La machine Hooper devait s'arrêter

Par Rugbyrama
  • Michael Hooper (Australie)
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Publié le Mis à jour
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RUGBY CHAMPIONSHIP - Michael Hooper quitte le groupe australien pour protéger sa santé mentale. Le capitaine des Wallabies "ne sent pas capable" d’endosser la responsabilité de son statut un match de plus. La machine dit stop.

C’est un monstre sacré du rugby mondial. Depuis sa première sélection en juin 2012 face à l’Écosse, Michael Hooper a endossé 121 fois le maillot doré. Leader incontesté des Wallabies, le flanker est devenu capitaine de sa sélection en 2017 après la retraite de Stephen Moore. Depuis cinq années, le troisième ligne des Waratahs porte sur son dos les lourdes responsabilités du capitanat de l’une des plus grandes nations mondiales. Incontestable combattant, Hooper n’est aujourd’hui "plus capable" de remplir son rôle "avec l’état d’esprit" qui est le sien à la veille du Rugby Championship. La machine australienne est usée.

Hooper a disputé chaque rencontre des Wallabies en tant que titulaire depuis juillet 2015. À 30 ans, le flanker australien a pris la décision forte de rentrer au pays vingt-quatre heures avant la plus grande compétition de l’année pour le XV de Dave Rennie. "Il s’est entraîné et a contribué au bien de l’équipe de manière excellente. Mais il est clair qu'il a un peu lutté et qu'il le masque assez bien. Cela a atteint son paroxysme hier soir et il a eu le courage d'appeler notre docteure et de discuter avec elle, ce qui a ensuite impliqué que j’intervienne pour bien comprendre la situation" explique le sélectionneur. Côté sportif, l'Australie perd un nouveau cadre après la blessure de Samu Kerevi. En difficulté devant face à l'Angleterre, lors de la dernière tournée d'été, les Wallabies perdent surtout un maître du grattage et un "impact player" diabolique.

Michael Hooper (Australie)
Michael Hooper (Australie)

Un contexte de libération de la parole

La décision de Michael Hooper intervient dans une ère où le rugby n’a jamais été aussi médiatique et professionnel, et où les langues ne se sont jamais autant déliées à propos de la santé mentale des joueurs. En France, Jordan Michallet, ouvreur de Rouen s'était suicidé en janvier dernier. Sa femme, Noélie, avait alors sonné l'alerte au micro de Canal +. "Aucun joueur n’ose en parler. C’est un milieu où l’on doit toujours être fort, on doit toujours donner le meilleur de soi-même. On peut jouer avec des blessures mais on continue de jouer, on peut avoir des douleurs extrêmes pendant les matchs mais on ne s’autorise pas à sortir du match".

Mathieu Bastareaud et Marie-Alice Yahé, deux anciens internationaux, avaient fait part du mal-être qu’ils avaient pu ressentir à certains moments de leur carrière. Mais pour la première fois, un capitaine d’une nation majeure en activité dit stop avant un tournoi capital. Un acte fondateur qui pourrait amener d’autres joueurs à se protéger et ne pas jouer une rencontre.

Par Clément LABONNE

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