Du titre de Pro D2 au dépôt de bilan, Auch a tout perdu en 10 ans

Par Maxime Gil
  • FC Auch champion de France de ProD2
    FC Auch champion de France de ProD2
  • Remise du bouclier de Pro D2 au FC Auch Gers
    Remise du bouclier de Pro D2 au FC Auch Gers
  • Fabien Barcella sous les couleurs du FC Auch Gers
    Fabien Barcella sous les couleurs du FC Auch Gers
  • Julien Sarraute (FC Auch Gers)
    Julien Sarraute (FC Auch Gers)
Publié le Mis à jour
Partager :

FEDERALE 1 - Il y a dix ans jour pour jour, le FC Auch Gers devenait champion de France de Pro D2. Une décennie plus tard, le club vient de déposer le bilan, mettant fin à la section professionnelle. Les Gersois ne savent toujours pas dans quelle division ils évolueront la saison prochaine. Chronique d’une mort annoncée.

14 avril 2007. Le stade Jacques-Fouroux est plein comme un oeuf pour ce derby face au rival tarbais. Au-delà de la suprématie régionale, un enjeu de taille pour le FCAG : le titre de champion de France de Pro D2. Les Gersois ont l’occasion de conclure une saison jusque là quasi-parfaite (22 victoires, 1 nul et 3 défaites en 26 journées). A la fin du match, le score est sans appel : 31-0. Auch est de retour dans l’Elite du rugby français.

C’était une saison merveilleuse, exceptionnelle. C’était la première fois que l’on gagnait un titre hors phase-finale, se souvient Julien Sarraute. L’alliance entre la jeunesse et l’expérience a permis au groupe d’Henri Broncan de rapidement retrouver le Top 14, deux ans après l’avoir quitté (sous son ancien format, le Top 16). Il y avait une ossature qui avait vécu le Top 16 et le titre de 2004 (de ProD2, ndlr) qui a été rejoint par des jeunes de qualité (Battut, Bontick,...). Des jeunes qui ont aussi porté haut les couleurs d’Auch cette saison là avec un titre de champion de France obtenu chez les Espoirs, face à Montpellier (23-21). C’est une saison d’autant plus exceptionnelle qu’il y a eu ce double titre. C’est tout le fruit du travail qui avait été fait jusque là.

Remise du bouclier de Pro D2 au FC Auch Gers
Remise du bouclier de Pro D2 au FC Auch Gers

Historique, cette saison 2006-2007 le restera. Car au-delà des deux boucliers ramenés dans le Gers, l’illustre entraîneur des Rouge et Blanc fait ses valises, en direction d’Agen. Henri Broncan laisse les rênes de l’équipe professionnelle à son fils, Pierre-Henri. En neuf ans, le sorcier aux lunettes rondes aura décroché deux titres de champion de France de Pro D2 (2004, 2007) et un Bouclier européen (2005). Une page de l’histoire du club se tourne. Peut-être la plus belle…

Dans le ventre mou de la Pro D2

Car avec le dernier budget du championnat (3,80 millions €), le FCAG n’a d’autre choix que de donner la part belle à la formation. Les jeunes Barcella, Campo, Tchale-Watchou, Caisso, Bissuel, Medves, Aguillon ou encore Brana sont alors mis sur le devant de la scène. C’est un projet de club, une philosophie de vouloir être performant. C’était important de les confronter (les jeunes, ndlr) à ce qui se fait de mieux. Et c’est une politique qui a été payante. Payante pour mener ces Espoirs vers le haut niveau du rugby hexagonal. Mais difficile de rivaliser face aux cadors de l’Elite (3 victoires seulement) avec tant de jeunesse.

Fabien Barcella sous les couleurs du FC Auch Gers
Fabien Barcella sous les couleurs du FC Auch Gers

Relégués en ProD2, les Auscitains ont longtemps végété dans le ventre mou de la deuxième division. Au mieux, les Gersois ont accroché une sixième place en 2010-2011 sous les ordres de Grégory Patat (arrivé en 2009) et Julien Sarraute (entraîneur adjoint depuis février 2008). En vain, ce ne fut qu’un éclair. A force de ne pas trouver un second souffle, le club est rétrogradé en Fédérale 1 à l’issue de la saison 2013-2014. Un nouveau bastion du Sud-Ouest tombe dans le monde amateur. Il y a eu une baisse de budget et nous n’avions pas un effectif pléthorique. Nous nous sommes appuyés sur des jeunes du centre de formation mais il y avait un manque de métier, justifie Julien Sarraute.

Le renouvellement de 50% de l'effectif était trop important (Julien Sarraute)

Depuis, la situation ne s’est franchement pas arrangée. La faute à des problèmes financiers et à de nombreux départs. Il y a eu une difficulté d’anticiper les arrêts de cadres simultanément qui n’étaient pas prévus dans le plan de succession. Le renouvellement de 50% de l’effectif était trop important pour poser des fondations solides, détaille l’ancien coach gersois. Exit les Menkarska, St-Lary et Tapasu. Les meilleurs jeunes partent eux aussi vers de nouveaux horizons, à l’image d’Anthony Jelonch, Antoine Dupont, Brandon Fajardo ou Paulin Riva.

La formation, toujours la formation

Pour autant, pas question de déroger à la politique de formation. Cette saison, la moyenne d’âge de l’effectif Rouge et Blanc était de 25 ans. Julien Sarraute, actuel directeur du centre de formation, poursuit. Cette année, 45% de l’effectif était composé de joueurs issus de la formation. Si sur le terrain, les hommes de Roland Pujo ont fait une saison honnête en terminant sixième de la poule Elite (8 victoires, 10 défaites), c’est en coulisses que l’avenir du club a été mis entre parenthèses. Le club n’a pas su s’adapter au contexte économique, reconnaît l’ancien centre auscitain.

Julien Sarraute (FC Auch Gers)
Julien Sarraute (FC Auch Gers)

Alors que la SASP n’a vu le jour qu’en 2004 (soit près de dix ans après l’avènement du rugby professionnel), une première opération de sauvetage avait été mise en place en 2009. Un trou de 900 000€ comblé par l’ancien président Eric Belooussoff et les recettes d’un rugbython organisé avec Gérard Holtz. Cette saison, la défection du sponsor principal a précipité la chute du FCAG. Un manque de 600 000€ qui a contraint le président, Clément Langlois, à déposer le bilan, le 3 avril dernier. Mais Julien Sarraute garde espoir pour l’avenir. D’autant que le futur du club ne sera acté que le 18 avril prochain par la FFR. Il faut espérer que le club puisse repartir en Jean-Prat (Fédérale 1, ndlr). Mais toujours avec, dans un coin de sa tête, ce soucis de la formation des jeunes gersois. Il faut donner un avenir aux jeunes du département. Le FCAG est un club tremplin vers le haut niveau. Un haut niveau connu il y a dix ans tout pile et qui parait aujourd’hui bien loin.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?