Saga Haka - Épisode IV : les yeux dans les Blacks

Par Rugbyrama
  • Le duel entre les Blacks et le Français
    Le duel entre les Blacks et le Français
Publié le Mis à jour
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La crise sanitaire actuelle a contraint les autorités à stopper toutes les compétitions de rugby. L’occasion de se remémorer les grands moments de la plus mythique des traditions rugbystiques. Chaque jour, Rugbyrama vous propose de revenir sur les hakas les plus marquants. Aujourd’hui, la provocation pleine d'assurance des Bleus, en réponse au Ka mate, lors de la Coupe du monde, en 2007.

Quatrième volet de notre Saga, avec l’une des réponses les plus mythiques au haka réalisée par nos Français. Tout était réuni pour vivre un grand moment, ce soir-là, au Millenium Stadium de Cardiff, décidément habitué à vivre de grands moments lors du haka effectué par les Néo-Zélandais (voir l’épisode II). Tout d’abord l’enjeu, avec une place en demi-finale de Coupe du monde à la clé, qui plus est, au Stade de France. Double dose de motivation pour les Bleus, donc. Ensuite, cet air de revanche qui plane au-dessus de la rencontre, avec dans tous les esprits le succès des Bleus en demie de la Coupe du monde 1999.

Seule défaite des Blacks face à une Nation de l’hémisphère Nord dans la compétition, avant le match. Malgré les nombreux succès des Néo-Zélandais, depuis, la plaie reste encore ouverte et cette partie était l’occasion idéale de pouvoir la refermer. Malgré des signes encourageants à l’approche de la confrontation, le XV de France, lucide, savait bien qu’il se trouvait une nouvelle fois dans ce rôle d’outsider, qui lui réussit tant… C’est alors qu’une décision surprenante est prise en amont de l’événement, avec pour idée folle et saugrenue de gagner la rencontre avant même de l’avoir disputée.

Les cadres de l’équipe au coeur de cette inspiration

Guerre des nerfs, bataille psychologique… Toutes les expressions sont bonnes, dans le rugby mondial, pour montrer à quel point l’aspect mental est d’une importance capitale lors d’un affrontement. Et cette perspective est parfaitement ancrée dans l’esprit des Bleus. Conscients qu’ils présentent une certaine déficience dans le jeu, à titre de comparaison avec leurs adversaires, les cadres de l’équipe de France, Raphaël Ibanez en tête, vont se réunir quelques jours avant, dans le but de frapper un grand coup, au moment le plus symbolique : le haka.

"Ce sont nos leaders de jeu et le capitaine qui s’étaient réunis la veille ou deux jours avant, mais ils ne nous en avaient pas du tout parlé. Ils ne voulaient pas que ça nous perturbe dans notre préparation. La grande majorité des joueurs, on a découvert ça cinq minutes avant d’entrer sur le terrain. On nous a jeté des maillots", expliqua alors l’ancien troisième ligne, Sébastien Chabal, figure incontournable de cet acte et qui fait référence à des maillots bleu, blanc et rouge, représentant le drapeau tricolore, distribués aux joueurs dans les vestiaires juste avant de pénétrer sur la pelouse.

Si certains joueurs, eux-mêmes, n’étaient pas au courant de ce qu’il se tramait en interne, que dire de la stupéfaction des supporters, des commentateurs du monde entier et bien sûr des Blacks qui ne s’attendaient pas à telle riposte.

Têtes hautes et regards noirs

Les quelque 16 663 920 téléspectateurs français, accrochés à leur poste, se souviennent forcément tous des mots prononcés par le regretté Thierry Gilardi : "On va voir quelle sorte de haka vont exécuter les Blacks face à une équipe de France…. qui se rapproche, qui va quasiment au contact des joueurs néo-zélandais. Le premier défi de ce quart de finale !" À l’instar des grands moments de sport vécus en France, chacun d’entre nous se souvient avec qui et où il se trouvait à cet instant. Une intensité rare avec une impression que le temps s’était arrêté au cours de cette séquence.

Comment oublier le faciès de Chabal ? Les expressions de David Marty ou de Jean-Baptiste Poux à la fin de la traditionnelle danse ? Un moment à part dans l’histoire du sport français, tout comme la victoire finale des Bleus (20-18), dont la déstabilisation d’avant-match aura joué un rôle prépondérant à en croire les joueurs. "En réfléchissant, je me suis rendu compte que la façon dont nous avions répondu au haka avait beaucoup compté. Ça a imposé quelque chose.", déclara alors Poux. Ce supplément d’âme insufflé aux Bleus leur permettra de battre une nouvelle fois les blacks en Coupe du monde.

Un moment inoubliable, qui laissera une trace impérissable dans le temps et qui sera, à coup sûr, inculqué à la jeune génération qui n’a pas eu la chance de vivre cet instant.

Thibaud Gouazé

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