Pelous : "Pierre avait le sens des autres"

  • Fabien Pelous et Pierre Camou
    Fabien Pelous et Pierre Camou
Publié le
Partager :

DECES CAMOU - L'ancien capitaine du XV de France et recordman de sélection en équipe nationale, Fabien Pelous, s'était ensuite engagé auprès de Pierre Camou à la FFR. Après la disparition de l'ancien président de la Fédération, l'ex-deuxième ligne veut retenir sa dimension humaine.

Rugbyrama : Quelle a été votre réaction à l'annonce du décès de Pierre Camou ?

Fabien PELOUS : J'avais eu moins de relations avec lui ces derniers temps car, rattrapé par la maladie, il s'était un peu isolé. Mais je ressens bien sûr la tristesse d'avoir perdu un homme du rugby comme on en a peu vu et comme on n'en voit plus. Ceci dans sa fidélité en amitié, dans ce qu'il représentait par rapport à notre sport, tout ce qu'il a de belles valeurs.

Quels sont les premiers mots qui vous viennent à l'esprit lorsqu'on évoque sa personne ?

F.P. : Sa dimension humaine, son rapport aux hommes. Je crois que c'est ce qui le caractérisait le plus. Il avait cette faculté d'empathie, cette propension à aller vers les gens et à les aimer, à rassembler autour de lui. Comme un patriarche apprécie réunir sa famille. La famille de Pierre, c'étaient les rugbys. Et il aimait s'entourer de rugbymen, de rubgywomen, des tous les acteurs de notre sport, des dirigeants, des joueurs. Tous ceux qui l'ont connu seront d'accord avec moi pour dire qu'il avait le sens de l'autre. C'est ainsi que je le définirais.

Vous rappelez-vous vos premiers rapports avec lui ?

F.P. : Oui, c'était quand j'avais été cité lors de la Coupe du monde 1999. Il m'avait accompagné à Londres devant le Conseil de discipline. C'est la première fois qu'on avait eu une relation plus proche. On avait discuté tous les deux et j'avais tout de suite ressenti son amour pour le rugby. Puis le fait qu'il devienne président de la Fédération n'avait fait que renforcer cette idée. Sa politique, tout au long de ses huit ans de mandat, a quand même tendu vers cette envie de réunir toutes les composantes du rugby.

Avez-vous d'autres souvenirs particuliers de Pierre Camou ?

F.P. : Ce qui me revient en premier lieu, ce sont les moments de sa présidence, plutôt en rapport avec la politique du rugby. Mais pour définir Pierre, je dirais qu'on pouvait le croiser le matin en réunion sur des sujets importants avec des sponsors ou pour initier par exemple l'organisation de la Coupe du monde qui va se dérouler en France en 2023, et le retrouver le soir au bar en train de discuter avec les joueurs en formation qui venaient passer leur BE (Brevet d'Etat, N.D.L.R.) à Marcoussis. Il avait cette palette de relations qui lui permettait d'être à l'aise dans n'importe quel milieu et d'y être efficace. Il laissait toujours une impression humaine derrière lui.

Justement, quelle trace laissera-t-il dans le rugby français ?

F.P. : J'espère celle que je viens de décrire, l'image d'un homme qui a essayé de construire, dans un moment qui n'était pas facile quand on se remémore ces huit années-là, avec les tensions entre le rugby professionnel et le rugby amateur, avec l'éclosion du rugby féminin pour lequel il a beaucoup œuvré. Au moment aussi où notre sport se penchait sur la sécurité du rugbyman. C'est malheureusement d'actualité mais je crois qu'il a été moteur dans toutes ces problématiques. Encore une fois, je le voyais plus comme un père ou un grand-père qui veillait sur ses ouailles et qui faisait tout pour que ce sport reste praticable partout, avec la volonté farouche de voir chacun s'amuser sur les différents terrains.

C'est aussi quelqu'un qui vous avait donné envie de vous investir à ses côtés...

F.P. : Qui m'avait donné l'opportunité de m'engager surtout. Il m'a suivi, au départ un peu de loin, mais il m'a fait confiance. D'abord en me confiant des responsabilités auprès des jeunes, puis en m'invitant au Comité directeur de la FFR par la suite. Je pense qu'il voulait me mettre le pied à l'étrier parce que, malgré tout, je crois être un peu dans la même veine que lui sur cette envie de rassembler les rugbys. Je crois qu'il avait senti cela en moi et il avait sûrement reconnu cette fibre chez moi. C'est ce qui nous avait rapprochés.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?