Les joueurs en danger ?

Par Rugbyrama
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L'intensité rare du second test match entre les Lions et les Springboks a fait s'élever ici et là des questions sur l'intégrité physique des joueurs. Au delà des cadences imposés aux organismes tout au long de la saison, c'est bien l'évolution des gabarits qui semble poser problème.

Jean-Phillipe Hager, le médecin de l'équipe de France, a été l'un des premiers à tirer la sonnette d'alarme en faisant part de ses inquiétudes concernant la santé des internationaux tricolores. En effet, à la suite du second test-match contre la Nouvelle-Zélande à Wellington, l'agressivité observée dans les zones de rucks pouvait légitimement inciter à la réflexion: "Je crois qu'il va vraiment falloir qu'on réfléchisse au niveau de la règle et, par rapport au médical, savoir s'il faut continuer dans ce sens là parce qu'il me semble qu'à très haut niveau, actuellement, les rucks sont des phases très dangereuses pour les joueurs, expliquait-il. Le dernier match a été très engagé avec notamment des phases de rucks qui m'ont semblé être vraiment à la limite du raisonnable au niveau de ce que les joueurs peuvent encaisser."

Le troisième ligne Rémy Martin et l'entraîneur des avants Didier Retière avaient atténué ces propos en rappelant que, si l'engagement était effectivement plus intense qu'en Top 14, les joueurs professionnels sont préparés dans ce sens. Pourtant, la question se retrouve à l'ordre du jour suite aux déclarations de James Robson, le médecin des Lions, qui a lui aussi dressé un constat inquiétant.

L'ère du tout physique

Robson, qui a vécu en Afrique du Sud sa cinquième tournée avec les Lions, affirme qu'il n'a jamais assisté à des matchs aussi engagés. Effectivement le test de Pretoria, qualifié par certains de "boucherie", s'il fût magnifique, impressionna par sa brutalité et son engagement jusqu'au boutiste. Cinq joueurs des Lions finirent à l'hôpital au terme de la rencontre, ce qui fait craindre à Robson l'existence d'un déséquilibre entre la puissance et la technique: "Nous atteignons aujourd'hui un niveau où les joueurs sont trop gros par rapport à leurs capacités techniques. Ils sont devenus trop musclés, et trop surdimensionnés". Il est vrai qu'il existe une surenchère en ce qui concerne les gabarits des joueurs. L'évolution des mensurations si elle s'explique par le professionnalisme et la systématisation des préparations physiques, en dit long sur la course folle lancée au tout physique dans le rugby moderne. Faut-il être un surhomme pour jouer au haut niveau? Un Bernat-Salles aurait-il sa place sur les terrains du Top 14 aujourd'hui?

Les capacités physiques semblent en passe de supplanter les aptitudes techniques, ce qui à terme peut appauvrir le jeu, mais surtout peut faire passer les sélectionneurs à côté de joyaux, tout en technique mais ne se démarquant pas par leur dimension physique. Le médecin des Lions appelle de ses v&oeligux un retour aux sources du jeu: "Je pense qu'il est probable que nous assistions à des changements sur la stature physique des joueurs qui les ramèneraient en arrière, je l'espère en tout cas, de manière à rendre le jeu plus rapide et à introduire un plus haut niveau de technique."

Une réflexion de fond sur le sujet ne serait pas inutile. Les instances dirigeantes du rugby mondial devront prendre dans les années à venir leurs responsabilités, d'une part pour protéger les joueurs, mais aussi sous peine que le rugby ne devienne qu'un vulgaire combat entre body-builders.

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