Tchale-Watchou : "Je refuse de fouiller les poubelles"

  • Challenge Cup - Robins Tchale-Watchou (Montpellier)
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ÉLECTIONS PROVALE - La guerre fait rage entre les deux listes qui s’affronteront pour l’élection du 7 janvier pour l'élection du président de Provale. La semaine passée, celle menée par Laurent Baluc-Rittener a porté des accusations auxquelles l'actuel président du syndicat des joueurs répond.

Midi Olympique : La liste adverse vous accuse de manquer de transparence dans la tenue des comptes du syndicat. Pourquoi ne pas les avoir publiés depuis quatre ans ?

Robins Tchale-Watchu : Je me suis attelé à la partie opérationnelle et légale qui m’incombait, c’est-à-dire faire certifier les comptes et présenter mon rapport moral et financier à l’assemblée générale. Comme il y a eu beaucoup de mouvements en interne, les comptes n’ont pas été publiés, mais c’est plus de l’ordre de l’omission que de la magouille parce que, en dépit de tout, tous les ans, conformément à la loi, ils ont été approuvés par un commissaire aux comptes et présentés en AG.

Seriez-vous prêt à le faire ?

R. T-W. : Ils vont l’être, si ce n’est pas déjà le cas. Quand on s’est rendu compte que ça n’avait pas été fait, j’ai demandé à ce que ça le soit.

Deux déficits, de 269 000€ en 2015/2016 et 250 000€ en 2016/2017 sont évoqués. Qu’en est-il ?

R. T-W. : En tout, ces chiffres parlent d’un peu plus de 500 000€. Comment une structure comme la nôtre pourrait avoir un déficit de cet ordre et faire certifier ses comptes? À mon arrivée, mon prédécesseur avait décidé de remettre à plat la politique de sponsoring et de partenariat. Cela mettait un terme à un partenariat de 50 000€ avec une banque. Il y a aussi eu la fin d’un partenariat avec une grosse compagnie d‘assurances à hauteur de 200 000€ en raison d’un changement de direction à sa tête. Le commissaire aux comptes nous a donc envoyé une alerte par rapport à notre budget prévisionnel, c’est normal. Pour ne pas avoir un trou, j’ai pris la décision de suspendre mon salaire, nous avons arbitré les coûts, nous sommes allés chercher de nouveaux sponsors... Nous avons pris les mesures qui s’imposent avec mon directeur.

Pourquoi attendre des mois après pour faire peser une suspicion sur une institution et ses membres ?

Vos adversaires parlent de falsifications de PV d’AG ou de comités directeurs. Que répondez-vous ?

R. T-W. : Un PV est une preuve écrite qui est là pour matérialiser ce qui a déjà été approuvé. Lequel PV est approuvé à la séance qui suit. Avons-nous falsifié des PV ? Dans ce syndicat, il y a des hommes et des femmes qui font leur métier avec beaucoup de passion. Les remettre en cause à des fins électoralistes, c’est les discréditer. C’est la première chose. La seconde, c’est qu’il y a des modalités de fonctionnement, comme dans toutes les institutions. Si vous dites qu’il y a eu falsification, pourquoi ne pas apporter des remarques quand on pose la question solennelle au moment de son approbation : "Y a-t-il des modifications ou des remarques à apporter à ce PV?" Pourquoi attendre des mois après pour faire peser une suspicion sur une institution et ses membres ?

La liste adverse envisage de saisir la justice à propos de la validation du nouveau mode de scrutin pour l’élection du président du syndicat lors de l’AG du 24 septembre.

R. T-W. : Depuis toujours, les élections à Provale ont lieu le lundi et à Paris. Les us faisaient que nous avions l’obligation de faire monter plus de joueurs afin qu’ils assistent à la Nuit du Rugby. La Ligue nous versait 15 000€ pour contribuer aux charges que cela représentait. Nous faisions donc monter nos correspondants et le capitaine de chaque équipe. Quand il y a eu le contentieux pour les nouvelles élections, nous avons souhaité clarifier le mode de scrutin. Il faut préciser les choses pour ne pas ouvrir lieu à un contentieux par la suite justement. En fait, on a continué à faire ce qui se faisait, à Paris un lundi. Mais comme il n’y a pas de Nuit du Rugby, rien ne justifie que plus d’une personne par club monte. Ensuite, il faut que l’on m’explique pourquoi ça pose un problème que chaque club porte une voix. On a tout simplement formalisé ce qui se faisait déjà.

La LNR a saisi le comité d’éthique à propos de votre poste de directeur général chez Vivendi Sport. N’y a -t-il pas conflit d’intérêts ?

R. T-W. : Je me suis expliqué devant le comité d’éthique, qui a dit qu’il n’y avait pas de conflit d’intérêt objectivement mais que subjectivement, on ne pouvait pas empêcher de le soupçonner. J’ai une intégrité certaine. En président responsable, suite à mon élection, je prendrai les mesures qu’il faut pour qu’il n’y ait plus de conflit d’intérêts.

Allez-vous démissionner ?

R. T-W. : Ce n’est pas ce que j’ai dit ! Je prendrai une décision. J’ai une équipe qui est représentative de ce qu’est le rugby. On a pensé que je ne pouvais plus fédérer, j’ai prouvé le contraire. Je suis de ceux qui pensent que la légitimité se construit et s’acquiert. Qui est légitime aujourd’hui au vu des faits ? Ce que nous avons avec mon équipe n’est pas parfait mais je refuse de prendre le prétexte d’une élection pour fouiller dans les poubelles.

On estime que ça pose problème aujourd’hui juste pour me porter atteinte

Ferez-vous l’intégralité de votre mandat si vous êtes élu?

R. T-W. : Plusieurs facteurs compteront : comment vais-je gérer la transmission ? Au bout d’un moment, ne vais-je pas considérer que j’ai fait ce que j’avais à faire et, tout en restant, ne vais-je pas pousser ceux qui sont avec moi ? Il peut se passer plein de choses et je ne peux pas savoir si je vais aller jusqu’au bout. Mais si la question est de savoir si je vais galvauder la fonction pour autant, alors non.

La question derrière est la présidence de la FNASS...

R. T-W. : Si demain je me présente et que je suis élu, il n’y a pas incompatibilité entre les deux. L’actuel président est bien co-président du syndicat des footballeurs. Personne ne m’a rien dit quand j’étais joueur, président de Provale, vice-président de la FNASS et membre du bureau de l’IRPA (le syndicat mondial des joueurs). On estime que ça pose problème aujourd’hui juste pour me porter atteinte.

Toutes ces histoires autour de cette élection ternissent l’image du syndicat...

R. T-W. : L’autre jour, un joueur m’a demandé pourquoi je n’avais pas répondu plus tôt. Comment puis-je prétendre vouloir porter la voix des joueurs si je suis prêt à diviser les joueurs en questions pour ma petite personne ? Je ne veux pas médire sur untel ou untel. Par contre, je réponds sur les faits. La dernière fois, j’ai demandé à un élu : "À qui profite la turbulence que traverse Provale ?" Aujourd’hui, nous sommes fragilisés dans le dialogue social. On veut nous fragiliser en portant atteinte à ma personne et personne ne parle du bilan.

Quel est-il ?

R. T-W. : Comment peut-on reprocher à celui qui a le record des adhésions du syndicat qu’elles sont en baisse ? Je suis au-dessus du seuil que j’ai trouvé en arrivant. Il y a une explication : avec le même budget, nous sommes passés d’une à deux visites par an dans les clubs, nous avons embauché des salariés et créé des sociétés de services. Nous avons aussi trouvé de nouveaux partenariats. Personne ne parle de tout ça.

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