Adieu Henri Domec !

Hélas, un autre participant à la grande aventure du Grand Lourdes nous a quittés. Il s'appelait Henri Domec, il avait 86 ans. Il était né à Lourdes en 1932, difficile de faire plus local que lui. Il jouait troisième ligne souvent aux côtés de Jean Barthe et bien sûr Jean Prat. Il était costaud pour son époque (1m 83, 91 kilos) mais savait se déplacer et jouer au ballon. On parla d'abord de lui de lui comme d'un athlète. Avec Jean Barthe, il formait une sorte de duo de superbes centurions romains, tout droits sortis d'un peplum de Cecil B De Mille.

"C'était un grand Monsieur, à tous égards. Un homme superbe, une personnalité adorable et un joueur très doué. Il était très fort techniquement, très complet. Il avait le talent d'un trois quart centre. Jean Barthe était plus spécialisé dans le combat, lui c' était le créateur, le technicien." explique Henri Gatineau, ancien rédacteur en chef de Midi Olympique.

Le FC Lourdes lui offrit cinq titres de champion et un challenge Yves Du-Manoir. Il formait une troisième ligne inoubliable avec son capitaine Jean Prat et Jean Barthe. Henri Domec participait à plusieurs combinaisons, mais il excellait dans la récupération des coups de pied de recentrage au cordeau de son ailier. "C'était une de ses spécialités en effet" poursuit Henri Gatineau. On le voyait aussi se détacher de la mêlée pour surgir au milieu de ses trois quarts : l'opération "Casquette". Une chose qui paraît un peu simpliste aujourd'hui, mais qui bien exécutée avait des effets magiques aux yeux des foules de l'époque.

L' apogée de la carrière d'Henri Domec fut sans doute la superbe finale de 1957 entre le FCL et le Racing (16-13) qui le vit marquer un essai après s'en être vu refuser deux. Il porta aussi le maillot de l'équipe de France à vingt reprises entre 1953 et 1958. Les Anglais l'avaient surnommé le "Terrific" pour la force de ses plaquages. Il fit partie de la première équipe à avoir battu les All Blacks en 1954 (3-0), une partie où les Français avaient été privés de ballons et où il avait pour mission de mettre des tampons aux brillants attaquants adverses et ça avait parfaitement marché.

Le Néo-Zélandais Bob Stuart avait alors dit dans la presse : "Henri Domec n'est pas un être humain, c'est un avion à réaction". Il était encore de l'aventure du titre de 1960 alors que Barthe et Prat n'étaient plus là. Mais il poussait en troisième ligne aux côtés de Michel Crauste et de Roland Crancée. Puis il partit à Cognac en tant qu'entraîneur-joueur qui lui offrit un nouveau challenge Yves- Du-Manoir. Il suivit le rugby jusqu'à ces dernières années en se rendant compte que les fameuses combinaisons qu'il pratiquait de son temps ne suffiraient plus.