Contepomi: "On ne trouve pas les bons tricheurs"

Par Rugbyrama
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Auditionné au Sénat, l'ouvreur argentin, Felipe Contepomi, s'est montré critique envers le système actuel de lutte anti-dopage mis en place.

"La lutte anti-dopage est compliquée car on ne trouve pas les bons tricheurs mais les mauvais tricheurs. Je dis cela car sur tous les tests que font les agences anti-dopage, il y a un faible pourcentage qui est positif, environ 1%, et à mon avis il y a plus de tricheurs dans le monde des sportifs". Ce vendredi, l’ouvreur international argentin, Felipe Contepomi (35 ans, 79 sélections), est resté perplexe alors qu’il était auditionné au Sénat dans le cadre de la Commission d’enquête sur la lutte contre le dopage. Invité au titre de membre du Comité des sportifs de l'Agence mondiale antidopage (AMA), il était le troisième membre de la famille du rugby convié par les sénateurs après Bernard Lapasset (IRB) et Bernard Laporte (ancien ministre). C’est d’ailleurs dans ce cadre que François Lasne, la directrice du département des analyses de l’AFLD, avait suscité la polémique il y a quelques semaines de cela, pointant du doigt le rugby comme le sport le plus touché par le dopage en proportion du nombre de tests effectués.

Contepomi: "Aucune éducation sur la lutte anti-dopage dans le rugby"

Pour Contepomi, la situation n’est pas évidente ces dernières semaines: " En ce moment, il y a de la suspicion partout. Il faut que l’on améliore la lutte pour trouver les tricheurs. Des fois, certains ont conscience que tel ou tel produit n’est pas autorisé, mais d’autre fois non. Il faut que l’on revoit l’éducation collective. Au rugby, nous n’avons aucune éducation sur la lutte anti-dopage. Dans un monde où il y en a de l’argent et des intérêts, il faut également être sévère envers les médecins et les préparateurs physiques car ils sont concernés par ce problème […] A mon avis, dans les sports individuels, les sportifs sont mieux renseignés et sont plus concernés sur la lutte anti-dopage que ceux qui sont dans les sports collectifs où certains vont prendre des produits car les autres les prennent. Dans des sports comme le foot, le hand, le basket ou le rugby, si le docteur arrive la veille du match et nous dit de prendre une pilule, on la prend sans demander pourquoi ni ce qu’il y a dedans".

L’ouvreur du Stade français, également docteur, concède que les compléments alimentaires font partie intégrante de la vie de nombreux sportifs: "Il faut accepter une réalité: aujourd’hui 95% des sportifs prennent des compléments alimentaires. Je suis de la vieille école donc je n’en prends pas. Je n’en ai pris qu’en Angleterre au début de ma carrière car tout le monde en prend là-bas. En France, ce sont plus les Anglo-Saxons qui en prennent et les Français peuvent des fois suivre. Mais il n’y a pas de culture ici comme par exemple en Irlande. Les compléments dont je parle ne sont pas dans la liste des produits interdits […] Je crois que si l'on a une bonne alimentation, il n'y en a pas besoin. Il y a beaucoup de risques pour la santé mais nous n’avons pas encore de recul car ces suppléments sont arrivés depuis 15-20 ans. J’aimerais voir ce qui se passe pour quelqu’un qui prend ces produits au quotidien pendant 20 ans".

Contepomi: "En France, il y a un souci avec les internationaux"

Selon l’international argentin, il faut également faire une distinction entre les différents produits dopants: "Dans les personnes que l’on attrape, beaucoup sont pris pour des drogues 'sociales'. Il faudrait certainement réfléchir à quelque chose de plus efficace dans la manière de faire les contrôles […] La marijuana, pour moi, est une drogue sociale et elle n’aide pas pour les performances. A l’AMA, on discute actuellement pour savoir si on ne devrait pas l’enlever des produits prohibés. Pour moi l’alcool et la marijuana sont identiques sauf que l’alcool est socialement acceptée alors que la marijuana n’est pas légale. […] Quand tu vois que 60-70% des cas positifs dans le rugby sont dûs à la marijuana, il y a un problème mais plutôt d’éducation. Cela ne concerne pas le sport".

Autre sujet mis en avant par Contepomi au cours d’une audition de 50 minutes environ: la cadence du calendrier pour les Internationaux. "En France, il y a un souci avec les joueurs internationaux. Les joueurs en sélection finissent leur saison le 22-23 juin et la saison commence le 18 août, deux mois après. Provale (syndicat des joueurs, NDLR) demande quatre semaines de repos après les matchs de juin. Si vous comptez un mois de congés, vous revenez le 20 juillet et vous reprenez le championnat un mois encore après. Ces joueurs-là n’ont pas eu une préparation parfaite pour enchainer sur 10 mois de rugby. A mon avis, après deux ou trois ans à ce rythme, tu ne peux pas progresser physiquement, tu ne peux pas t’améliorer, tu prends même des risques pour ton corps et tu vas être obligé de prendre des produits pour tenir le rythme car la préparation n’a pas été correcte. En Irlande, si un joueur finit le 20 juin, il prend ses vacances puis huit semaines de préparation. Il manque les trois-quatre premières journées mais il est bien physiquement à l’image de Brian O’Driscoll qui a joué pendant 10-15 ans au top niveau malgré ses 34 printemps". Décidemment, la lutte anti-dopage n’a pas fini de faire parler d’elle.

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