Albaladéjo : "Dauga, après son accident, nous a vraiment montré qu’il était un gagneur"

  • Stade montois - Benoît Dauga
    Stade montois - Benoît Dauga
Publié le
Partager :

HOMMAGE – Pierre Albaladéjo, 88 ans, a joué à six reprises avec Benoît Dauga en équipe de France, dont le fameux test de Springs en Afrique du Sud. Il l’a ensuite souvent affronté en championnat. Il nous livre les souvenirs qu’il garde de cet avant hors du commun, propre et "jamais narquois", jusqu'à son admiration pour la façon dont il surmonta son terrible accident de 1975.

Ils n’étaient pas de la même génération mais Pierre Albaladéjo, 88 ans, se souvient très bien de Benoît Dauga son cadet de neuf ans qui sera parti avant lui, des suites du covid. Le second a commencé sa carrière internationale en 1964, l’année où le premier l’arrêtait. Ils ont disputé six tests ensemble. Et puis les deux hommes vivaient dans le même département, les Landes, le phare de l’ovalie des années 60, Bala à Dax et Dauga à Mont-de-Marsan.

"Je l’avais connu très tôt. Avec René Dassé le président de Dax, j’étais allé chez ses parents à Saint-Sever alors qu’il n’avait que 17 ans. Le président m’avait parlé d’un phénomène en devenir et nous voyons devant nous ce grand escogriffe. A l’époque il jouait au basket. Et j’entends mon président me dire : "Il est trop maigre, on ne le prend pas." Voilà comment il s’est retrouvé à Mont-de-Marsan. Chaque fois que je l’affrontais ou que je le croisais, je me rappelais cette scène." L’ouvreur fut donc aux premières loges pour détailler le style de son voisin qui surpasserait son total de sélections (30 contre 63). "Benoît Dauga, c’était un label. J’ai joué avec lui et contre lui. Il avait le sens du jeu, je ne peux pas mieux dire. Un sens du jeu très particulier, car ce n’était pas un avant qui jaillissait malgré ses moyens énormes, mais il était sur tous les points chauds. Je dirais qu’il occupait largement la défense adverse, il était omniprésent, ce qui correspondait à ce qu’on demandait idéalement aux avants de l’époque. Quand je dis qu’il avait le sens du jeu, je veux dire que je me demandais toujours : "Qu’est ce qu’il fout là ?""

Le rugby de l’époque était dur, les débats parfois sournois. Mais Pierre Albaladéjo n’a jamais pris Dauga en défaut au niveau de la loyauté : "Il avait des abattis terribles, mais ce n’était pas un salaud, je n’ai jamais entendu quelqu’un le qualifier ainsi, et des salauds, j’en ai connus beaucoup contre moi et peut-être parfois avec moi. Lui était propre, il utilisait ses moyens à la loyale. En cas de jeu dur, il ne faisait que se défendre. Il ne parlait pas trop sur un terrain. Ce n'était pas un narquois, il n’avait pas besoin de se montrer piquant avec l’adversaire. Ceci dit à Springs en 1964, la victoire fut le fruit d’une révolte. Il avait fait partie de ceux qui s’étaient vraiment révoltés, je crois qu’il avait même poussé une sorte de gueulante."

La réputation de phénomène de Dauga n’était pas usurpée, il n’était pas qu’un fort des halles crampons aux pieds, Albaladéjo détaille l’arsenal de cet avant qui était si complet, bien plus qu’un combattant : "Il était très craint, le gars qui défendait sur lui se posait toujours beaucoup de questions. Ses passes étaient précises et longues, ce qui était rare pour un avant. Dans ses mains, ou plutôt dans sa main, le ballon ne semblait pas plus gros qu’une boule de pétanque, alors il avait le loisir d’utiliser l’autre bras pour faire de terribles raffuts. Il avait aussi une détente exceptionnelle en touche."

La relation Bala-Dauga était aussi passée par le tamis du terrible accident de 1975. "Nous avons tout de suite compris que c’était très sérieux car il n’était pas un homme à faire du cinéma. En plus, il s’est retrouvé à l’hôpital en compagnie d’un autre grand blessé, Georges Magendie du Racing qui lui, succombera à ses blessures. C’était terrible. Mais Benoît s’en est sorti. Il nous a vraiment montré qu’il était un gagneur."

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?