"J'ai été très maladroit mais...", Cudmore s'explique après son éjection de la fédération canadienne

  • Jamie Cudmore
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Il y a deux mois, Jamie Cudmore était licencié par la fédération canadienne pour une série de tweets particulièrement hostiles envers la sélection féminine à 7. Il s'explique...

Jamie, vous avez récemment été licencié de la fédération de rugby canadienne...

(il coupe) J'aimerais déjà resituer les choses dans leur contexte. De 1995 à 2005, la formation canadienne a été plutôt efficace et engendré beaucoup de joueurs pros : Morgan Williams, Mike James (ex Stade français, N.D.L.R.), John Tait (ex Brive, N.D.L.R.) ou moi-même étions d'ailleurs tous passé par là. En 2005, cette structure s'est brutalement arrêtée pour laisser place à du rugby universitaire, l'équivalent de la division Honneur chez vous. Il y a trois ans, je suis donc rentré au pays afin de relancer l'académie et, parallèlement à ça, devenir l'entraîneur des avants de la sélection, aux côtés de Phil Mack (ancien de mi de mêlée des Ospreys et du Canada, N.D.L.R.).

On vous suit.

Nous avons créé un centre d'entraînement super pro, avec une salle de muscu de 2000 mètres carrés, une salle vidéo, un magnifique terrain synthétique. Très vite, on a placé vingt-cinq de nos joueurs en Major League (le championnat professionnel américain, N.D.L.R.) et trois autres en France. En fait, on a créé un environnement aidant les meilleurs canadiens à intégrer le rugby de haut niveau.

Dès lors ?

Les soucis ont démarré en octobre 2020. John Tait, un de mes proches, était alors entraîneur de l'équipe nationale de rugby à 7 féminin. Une équipe pour laquelle le gouvernement avait débloqué 10 millions de dollars canadien (7 millions d'euros, N.D.L.R.) afin de lui permettre de bien figurer aux JO de Tokyo. Le jour où les JO ont été repoussés d'une année, plusieurs joueuses sont allées le voir en lui disant : "Je veux que tu me promettes que je ferai partie de l'équipe à Tokyo, l'an prochain". Mais comment pouvait-il en être sûr ? Ce n'est pas ça, le sport pro ! John (Tait) a dit non et du coup, les filles les plus toxiques du groupe ont demandé sa tête, via une lettre anonyme, au chef exécutif de Rugby Canada, Allan Vansen. Dans la foulée, John Tait a été poussé à la démission. Il était accusé de harcèlement...

Le harcèlement était probablement avéré...

L'instance "Sport Canada" a enquêté pendant trois mois et n'a rien trouvé contre John Tait ! Rien ![...] Toutes les séances d'entraînement avec lui et les filles avait été filmées et rien n'a été constaté d'anormal dans ses méthodes ! Pourtant, six mois avant le début des Jeux Olympiques, il a été poussé à la démission par la fédération canadienne.

Venons-en à votre cas, Jamie. Au jour où les filles du 7 ont été éliminées à Tokyo, vous avez commis uns série de tweets particulièrement déplacés à leur encontre : vous avez ironisé sur cette élimination ("le karma est une salope !") et sur le surnom de l'équipe féminine, "les survivantes" ("survivantes, mon cul !"). Pour défendre votre ami John Tait, vous avez clairement franchi la ligne rouge...

J'ai été très maladroit, je l'avoue. Mais d'avoir vu John Tait et sa famille détruits par cinq filles très toxiques, d'avoir vu le Canada terminer la compétition olympique à la neuvième place, ça m'a foutu hors de moi. Tout ce que j'ai dit, c'était la vérité mais ce fut très maladroit, je le conçois.

Que s'est-il passé, après ?

Le chef exécutif m'a convoqué. Je lui ai dit que je n'étais pas d'accord avec la façon dont il avait géré la situation avec John Tait. Mon aventure à Rugby Canada s'est terminée peu après.

Vous vous êtes malgré tout excusé pour ces tweets...

Oui, c'était la moindre des choses. Mon problème, c'est que j'utilise les réseaux sociaux de la même façon que je jouais au rugby : je vais tout droit, sans pitié. J'aurais dû être plus fin.

Avez-vous été menacé après vos tweets ?

Oui, par quelques cowboys planqués derrière leur clavier... Mais ils n'ont pas été plus loin que les paroles, je vous l'assure...

Que faîtes-vous, aujourd'hui ?

Je continue d'aider l'académie de Rugby Canada en tant que bénévole. Je n'allais pas arrêter comme ça. J'ai aussi monté, avec des amis d'enfance, un gros business de travaux publics. Je vis bien et je pourrais continuer ainsi jusqu'à la retraite. Mais j'aime le rugby, j'aime entraîner et serai toujours intéressé par une aventure de coach, en France.

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