Comment le père de la mêlée japonaise s’est inspiré des piliers français

Par Rugbyrama
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  • International - Shin Hasegawa et Didier Retière.
    International - Shin Hasegawa et Didier Retière.
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INTERNATIONAL - Si la mêlée japonaise est aujourd’hui devenue intraîtable, c’est aussi parce que son actuel patron, Shin Hasegawa, s’est inspiré des meilleurs piliers français. Voici comment…

Au sujet de la mêlée japonaise, il y a déjà ce que nous contait récemment Peato Mauvaka, le talonneur des Bleus : " Dans ce secteur, les Japonais sont les meilleurs. En mêlée, les mecs se lient comme des " Lego ". : ils sont soudés, super bas et peuvent rester une heure comme ça. Honnêtement, je ne comprends pas qu’il n’y ait pas plus de piliers japonais en Top 14. En mêlée, ce sont des monstres. " Il y a aussi ce que l’on a constaté de nos propres yeux samedi dernier, à Toyota, au fil d’un premier test largement remporté par les Bleus (43-22) mais où la mêlée tricolore eut parfois du mal à contrecarrer les plans japonais. Le père de la mêlée nippone ? Il se nomme Shin Hasegawa, compte 40 sélections en équipe nationale au poste de pilier et demeure, depuis 2015, l’entraîneur des avants japonais.

Pour lui, la révélation remonte en fait à ce jour de la Coupe du monde 2003, qu’il raconte ainsi : " Cette après-midi là, nous affrontions à Townsville (Australie) les Français et en face de moi, il y avait Yannick Bru, Jean-Baptiste Poux et Olivier Milloud. À droite, Poux me semblait très léger. Je pensais donc le dominer aisément".

Et alors, camarade ? "Ce fut pour moi une leçon de rugby. Je me suis senti pousser seul contre huit joueurs unis dans le même mouvement, faisant corps et développant une puissance que je ne pouvais pas imaginer. J’étais seul face à un océan et j’ai été emporté comme une plume. À ce moment-là, j’ai compris que je devais oublier tout ce que j’avais appris jusque-là et que je devais me rendre en France pour apprendre les secrets des meilleurs piliers de la planète ".

Servat, Bru, Collazo et Berbizier sont ses maîtres

Quelques années plus tard, Shin Hasegawa embarquait donc à ses frais pour un voyage au bout du monde, sans aucun contact sur place, sans parler un mot de Français ou d’Anglais et simplement accompagné là-bas d’un jeune traducteur de 19 ans. Dans l’Hexagone, Shin Hasegawa rencontra des dizaines de techniciens français, qu’ils se nomment Pierre et Philippe Berbizier, Didier Retière, Yannick Bru, Patrice Collazo, Didier Sanchez, Jean-Michel Gonzalez ou William Servat.

International - Shin Hasegawa et Didier Retière.
International - Shin Hasegawa et Didier Retière.

Des mois durant, il conversa, prit des notes, échangea avec les uns, filma les séances d’entraînement des autres et, une poignée de temps plus tard, revint en France cette fois-ci escorté des huit avants de son club (Yamaha Jubilo), lequel devint dans la foulée champion du Japon grâce à une mêlée pour le moins destructrice…

À la nouvelle unité japonaise en mêlée, Shin Hasegawa apporta ensuite sa touche, exigeant de ses piliers, par nature très souples, qu’ils poussent très bas et en " ailes d’avion " ; à tel point qu’aujourd’hui, la mêlée japonaise est probablement celle éjectant le plus rapidement ses ballons, au niveau international. Merci qui ?

Par Marc Duzan et Robert Verdier

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