Foden, un Anglais dans la "Big Apple"

  • Ben Foden (Rugby United New York)
    Ben Foden (Rugby United New York)
  • Stade New York
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INTERNATIONAL - L'international anglais est le premier joueur de renom à avoir opté pour New York. Rencontre.

À deux jours d’un rendez-vous historique, Mike Tolkin, l’entraîneur de Runy, la franchise new yorkaise, n’a rien changé au programme habituel. Ce mercredi soir, quarante-huit heures avant le premier match professionnel de rugby à New-York, il a donné rendez-vous à ses joueurs à l’Icahn Stadium, situé sur Randall’s Island, juste en face de Manhattan côté East River. Ici, le confort est sommaire. Les cinq rangs de tribunes métalliques font office de vestiaire, le terrain est un synthétique première génération, probablement pas homologué en Europe pour jouer au rugby.

Surtout, il est occupé par une équipe de "soccer" du quartier qui ne se préoccupe pas de savoir qu’à partir de 19 heures, le créneau horaire est alloué à la première équipe professionnelle de rugby, évoluant au cœur de "Big Apple". C’est dans ce contexte qu’on a retrouvé Ben Foden, 34 sélections avec le XV de la Rose et champion d’Angleterre en 2011 avec Northampton. Une incongruité pour un joueur encore courtisé en Europe ? "J’avais besoin de me réinventer, de ramener de l’excitation dans mon rugby, rétorque-t-il. Je n’avais connu que Northampton et la Premiership, ça avait duré dix ans. Le moment était venu d’aller voir ailleurs." Jusque-là, rien d’anormal. La suite, elle, est plus atypique.

"Pour le recrutement j’ai fait jouer mon réseau, raconte James Kennedy, le propriétaire de Runy. En Irlande, j’ai appelé Jerry Flannery, Shane Horgan. Mais la signature de Ben (Foden), c’est grâce à Alex Corbisiero." L’ancien international anglais, dont le père est américain, est né dans le Queens, à New York. Aujourd’hui, il est le consultant vedette pour la télévision locale qui diffuse la MLR. "C’est lui qui m’a dit que Foden voulait venir à New York, reprend Kennedy. Il a fait le lien et Ben est arrivé avec sa femme et ses enfants pour qu’on se rencontre. Je lui ai dit qu’on n’avait pas de stade, pas vraiment de terrain d’entraînement. J’ai été honnête avec lui. Et il m’a dit ok, on va construire ensemble."

Stade New York
Stade New York

Pour Foden, formé à Sale, c’est un choix de vie. Rien à voir avec une opération financière – la MLR n’est pas encore un eldorado – même s’il jouit de deux contrats, le premier pour jouer, le second pour entraîner. "J’essaie de faire grandir les jeunes rugbymen américains", souligne-t-il. Mais ce qui l’a séduit, c’est évidemment de vivre au cœur d’un mythe. "Cette ville est dingue, s’enthousiasme-t-il, ça va mille fois plus vite qu’à Londres, où tout est pourtant assez électrique ! Le potentiel économique et humain est énorme. En Angleterre, on est 50 millions dans le pays ; rien qu’à New York, il y a déjà 12 millions d’habitants. Vous imaginez le truc ? On pourrait, avec un peu d’imagination, remplir des stades de 50 000 ou 60 000 personnes tous les week-ends. Ça ressemblerait à la folie du foot anglais ! À New York, la seule limite, j’ai l’impression que c’est le ciel…"

Un pionner

Dans la ville qui ne dort jamais, Ben Foden vit finalement seul. Quelques semaines après avoir dit oui à James Kennedy, son épouse, Una Healy, star de la chanson dans les Îles Britanniques, l’a quitté après six ans de mariage et deux enfants. La cause ? La presse anglaise a dévoilé que le rugbyman de 33 ans avait trompé sa femme quelque temps plus tôt avec une jeune attachée de presse. "Il le vit plutôt bien, croit savoir James Kennedy. On en a parlé un peu ensemble." Et ce dernier d’ajouter, sur un trait d’humour potache : "Je lui ai dit qu’on allait communiquer sur son homosexualité. Ici la communauté gay est nombreuse. Et si j’ai un joueur homo dans l’équipe, on va vendre beaucoup de billets."

Vous l’aurez compris, Ben Foden est la tête d’affiche aujourd’hui du rugby new-yorkais. D’autres pourraient bien suivre ses traces. "Steffon Armitage a eu des contacts ici par exemple, annonce Foden. Le rugby américain a besoin d’ambassadeurs et en trouvera, j’en suis sûr." James Kennedy aussi. "J’ai parlé l’été dernier avec Simon Zebo lorsque je suis passé à Paris, révèle-t-il. Ça l’intéresse. Il m’a dit de reprendre contact avec lui dans un ou deux ans." Mais bientôt les places seront chères. New York fait fantasmer, la MLR séduit. Foden, lui, aura été un pionnier.

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