Burger, la tête brûlée des Saracens

Par Rugbyrama
  • Jacques Burger, le guerrier des Saracens
    Jacques Burger, le guerrier des Saracens
  • Burger lors de la demi-finale de l'an passé
    Burger lors de la demi-finale de l'an passé
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Clermont retrouvera samedi en demi-finale de la Coupe d'Europe l'un de ses pires cauchemars récents, le troisième ligne namibien des Saracens Jacques Burger, plaqueur invétéré et légèrement écervelé à la gueule cassée.

Il y a un an, déjà dans le dernier carré européen, ses 28 plaquages en 70 minutes avaient en effet grandement contribué à démembrer les "Jaunards" (46-6). Une statistique impressionnante, cependant loin de son record à 37 plaquages, mais presque habituelle pour l'enfant de Windhoek, la capitale namibienne: à 31 ans, Burger ne craint plus depuis longtemps de préserver un corps volontairement meurtri avant de retrouver la vie saine au grand air dans sa ferme perdue du désert du Kalahari.

Mon père dit toujours qu'il ne veut pas mourir en bonne santé. C'est pareil, je ne veux pas tomber comme ça, fanfaronne-t-il ainsi du haut de son 1,88 m (pour 105 kg) dans ce qui pourrait être un épitaphe sur sa tombe. Lucide et touchant, le capitaine de la Namibie (30 sélections) est trop au courant de sa réputation de joueur un peu fou et violent, encore aperçue en quart face au Racing-Métro (12-11), avec cette manchette assénée à retardement à Maxime Machenaud qui lui a valu une semaine de suspension.

Côte de veau à Aurillac

J'ai joué numéro huit, mais je n'aime pas trop, car il faut réfléchir avant de s'engager. Moi, je veux être tout le temps au coeur de l'action. Mon bagage technique est limité, moi je suis le gars qui jette son corps dans la mêlée. Quelque part, c'est stupide. Les gens pensent que je suis trop bête pour ressentir la douleur, mais j'ai la chance d'avoir un visage qui masque bien la douleur. Je le regretterai probablement plus tard..., se livre-t-il ainsi.

Burger lors de la demi-finale de l'an passé
Burger lors de la demi-finale de l'an passé

Derrière une chevelure frisée lui donnant cet air hirsute de fermier qu'il cultive, on devine en effet une gueule cassée à l'image d'un nez fracturé cinq fois. Mais avant de devenir ce plaqueur indispensable aux Saracens, Burger a connu une ascension tardive puisqu'il a d'abord fait ses armes à 24 ans... en Auvergne à Aurillac, dans la rugueuse deuxième division française. Ses premiers mots dans le Cantal avaient été: Je crois que je vais me plaire en France, après une côte de veau cuisinée par le vice-président. Il n'y est pourtant resté qu'une saison (2007-2008), faisant ensuite le bonheur des Bulls sud-africains, puis des Saracens depuis Noël 2009.

Retraite dans sa ferme

C'est cependant en 2010-2011 qu'il explose vraiment: élu meilleur joueur des "Sarries", il enchaîne avec un Mondial de haute volée. Mais dans la foulée, son corps martyrisé dit stop pendant près de 18 mois. Depuis, sa machine à froid est devenue son meilleur ami. Elle est installée à côté de mon canapé donc c'est glace quand je regarde la télé, glace le matin, l'après-midi, le soir. Huit fois par jour. C'est devenu ma routine, expliquait Burger. Cette routine lui a sans doute permis de rester ce combattant précieux loué par son coéquipier David Strettle: Il pousse son corps à la limite. Certains disaient de Lewis Moody (ancien troisième ligne anglais) qu'il était un "chien fou". C'est un terme que l'on emploie pour quelqu'un qui ne se préoccupe pas de son corps: beaucoup d'équipes cherchent des joueurs comme ça pour les aider à aller de l'avant.

Dans quelques années, il sera ensuite temps pour Burger le guerrier, enfant des villes au coeur de fermier, amoureux des grands espaces et de la liberté, de retrouver l'anonymat au pays, sur son terrain jouxtant celui de sa belle-famille: La Namibie est comme une ferme géante. C'est ce que j'ai toujours voulu faire et quand j'aurais fini le rugby, c'est ce que je ferai pour le restant de mes jours. Il lui reste avant à se rappeler au bon souvenir des Clermontois.

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