Regan, langue bien pendue

Par Rugbyrama
Publié le Mis à jour
Partager :

Mark Regan, vieux loup de mer du rugby anglais, est réputé pour beaucoup parler à ses adversaires pendant les matchs. Après avoir testé cette vérité au match aller, les avants du Stade français avanceront en joueurs avertis vendredi soir à l'occasion du m

Le talonneur du Stade français aura de la conversation vendredi en Coupe d'Europe, son vis-à-vis de Bristol, le vieux Mark Regan, étant l'un des plus gros chambreurs de la planète rugby. "En deux matchs, il m'a plus parlé que ma femme en dix ans" , raconte le Sud-Africain John Smit. "Il dépasse les bornes, aux sens propre et figuré", de l'avis de l'entraîneur australien John Connolly, dont la première ligne a été détruite par celle de Regan en quarts de finale du Mondial. "Dans sa causerie, l'entraîneur adverse consacrera vingt minutes à "Ronnie". Cela facilite la vie du reste de l'équipe", explique le manageur de Bristol, Richard Hill.

Il aurait inlassablement insulté l'Australien Matt Dunning? "Ce n'était pas moi, ce devait être l'un de ses équipiers qui l'appelait Teletubby", rigole Regan dans son épais accent de Bristol. Regan est un talonneur anglais à l'ancienne. Un brutal, un tatoué qui se méfie de tout ce qui n'est pas anglais et enfile les pintes au pub avec ses "mates" en exhibant fièrement une brioche dépassant d'un tee-shirt trop court. Et s'il faut faire le coup de poing à la sortie, ça fera des souvenirs, comme lors de ces virées d'adolescents au pays de Galles voisin, évoquées la larme à l'oeil. Au malheureux qui rappelle le caractère amical d'un match contre le XV du Poireau, il rétorque: "De quoi tu me parles chéri? On ne les aime pas, ils ne nous aiment pas."

"Mark Regan, mon pote"

Il fait partie des rares internationaux dont le cursus scolaire n'est pas mentionné par la fédération. Une pudeur toute anglaise, signifiant qu'il n'a pas fréquenté les écoles privées. Reçu à Buckingham après le sacre de 2003, Regan se voit proposer du thé par un serviteur en redingote: "Earl Grey, Sir?". "Non, Mark Regan, mon pote." Il incarne les "vieux bâtards têtus, moi inclus" , qui ont atteint la finale du Mondial à la surprise générale. Après la victoire sur l'Australie à Marseille, il vient bière en main voir les journalistes: "Je me réhydrate." "Il ne donne pas son maximum à l'entraînement le lundi. Ni le mardi, ni le mercredi" , reconnaît Hill. "A 36 ans, il me faut trois jours pour me remettre. Mais j'arrive à convaincre mes entraîneurs qu'il m'en faut quatre ou cinq. Bon moyen de rater l'entraînement."

Mais quitte à en sortir avec une démarche d'arthritique, il compense sa technique moyenne au lancer par un engagement jusqu'à l'épuisement et la peur qu'il inspire. C'est ce qui lui a offert son billet pour le Mondial après trois ans d'absence. Il est pour beaucoup dans l'humiliation du Stade français à l'aller, quand chaque mêlée gagnée était fêtée les bras au ciel, la rage à l'oeil et l'insulte aux lèvres. Pour lui, le "rugby, c'est le défi physique", "une bonne vieille mêlée". Mais il réfute sa réputation de joueur exagérément violent: "Je suis le Gary Lineker du rugby". Il laisse passer le moment de silence incrédule qui suit cette comparaison avec le parangon du sportif gentleman: "Il n'a jamais reçu de carton rouge, n'est-ce pas? Ben, moi non plus."

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?