Belie : "Nous avons préféré rentrer en France"

  • Mathieu Belie sous le maillot espagnol
    Mathieu Belie sous le maillot espagnol
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CORONAVIRUS - Le joueur d’Alcobendas, Mathieu Belie, un club de première division espagnole, dans la banlieue de Madrid, nous décrit le chaos de l’autre côté des Pyrénées.

"En Espagne, les choses se sont détériorées plus vite qu’en France même si, au départ, il faut reconnaître que tout le monde le tournait en dérision et rigolait un peu du lavage de mains ou des masques. Mais la prise de conscience a réellement eu lieu en début de semaine dernière. Nous étions dans une période, pendant le Tournoi, avec deux week-ends sans match mais nous nous sommes entraînés normalement lundi et mardi. Puis la séance de mercredi a été suspendue et celle de jeudi annulée. Dans le même temps, les enfants (il est papa d’une fille et d’un garçon, N.D.L.R.) n’ont plus eu école à partir de mercredi.

Par la suite, plusieurs éléments nous ont conduits à prendre en considération la gravité de la situation. D’abord, notre entraîneur est policier à Madrid et nous a rapidement dit que cela craignait davantage que ce que l’on présageait. Je pense qu’il avait déjà des informations et il a voulu nous sensibiliser. Ensuite, le médecin du club est chirurgien et il a été réquisitionné en urgence. Il nous a envoyé un mail long comme le bras pour nous placer en alerte… Là, on a tous compris : "Bon d’accord, c’est inquiétant." De la même façon, la femme d’un joueur est infirmière dans un hôpital à Madrid et a expliqué à son mari que ce qu’elle voyait était incroyable et dramatique.

Quand on entend qu’il n’y a pas suffisamment de médicaments, de matériel et de places pour sauver tout le monde, ça fait froid dans le dos. Je ne sais pas les termes exacts mais le pays est passé en alerte générale, avec confinement et toutes sortes de précautions. Nous vivons à quatre dans un appartement de 90 mètres carrés à Madrid et nous avons donc préféré, avec ma femme, prendre la voiture dès vendredi pour rentrer à Perpignan, où vivent mes beaux-parents. Le temps de l’épidémie, on reste ici. Pour ce qui est du rugby, nous n’avons aucune nouvelle. Je sais juste que la finale de la Coupe du Roi, pour laquelle nous sommes qualifiés, devait se disputer le 26 avril et a été reportée en septembre.

Mais je ne vois pas trop comment le championnat pourrait reprendre. Chacun en est plus ou moins conscient. On bénéficie d’une sorte de programme d’entretien à réaliser à domicile mais ce sont des choses basiques (pompes, abdos, squat, etc.). Pour ce qui est des enfants, ils sont dans un collège international. C’est bien organisé et on reçoit tous les jours, sur un intranet, les devoirs à effectuer en fonction des leçons. Je suis passé de rugbyman à professeur. C’est quand même pas mal de boulot surtout que c’est la moitié en espagnol et l’autre moitié en anglais ! Je maîtrise les deux langues mais je ne suis pas complètement bilingue. Bref, il a bien fallu s’adapter."

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