Faugeron: "Le rugby à sept est un sport qui me passionne"

  • Didier Faugeron va tenter de sauver le club de Massy, dernier de Pro D2
    Didier Faugeron va tenter de sauver le club de Massy, dernier de Pro D2
  • Didier Faugeron - Bayonne - 3 mars 2012
    Didier Faugeron - Bayonne - 3 mars 2012
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Ancien ailier de Brive, mais aussi entraîneur au même titre au CAB, tout comme à Agen, Massy, au Stade français, Bayonne et Biarritz, Didier Faugeron a également évolué à sept, que ce soit comme joueur ou dans le staff. Actuellement sans club, "La Fauge" est revenu sur la future concrétisation de nouveaux projets en 2015 ainsi que sa passsion pour le Sevens.

Didier, quelles sont vos occupations actuellement ?

Didier FAUGERON: (rires)... Pour le moment, il n'y en a pas ! Comme je récupère assez vite, on va dire du repos un peu forcé. Le repos fait du bien car il est vrai que les situations de vie sont parfois usantes. J'en ai connu plusieurs et à chaque fois, on est dans un investissement total avec pratiquement du 24h/24 et du 7 jours/7 en dépensant une incroyable énergie. On fait l'équivalent de cinq-six saisons en deux ! Après, il est vrai que de passer d'une activité totale à plus rien, ce n'est pas chose aisé surtout mentalement. On est accroc et on devient vite en manque.

Avez-vous des pistes au niveau du Top 14 ou de la Pro D2 pour la saison prochaine ?

D.F: Non, aucune.

Jean-Claude Skrela m'avait déjà sollicité il y a quelques mois pour venir épauler Fred Pomarel

Est-il vrai que vous êtes pressenti pour intégrer le staff de l'équipe de France à 7 pour épauler Frédéric Pomarel ?

D.F.: Déjà, le rugby à 7 est un sport qui me passionne même s'il est différent du XV. Il fait partie de ma vie et de mon parcours rugbystique puisque j'ai eu la chance de le pratiquer en équipe de France grâce à un Président qui me libérait pour participer à différents tournois (de 1984 à 1995) et à la première Coupe du monde. J'en ai été également le capitaine pour finir entraineur de l'équipe de France pendant un an. C'est un sport en plein essor qui correspond parfaitement à ma vision des choses.

Avez-vous donc été contacté par la Fédération Française de Rugby ou par le staff de France 7 ?

D.F.: Oui, par la Fédération plus précisément Didier Retière son DTN (Directeur Technique National) pour intervenir auprès des jeunes de l'équipe de France des moins de 19 ans à XV car cela m'intéresse également. Jean-Claude Skrela (Manager de France 7) m'avait déjà sollicité il y a quelques mois pour venir épauler Fred Pomarel (actuel entraineur de France 7, ndlr) mais j'avais fais le choix de partir entrainer le Biarritz olympique. C'est encore au conditionnel car rien n'est signé et j'attends donc le retour définitif de Didier Retière et Jean-Claude Skrela courant janvier à ce sujet.

Il y aura sans doute des décisions à prendre mais on doit être capable de monter et préparer une équipe de France pour battre les Britanniques

Parlons du début de saison que vit l'équipe de France masculine en circuit mondial. La qualification pour les Jeux Olympiques 2016 est rudement difficile...

D.F.: Très difficile. Cela va être très compliqué de finir dans les quatre premiers même pour l'Angleterre, plus précisément la Grande-Bretagne. L'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, les Fidji et l'Australie qui se prépare bien avec une équipe très performante trustent les places pour la qualification directe. Ce qui signifie donc que l'on va retrouver cette formation anglo-saxonne pour le championnat d'Europe qui est le plan B pour la qualification aux JO de Rio en 2016. Il va falloir se préparer à battre cette équipe britannique lors du tournoi européen, ce qui est possible. Ce sera le principale adversaire de l'équipe de France. Il y aura sans doute des décisions à prendre mais on doit être capable de monter et préparer une équipe de France pour battre les Britanniques, il n'y a pas de raison.

On parle éventuellement d'un plan C si l'équipe de France venait à échouer sur les deux premiers. Éclairez-nous à ce sujet...

D.F.: C'est à dire qu'il y aura encore un brassage mondial et que seule l'équipe victorieuse de ce dernier remporta le dernier ticket pour aller aux Jeux Olympiques. Là aussi, ce sera compliqué car de bonnes équipes comme le Kenya, le Canada, les Etats-Unis...pourraient y figurer.

Les championnats professionnels à XV seront terminés donc serait-il judicieux de récupérer des joueurs talentueux correspondant à la pratique de haut niveau du Sevens tels des Vincent Clerc, Jean-Marcelin Buttin, Sofiane Guitoune, etc... pour aller chercher cette qualification ?

D.F.: Vincent Clerc, je n'y crois pas trop. Mais il y a des profils de joueurs qui donneront sans doute un coup de main et on sera capable de rehausser le niveau de l'équipe.

Didier Faugeron - Bayonne - 3 mars 2012
Didier Faugeron - Bayonne - 3 mars 2012
Le rugby à 7 est très bénéfique à la fois physiquement mais aussi mentalement. Et quand le joueur revient dans son club, c'est tout bonus pour les deux parties

Malgré les nombreux supporters de l'équipe de France à 7, beaucoup disent que nous avons des joueurs qui n'ont pas le niveau et que beaucoup sont venus par défaut car exclu du Top 14. Partagez-vous ces jugements ?

D.F.: Pas complètement car il y a vraiment des joueurs qui adorent le rugby à 7. Après, il est compliqué de faire évoluer et de préparer le Sevens quand on est engagé dans le Top 14. Il y a peu de places donc forcément, il a fallu partir de quelque chose. Avant, il n'y avait rien de fait et il était compliqué de monter une équipe. Je peux facilement en parler car je l'ai vécu. Entre l'équipe qui était convoquée par la Fédération pour préparer un tournoi et celle qui partait, il y avait 80% de joueurs qui n'étaient pas prévus au départ. Après, la France n'a pas une culture du rugby à 7 comme peuvent l'avoir les pays anglophones.

Il faut préparer une équipe compétitive et s'appuyer sur du concret. Le concret, par exemple, c'est de faire évoluer des jeunes des moins de 20 ans qui ont pour la plupart, des qualités pour le Sevens. En termes de développement des qualités physiques et techniques, c'est quelque chose d'exceptionnel. A l'image de ce qui se fait chez les jeunes des nations de l'hémisphère sud. Il faut enrichir notre équipe avec des talents et de véritables profils de joueurs à 7 pour se qualifier.

J'entends votre discours mais comment enrichir cette équipe et attirer des joueurs quand on sait qu'ils gagnent beaucoup plus d'argent dans le Top 14 et sont médiatisés chaque weekend ?

D.F.: Pour moi, il y a deux solutions : il y a des joueurs à prendre sous contrat car il faut enrichir le groupe pour participer aux différents tournois. Ensuite, il y a le dialogue avec les différents entraineurs de Top 14. Quand on regarde les effectifs de certains clubs, certains joueurs ne jouent pas ou font des séances de physique supplémentaires le weekend lorsqu'ils sont absents des feuilles de match. Et pour certains, cela dure plusieurs semaines. Donc autant utiliser ces joueurs-là pour faire du Sevens. Cela leur amènera autant sinon plus que de faire du foncier ou de jouer en moins de 23 ans.

Il n'est pas question de prendre trois-quatre joueurs dans un même club mais plutôt de voir avec l'entraineur ce qu'il est possible de faire car libérer un sportif pour jouer, c'est ce qu'il doit y avoir de plus important pour lui. Et puis, faire un tournoi de 7 remplace largement des séances d'entretien physique. Il te permet de retrouver de la confiance car le joueur va jouer libéré, vivre différentes situations de jeu et cela va lui permettre de tenter davantage de choses. Le rugby à 7 est très bénéfique à la fois physiquement mais aussi mentalement. Et quand le joueur revient dans son club, c'est tout bonus pour les deux parties.

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