Budget, recrutement, stade : Soyaux-Angoulême va se muscler pour le Pro D2

L'accession en Pro D2, les joueurs de Soyaux-Angoulême (SA XV) sont allés la chercher contre Bourg-en-Bresse, devant plus de 6 000 personnes dans leur stade de Chanzy. Un moment qui devrait rester longtemps gravé dans les mémoires. La fête, commencée au stade, s'est poursuivie très tard dans le centre-ville d'Angoulême. Au terme d'un championnat de Fédérale 1 où ils se sont imposés presque partout - ce qui a compté pour la composition des phases finales -, les Charentais ont su batailler contre Bourg (victoire à l'aller 17-22 dans l'Ain et au retour 22-19) pour obtenir leur seconde accession en trois ans.

Le fruit d'un projet rondement mené depuis 2010 et la fusion entre le SC Angoulême et le club du RC Soyaux. Le projet sportif a été porté à bout de bras par Jean Alemany et Jean-Jacques Pitcho, des anciens joueurs des deux clubs devenus dirigeants. L’objectif, lors de la fusion, c’était d’aller titiller le Pro D2 en 2019. Il faut donc dire qu’on y est avec un peu d’avance, explique Bruno Thomas, le responsable administratif et financier du SA XV.

Dans un département où le haut niveau est représenté par le football féminin (Soyaux en Division 1), ces deux hommes ont su fédérer, créer un engouement et de l'enthousiasme autour des performances des Blanc et Violet. Il faut dire que la flamme de l'ovalie ne demandait qu'à être ravivée. Dans les années 80, le SC Angoulême n'avait-il pas connu de belles heures dans le Groupe 1 d'alors ?

Le long de la main courante de Chanzy, les anciens parlent encore parfois des duels de ces belles années, contre Agen ou Brive. Même si nous avons de l'intérêt pour La Rochelle en raison de la proximité géographique, la Charente est une terre de rugbymen. Le club a une histoire. Angoulême est une ville moyenne mais son territoire est capable de porter une équipe en Pro D2, glisse Bruno Thomas.

Des remous et un club blanchi

De la volonté, Alemany et Pitcho n'en ont pas manqué depuis six ans et des débuts en Fédérale 3. C'est sans doute en 2014 avec le titre de champion de France de Fédérale 2 que le SA XV, invaincu cette saison-là, a semé les graines de la passion qui anime aujourd'hui la cité de la bande dessinée. Mais aussi les graines de la cohésion puisque le groupe qui monte en Pro D2 s'est notamment construit au cours de la saison de Fédérale 2. Après le titre, les débuts en Fédérale 1 ne sont pas simples avec deux défaites à la maison. Mais le SA XV redressa la barre et termina en quarts de finale contre Nevers. Après une défaite à l'aller de cinq points à Chanzy, les Charentais obtenaient le nul au retour sur la pelouse des Bourguignons.

Devant 4 000 personnes en moyenne cette saison, les Angoumoisins de Renaud Gourdon et Julien Laïrle ont tout gagné à domicile. A l’extérieur, les Charentais se sont inclinés à Massy et Chalon-sur-Saone (défaite annulée à la suite de la mise en liquidation du club). Si le sportif s’est plutôt bien passé, c’est en coulisses qu’il y a eu des remous.

Les jours qui ont précédé la finale aller d’accession à Bourg-en-Bresse ont été longs à vivre pour les dirigeants suspendus à la décision de la FFR et de la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNACG), saisies par la Commission de contrôle des championnats fédéraux (CCCF) dans une affaire de 17 joueurs payés sous le statut d’auto-entrepreneur photographe. C’est derrière nous, dit Bruno Thomas. Le club avait été blanchi à quatre jours de la finale aller.

Ladauge pour l'expérience

Pour la saison à venir, la direction, qui n’a pas prolongé le contrat de Renaud Gourdon - en place depuis 2013 -, a nommé comme entraîneur en chef Julien Laïrle, arrivé la même année. Un choix sur l’avenir et le Pro D2 a été réalisé par le SA XV qui a fait venir Rémy Ladauge, entraîneur de Lavaur cette saison (Fédérale 1) et qui intervenait dans les lignes arrières à Albi (Pro D2). C’est ce petit plus d’expérience qui a séduit les dirigeants charentais, qui ont tenu compte du passé et notamment du début de saison difficile en Fédérale 1 en 2014 dans leur recrutement. Côté transfert, le club ne devrait pas compter beaucoup de départs et table sur un effectif de 35 joueurs pour la saison prochaine.

La structure du SA XV va aussi évoluer en vue du Pro D2. Le budget, aidé des droits télés, va être multiplié par deux et atteindra les 5 millions d’euros. La politique de la maison, elle, est claire. Nous montons, d’accord, mais notre boulot à nous les dirigeants c’est de faire en sorte de rester à l’étage supérieur, expose encore Bruno Thomas.

On n’a jamais pris de risque. L’exercice financier a toujours été positif. L’ambition est de le demeurer. Avec 350 partenaires et un public fidèle, le SA XV doit se doter d’un outil plus moderne à Chanzy. Ce sera chose faite pour le début de la saison avec un espace réceptif, de 700 à 1 000 m2 pour les partenaires. Quant à la petite tribune, elle passera de 600 places assises à 2 000, ce qui portera la capacité du stade à 3 500 places assises. Le Pro D2 attend donc la Charente, qui s’y prépare. Les joueurs, eux, sont en vacances, ils reprendront l’entraînement à la mi-juin.