Chalon sur scène

Une sono à fond dans les vestiaires, un paquito improvisé sur la mélodie du "Vino Griego", l'hymne des supporters bayonnais... Les Chalonnais savent qu'ils ont fait un grand pas avec cette deuxième victoire en deux matchs de Jean Prat.. et ils le fêtent comme il se doit. Pour Julien Carraud, le capitaine de Chalon, cette victoire traînait dans les têtes depuis longtemps : "On se l'était dit tout doucement mais on voulait venir faire quelque chose ici parce qu'on est vraiment bien depuis quelques temps, explique l'ancien troisième ligne de Dax. Nous savions que ce serait dur mais aujourd'hui, nous avons été solidaires, nous n'avons rien lâché. On est contents."

C'est devant, une nouvelle fois, que les Bourguignons ont d'abord remporté leur victoire. Avec une mêlée dominatrice et presque dix ballons volés en touche aux Luziens, ils ont vite pris l'ascendant sur eux. Mais ils se sont aussi appuyés sur leur banc, impressionnant, et sur le pied si précieux de leur arrière Morne Loxton. Ce n'est pas pour rien si le Sud-Africain a terminé meilleur buteur de la première phase, avec près de 80% de réussite.

Un collectif huilé

"Cette victoire s'est construite à 22", insiste Jean-Henri Thubert, l'entraîneur. Les nombreux étrangers (trois Sud-Africains et un Polonais) ont réussi à s'intégrer. "Toutes les cultures sont bonnes à être assimilées, poursuit l'ancien coach du LOU. Ce mélange de purs Bourguignons et d'étrangers fonctionne. Les joueurs se respectent, partagent les mêmes valeurs et le même projet." "Ce sont de bons mecs, poursuit Julien Carraud. Ils ne parlent toujours pas français mais ont tout fait pour s'intégrer même si ce n'était pas simple au début." C'est évident, les Chalonnais semblent avoir trouvé l'équilibre (presque) parfait dans leur collectif. Ça tombe bien à ce stade de la saison : "Le club est plus connu pour son gros paquet mais maintenant, nous sommes capables de créer le danger partout, confirme le capitaine. Nous commençons à être plus précis dans les déplacements et dans les liaisons avants-trois-quarts. Mais il ne faut pas s'enflammer, il reste encore beaucoup de travail. Nous faisons encore beaucoup de petites fautes, au sol, dans les regroupements, qui nous coûtent."

Oui, Rome ne s'est pas faite en un jour. Mais les Bourguignons semblent bien partis sur le chemin des phases finales... voire de la Pro D2. Bien qu'on ne veuille pas se l'avouer, à l'image de Julien Carraud : "Au début de la saison, on ne savait pas trop quel objectif se fixer. On a avancé sans se poser de questions, en alternant le bon et le moins bon. Et nous avons fini troisièmes de poule. Aujourd'hui, on est bien partis mais on veut juste aller le plus loin possible." Une élimination avant les phases finales, comme ce fut le cas l'an dernier, ferait tâche toutefois.

Le club possède l'un des plus gros budgets de Fédérale. Et possède de généreux sponsors qui, après la victoire contre Nîmes il y a quinze jours, ont par exemple mis la main à la patte pour offrir aux joueurs un voyage en avion pour rallier le Pays Basque dimanche matin. Chalon ne dit peut-être pas avoir d'ambitions, mais il s'en donne en tout cas les moyens. Et ça fonctionne très bien.

crédit photo : http://www.bobigny93rugby.fr/ (Sylla Grinberg)