Professionnalisation : les Françaises au milieu du gué

Par Rugbyrama
  • Montserrat Amédée (France)
    Montserrat Amédée (France)
  • Lenaïg Corson - Equipe de France féminine
    Lenaïg Corson - Equipe de France féminine
  • Audrey Forlani (France)
    Audrey Forlani (France)
  • Sarah Hunter (Angleterre)
    Sarah Hunter (Angleterre)
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FÉMININES - Une Fédération qui indemnise les employeurs, des clubs toujours amateurs : le rugby féminin français se développe sur le principe du "double projet". Alors que l'Angleterre lancera en septembre un championnat qui tend vers le professionnalisme.

"On achète même nos dotations". Lenaïg Corson est gênée d'avouer qu'elle a démarché un équipementier. La deuxième ligne est pourtant un cadre de l'équipe de France à XV, qui dispute actuellement la Coupe du monde en Irlande, et l'une des 18 Françaises à vivre du rugby. Car seules les 18 internationales à 7, dont elle fait aussi partie, ont un contrat semi-professionnel depuis que la Fédération fédération de rugby (FFR) a lancé ce dispositif en 2014.

"On est venues sur Paris, on a commencé à 50%, on touchait 1.100 euros par mois. On s'est dit qu'on allait essuyer les plâtres, forcément, parce que rien n'était structuré. Au final, on a décroché notre qualification olympique et ça s'est très bien passé", se rappelle la Bretonne. Leurs contrats ont été réévalués depuis, sur le plan du volume horaire (75%) comme de la rémunération. "Toutes les joueuses touchent la même chose cette année : 2.000 euros net", confie la Rennaise, qui travaille les 25% restants à la GMF, soit 9 heures par semaine.

Lenaïg Corson - Equipe de France féminine
Lenaïg Corson - Equipe de France féminine

"C'était une volonté de l'ancienne présidence (Pierre Camou, ndlr) de ne pas nous professionnaliser entièrement pour qu'on puisse garder un pied dans le monde de l'entreprise", explique Corson, qui rejoint sur son temps libre le Stade rennais. Le club ne verse que d'éventuelles indemnités kilométriques à ses joueuses.

"Facile pour personne"

Les autres internationales, celles qui ne jouent qu'à XV, étudient ou travaillent. Comme Audrey Forlani, magasinière à plein temps dans une coopérative agricole du Tarn-et-Garonne. Son club, Blagnac, près de Toulouse, est à une heure de route. "Je fais ma journée de travail, après je pars à l'entraînement, trois fois par semaine, à 20h, mardi, mercredi, vendredi. Je reviens chez moi, il est bien 23h. Après, rebelote : je me lève le matin à 7h et je m'en vais travailler", raconte la deuxième ligne.

Un quotidien difficilement compatible avec le sport de haut niveau. "Quand on sait qu'elles jouent le dimanche et que le lundi matin elles sont au boulot, ce n'est facile pour personne", déplore Samuel Cherouk, un des deux entraîneurs de l'équipe de France. "Il va falloir trouver des solutions pour qu'elles s'entraînent plus et mieux".

Audrey Forlani (France)
Audrey Forlani (France)

Des conventions ont pourtant été signées afin de permettre aux internationales de se préparer correctement. "Quand on part pour l'équipe de France, on n'a pas besoin de poser de congés ou des congés sans solde, c'est pris en charge par la Fédération", explique la Caennaise Julie Duval, magasinière pour la quincaillerie Legallais.

"Et là, pour préparer la Coupe du monde, ils nous ont libérées sept heures par semaine afin de pouvoir faire les entraînements, se reposer, aller voir le kiné...", détaille la joueuse de première ligne, satisfaite de ses conditions.

L'Angleterre accélère

Autre progrès de la FFR : les indemnités journalières perçues par les internationales à XV "ont été largement augmentées en janvier", souligne la manager Annick Hayraud, qui veut commencer à "harmoniser" les différents statuts à partir de septembre. "La position de la Fédé me semble claire : c'est de rester sur du pluri-actif, avec des filles qui ont un travail, des études", approuve l'autre entraîneur national, Olivier Lièvremont. "Il suffit simplement de mettre des moyens. Aujourd'hui, le sport de haut niveau, ce n'est pas forcément le professionnalisme".

Ce n'est pas ce que semblent penser Messieurs les Anglais, qui ont tiré les premiers. La Fédération anglaise (RFU), dont la sélection est championne du monde en titre, a en effet prévu le lancement en septembre d'un championnat quasi-professionnel. La RFU versera "plusieurs milliers de livres sur trois ans" aux dix clubs retenus afin "de les aider à atteindre les standards minimum exigés et fournir entraîneurs, infrastructures, encadrements et plans de développement", selon le communiqué publié fin février.

Sarah Hunter (Angleterre)
Sarah Hunter (Angleterre)

Objectif : créer un championnat "de classe mondiale" et faire doubler le nombre de licenciées de 25.000 à 50.000 d'ici 2021. En France, elles sont actuellement 17.000.

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