virimi Vakatawa vous manquera (au moins) à Wellington. Le laisser (temporairement), est-ce la preuve d'une sérénité nouvelle ?

J-C.S: Il reste un élément très important, moteur au sein du groupe. Mais aujourd'hui, je pense que le laisser partir à XV peut aider l'environnement rugbystique français à prendre la mesure des JO. Et s'il peut aider à faire grandir le VII dans le monde du XV - comme il en fut en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis ou au Canada où des professionnels du sept ont disputé la Coupe du monde à quinze -, il ne faut pas empêcher ça. J'espère que ça rejaillira sur toute l'équipe de France de VII. Il a un devoir vis-à-vis de ses équipiers.

Sur le long terme, vous voulez donc faire passer le message des liens possibles entre le VII et le XV à travers son exemple, et qu'il participe à la reconnaissance de France 7 ?

J-C.S: Ça, on la gagnera si on gagne une médaille. Par contre, il y a un message à faire passer aux jeunes qui hésitent à venir à VII : c'est qu'ils pourront toujours jouer à XV. La formation à VII reste une formation de rugby d'abord. Jonathan Laugel est l'un des meilleurs du monde à son poste, Steeve Barry est un élément clé de notre équipe, Stephen Parez enchaîne les bonnes performances, Alexandre Gracbling et Sacha Valleau sont tout aussi encourageants. Et tous espèrent un jour repartir à XV. Vis-à-vis d'eux, "Viri" a un double challenge. Mais il ne faut pas que ça le perturbe non plus, qu'il ne se mette pas trop de pression.

Comment s'est justement passée la convocation de Virimi Vakatawa ?

J-C.S: C'est Guy Novès qui est venu m'en parler. Serein et calme, l'échange n'a pas traîné. Je lui ai dit "OK" assez vite. Je l'avais déjà fait avec Philippe Saint-André, il y a une opportunité à saisir pour "Viri" et pour nous. Là, on verra s'il fait un match. Mais il a l'opportunité d'être le premier à porter les deux maillots nationaux (en même temps). Et ce que lui veut, c'est jouer. Donc si jamais il n'est pas retenu pour le stage ou pour l'Italie, il nous rejoindra de suite en tournée.

Jean-Claude Skrela, manager de l'équipe de France à 7
Jean-Claude Skrela, manager de l'équipe de France à 7
Malgré tout ce qu'on peut parfois dire sur moi, j'ai de bons contacts avec les présidents et les entraîneurs de clubs

Si tout se passe pour lui avec le XV de France pendant le Tournoi, où fixerez-vous les barrières pour le faire revenir avec le VII ?

J-C.S: Il ne faut pas aller plus vite que la musique et il devra déjà être performant dès le début, mais qu'il fasse tout le Tournoi ne serait pas dérangeant. Parce qu'après, il nous restera deux tournées et trois mois de préparation avec les championnats d'Europe au milieu. Pas question par contre, de partir en tournée en juin pour ceux qui postuleront aux JO. Il y a des priorités ! Cependant, le calendrier du circuit nous arrange. Et Virimi a l'opportunité de montrer qu'on peut jouer en Bleu à XV avec un contrat fédéral que j'ai toujours défendu pour l'intérêt du rugby – et sur l'exemple de nombreuses autres nations comme dans le Sud ou chez les Celtes. L'échec des Français et des Anglais à la Coupe du monde n'est pas anodin. Mais ici, il nous faut cinq ans pour réagir...

A court terme, craignez-vous néanmoins que Vakatawa manque à France 7 à Wellington et Sydney ?

J-C.S: Si ça m'avait sérieusement inquiété, je n'aurais pas dit oui. On a bien joué le championnat d'Europe sans lui. Le niveau sera différent, mais Fulgence Ouedraogo et Romain Martial – qui nous renforcent – peuvent aussi nous apporter beaucoup. Virimi est sublime à des moments, mais il ne joue pas toutes les rencontres en entier. Et puis, il ne laisse pas de vide. Sans lui, on ne joue pas à 6. Mais si on réussit en son absence, ça nous fera encore grandir ! Il reste des marches à monter.

En clair, vous espérez aussi que les renforts de Top 14 le remplacent en puissance et en vitesse ?

J-C.S: Les deux entrants vont bien sûr apporter leurs qualités. Si Romain est par exemple en pattes, il a aussi de quoi faire beaucoup de mal à de nombreuses défenses... Et puis j'espère également que Damien Cler pourra jouer les deux tournois (il était malade au Cap) pour confirmer ce qu'il a fait à Dubaï, à l'image de cet essai offert à "Viri" sur un superbe offload en tombant, après avoir cassé un plaquage et passé deux autres défenseurs néo-zélandais. C'est tout ça que je veux revoir. Les joueurs doivent confirmer.

Pour faire revenir Martial et Ouedraogo, avez-vous dû mener un long travail ?

J-C.S: C'est mon job de voir les clubs, les entraîneurs, leur évoquer ce qu'on fait. Pour parler d'eux, leurs présidents savaient qu'ils avaient disputé la qualification européenne avec nous et qu'ils étaient partants pour revenir dans la saison afin de postuler pour la sélection aux Jeux. Malgré tout ce qu'on peut parfois dire sur moi, j'ai de bons contacts avec eux. De repos le jour où je suis venu à Montpellier, Jake White est notamment revenu au club alors que Christophe Urios, lui, est même descendu à Toulouse pour échanger. Ils m'ont étonné en m'expliquant qu'ils suivent beaucoup le VII. Ces échanges avec les responsables de clubs, que j'ai déjà connus lorsque j'étais sélectionneur du XV de France, nécessitent surtout de la réflexion en amont pour présenter les choses au mieux. Par ailleurs, j'espère que ces deux-là pourront également être libérés pour le tournoi de Paris, au même moment que la finale de la Coupe d'Europe (14-15 mai).

Les Bleus du 7 après leur exploit face aux Fidji - 13 décembre 2015
Les Bleus du 7 après leur exploit face aux Fidji - 13 décembre 2015
Nous sommes aujourd'hui en pleine lumière, et il nous faut le vivre pleinement, tout en restant lucides

Outre Rémy Grosso (toujours blessé), doit-on s'attendre à d'autres tests dans les prochains mois ?

J-C.S: Les profils que nous recherchions sont effectivement plutôt en hauteur et en puissance. Le reste, on a en stock. Mais on veut doubler ou tripler les postes. Alors, s'il y a des pépins, peut-être irons-nous en chercher d'autres mais pour l'instant, pas question d'anticiper trop loin. On en a quand même 18 sur la ligne de départ pour 12 retenus à l'arrivée, et avec la troisième place obtenue en Afrique du Sud, on veut d'abord continuer à cimenter notre équipe.

Après cette tournée plus qu'encourageante, quel discours avez-vous tenu au groupe ?

J-C.S: Il est très simple : nous sommes aujourd'hui en pleine lumière, et il nous faut le vivre pleinement, tout en restant lucides. Je leur ai parlé ce (mercredi) matin du battage médiatique qui a débuté et auquel on s'attend. Il nous faudra surtout rester une équipe et se concentrer sur notre job afin de prolonger la dynamique. Sur un tournoi, ils se sont montrés capables de monter sur le podium. Ça faisait longtemps ! Mais maintenant que sommes au carrefour de la communication – que nous souhaitions -, il faut confirmer. Parce que leur marge de progression est encore énorme !

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