Saga Haka - Épisode VI : l'émotion irlandaise
La crise sanitaire actuelle a contraint les autorités à stopper toutes les compétitions de rugby. L’occasion de se remémorer les grands moments de la plus mythique des traditions rugbystiques. Chaque jour, Rugbyrama vous propose de revenir sur les hakas les plus marquants. Aujourd’hui, l’émotion poignante des Irlandais, en hommage au défunt Anthony Foley, au moment du haka des Blacks.
Depuis le début de la Saga, on a pu constater que les nations ont rivalisé d’idées pour répondre au haka des Blacks, dans le but de les déstabiliser. Cette fois-ci, la réponse est d’un tout autre registre. Ni un défi, ni une provocation, la riposte faite de la part du XV du trèfle aura ému l’ensemble des amateurs de rugby. Si en 1989, les joueurs irlandais avaient été les pionniers dans la manière d’appréhender la mythique danse maori, en la défiant, ils sont également, en 2016, les premiers à utiliser le haka pour faire passer un message qui s’étend bien au-delà des frontières de ce sport.
World Rugby ayant décidé quelques mois avant l'événement de délocaliser la rencontre au Soldier Field de Chicago, enceinte pouvant accueillir plus de 60 000 spectateurs, ce match entre Irlandais et Néo-Zélandais se devait d’être une fête, entre deux des meilleures nations mondiales. C’était sans compter sur le drame survenu dans la nuit du 15 au 16 octobre 2016. Alors que la province du Munster s’apprêtait à rencontrer le Racing 92 dans le cadre de la Champions Cup, leur entraîneur en chef, Anthony Foley, s’éteint à 42 ans suite à un oedème pulmonaire. Une terrible nouvelle, aussi brutale qu’inattendue. Si de nombreux recueillements ont été fait depuis, à l’égard de cette figure emblématique du rugby celte, le plus prégnant reste néanmoins celui rendu par les joueurs de Joe Schmidt.
Un 8 en guise d’hommage
Foley avait arboré à 62 reprises le maillot de la sélection nationale durant sa carrière, le plus souvent avec le numéro 8 floqué dans son dos. Comment les Irlandais pouvaient-ils donc honorer la mémoire de l’ancien troisième ligne centre, pour leur premier match depuis son décès ? Si plusieurs possibilités étaient envisageables, celle choisie s’est révélée mémorable, au vue de l’impact qu’elle a pu avoir.
C’est durant le célébrissime Kapa o Pango, réalisé ce jour-là par les Blacks et emmené par le demi de mêlée remplaçant TJ Perenara que les joueurs du XV du Trèfle se sont disposés en formant un 8 sur la pelouse, avec en tête de cette formation les quatre Munstermen présents dans le XV titulaire : Donnacha Ryan, CJ Stander, Conor Murray et Simon Zebo. Un choix délibéré de la part des "Boys in Green" à en croire le capitaine Rory Best. "Pour nous c’était la bonne chose de placer les garçons du Munster au premier rang, pour qu’ils conduisent ce 8, c’était la bonne chose à faire afin de montrer notre respect à Axel et sa famille." L’esprit de Foley a plané tout le long de cette rencontre et aura galvanisé les troupes irlandaises, avec pour conclusion une performance historique.
.@IrishRugby standing in a figure 8 while the Haka took place in tribute to Axel. #NZLvIRE pic.twitter.com/zVUc32kUGb
— Munster Rugby (@Munsterrugby) November 5, 2016
Une victoire retentissante
Si l’hommage rendu est immense, il sera, en plus, couplé à une victoire des Irlandais sur les Blacks. La première de son histoire dans une opposition qui a démarrée...en 1905 ! Un succès dû en grande partie à ce supplément d’âme donné par cette atmosphère si pesante avant le début du match. Sur les cinq essais inscrits par les joueurs irlandais, trois ont été aplatis par des joueurs du Munster (Stander, Murray et enfin Zebo).
"C’était le premier match de l’équipe nationale depuis la mort d’Axel (surnom d’Anthony Foley), nous devions de faire quelque chose. Il y avait beaucoup d’émotion, cela a porté les gars du Munster." Cette nouvelle déclaration de Best, après la rencontre, met en évidence l’impact que l’hommage a eu sur le match. La fin de la série noire étant actée, les Irlandais se souviendront longtemps de ce 5 novembre 2016, une journée alliant tristesse et joie. L’essentiel étant d’avoir rendu fier Anthony Foley, à coup sûr l’homme de cette partie.
Par Thibaud Gouazé
Crédit photo : The Sun
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?