Laporte dans un super-typhon

  • Bernard Laporte, président de la FFR
    Bernard Laporte, président de la FFR
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AFFAIRE LAPORTE-ALTRAD - Lourdement sanctionné par le tribunal Correctionnel, Bernard Laporte échappe néanmoins à l'interdition d'exercer au sein de la FFR. Et son appel lui même permet de rester en poste, à la tête de la Fédération. Pour combien de temps ? Sous le feu de ses opposants, il est désormais dans une position des plus inconfortables.

C’est un coup de tonnerre qui a claqué dans le silence assourdissant du tribunal correctionnel de Paris. Un verdict à la virulence extrême, réveillant en sursaut tout notre petit monde du rugby. Depuis quelques jours et jusqu’à ce mardi 13 décembre 2022 qui restera dans l’histoire comme une triste première fois, les dirigeants et techniciens de tous bords s’étaient -opportunément- mis en mode "avion", manière d’éviter le piège de la prise de position à propos d’une affaire devenue boule puante. Difficile de leur en vouloir, l’exercice était aussi inconfortable qu’une paire de crampons trop petits. Et, désormais, que le fauteuil de président de la FFR occupé par Bernard Laporte.

Juste avant 14 heures, Marie-Rose Hunault (la présidente du Tribunal correctionnel de Paris) a en effet égrené les chefs d’inculpation avant de prononcer son verdict, 45 minutes plus tard. Bernard Laporte et Mohed Altrad sont les deux grands perdants d’une affaire qui dure depuis cinq ans. Serge Simon est relaxé. Claude Atcher également sur les principaux griefs qui lui étaient reprochés par le parquet national financier ; il écope comme Benoît Rovert d’une amende de 5000 euros au titre de la gestion de l’entreprise Score XV… Bref, des peccadilles au milieu d’un jugement à la sévérité exemplaire pour les deux principaux prévenus et plus encore pour Bernard Laporte.

Deux ans de prison avec sursis, 75 000 euros d’amende et deux ans d‘interdiction d’exercer. Le président de la FFR évite simplement la sentence ultime : l’exécution provisoire. Il peut dès lors faire appel du jugement et rester en poste aux commandes du rugby français. Alors, fin du bal ? Pas sûr. Pendant quelques jours, voire quelques semaines, c’est un vent glacial qui va souffler en rafales sur la nuque de Bernard Laporte.

L’opposition incarnée par Florian Grill attise déjà les braises de la sanction. Elle est dans son rôle en appelant à la démission de l’ensemble du comité directeur fédéral afin d’obtenir des élections anticipées qui pourraient lui être favorables. Autre option, si le comité directeur ne vacille pas : elle devra mobiliser au moins 75% des clubs pour provoquer une Assemblée générale exceptionnelle et élective.

Un autre front est ouvert du côté de World Rugby. L’instance internationale qu’avait l’ambition de conquérir Bernard Laporte après 2023 ne lui fera pas de cadeau et se retranchera derrière son nouveau code d’intégrité, afin de l’éjecter hors du Conseil. Et pour décocher ce qui ressemble bien à un coup de pied de l’âne, elle cherchera à imposer sa vision de la justice : un appel n’est pas suspensif.

Enfin, de manière encore plus directe et forte, le ministère des sports incarné par Amélie Castéra-Oudéa n’a pas tardé à se positionner en demandant la démission du président de la FFR, suivie par des élections anticipées. Si la Ministre n’a pas vocation à s’immiscer de la sorte dans la gestion d’une fédération, ses coups de boutoir vont forcément fragiliser Bernard Laporte.

Reste à savoir s’ils le feront chuter. Si les trois fronts ouverts et qui vont se rejoindre, auront raison de la détermination d’un homme qui s’est toujours nourri du combat, souvent même sublimé dans l’adversité. S’il n’a de comptes à rendre qu’aux clubs, il devra être plus solide que jamais pour résister à la tempête qui ressemble de plus en plus à un super-typhon. Et s'il veut tenir malgré tout, il devra accepter d'être dans l'oeil du cyclone.

Une chose est certaine, les jours à venir seront décisifs pour Laporte. A neuf mois du Mondial, il n’y a plus de temps à perdre sur le chemin du plus grand défi proposé au XV de France. Le moindre grain de sable pourrait se transformer en bloc de granit qui viendrait écraser la préparation jusqu’ici sans faille des hommes de Galthié, Ibanez et Dupont. Qui sont les hommes de Laporte, également. Alors, qui pour prendre le risque de casser le jouet une fois que l’année 2023 sera lancée ?

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