Que signifie le haka des Black Ferns ?

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COUPE DU MONDE FÉMININE - Contrairement à de nombreux clichés ethnocentrés, les hakas ne sont pas exclusivement des danses guerrières, pas plus qu’ils ne sont réservés aux hommes. En revanche, les femmes ne les pratiquent pas de la même façon comme le montrent avant chaque test les Black Ferns qui possèdent le leur, appelé "Ko Uhia Mai". Voici ses significations.

Comme c’est souvent le cas avant les matchs des All Blacks, les spectateurs attendent avec impatience le haka des Black Ferns, la sélection à XV néo-zélandaise qui réalisera samedi une dernière fois son impressionnant haka appelé "Ko Uhia Mai", ou "Faites leur savoir", en français. D’abord, il faut savoir que ce haka est un cadeau : il a été composé et offert aux Black Ferns en 2006 par Whetu Tipiwai, un expert culturel qui fut le "kaumatua" (l’aïeul ou l’érudit) des Maori All Blacks de 2001 à 2010.

Son rôle, au sein de la sélection, était de veiller à ce que les usages de la tradition maorie (tikanga maori) soient respectées, ainsi que la valeurs fondatrices de la communauté maori : "kotahitanga" (unité), "whanaungatanga" (famille), et "manaakitanga" (prendre soin les uns des autres). Tipiwai le composa après avoir longuement échangé avec Farah Palmer, ancienne capitaine des Black Ferns de 1996 à 2006 et véritable légende vivante du rugby féminin néo-zélandais. Il mourra en 2015 : "Je ne l’ai jamais rencontré, déclarait l’année dernière la joueuse Te Kura Ngata-Aerengamate, qui l’a déjà mené à plusieurs reprises. Sa femme est toujours présente à nos côtés et nous espérons le rendre fier à chaque fois que nous le réalisons."

"Dans la culture maorie, le corps d’une femme est sacré"

Passons à la réalisation, justement. Vous aurez remarqué que les femmes n’ont pas recours au même techniques corporelles : quand les hommes écartent les jambes et frappent violemment leurs poitrails, elles restent bien droites et font qu’effleurer leurs bras et leurs poitrines. Mais pourquoi ? On a posé la question à Aurora Coralie Matariki Rapana, jeune membre de l’un des meilleurs groupes de kapa haka (groupe de danses traditionnelles maories) du Northland, que nous avons rencontrée à Whangarei : "Dans la culture maorie, le corps d’une femme est sacré, notamment ses organes reproducteurs. Par conséquent, une femme ne peut pas écarter ses jambes comme le font les hommes, ni ouvrir complètement les bras. Pas plus qu’elle ne peut frapper violemment sa poitrine, elle aussi considérée comme sacrée."

Vous aurez aussi remarqué que les femmes ne tirent pas la langue comme le font les hommes. Leur façon à elles consiste à pousser les commissures de leurs lèvres vers le bas, et de remonter le menton, faisait ainsi un sourire inversé accompagné d’une ouverture exagérée des yeux, un élément que l’on retrouve chez les hommes également. Car dans la culture maorie, le blanc des yeux est considéré comme une fenêtre ouverte sur l’âme. Comme un haka est avant tout un discours, avec des idées et un sujet, celui qui réalise un haka invite celui qui y assiste à plonger dans son âme y voir sa sincérité. Voilà pourquoi nous devons parler des paroles. Celles du "Ko Uhia Mai" sont très intéressantes, et nous vous en fournissons ici une traduction libre :

Les paroles du haka :

Faites leur savoir

Qui sont ces femmes

Les Black Ferns grondent

Depuis Hineahuone, Hinetitama et Hinenui te po nous sommes venues

Pour passer du cieux au monde de la lumière

La force de la vie vient d’en haut

La force de la vie vient d’en bas

Les nuages s’assemblent

Les montagnes qui percent le ciel

Laissez-nous avancer

Jusqu’aux mers

Des coins de l’île

Jusqu’aux îles alentours

Et tout autour du monde

Vous vous tenez droites et fières

Femme fortes

Qui porteront le futur

Les Black Ferns de Nouvelle-Zélande

Levez-vous et imposez-vous

Quand le challenge se présente

Nous nous rassemblerons et nous unirons

Fortes ensemble. Ce sera fait.

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