Mondial 2023 : l’Amérique du Sud veut un qualifié direct

  • International - Bill Beaumont (World Rugby)
    International - Bill Beaumont (World Rugby)
Publié le Mis à jour
Partager :

MONDIAL 2023 - L’annonce du processus de qualifications pour la prochaine Coupe du monde qui aura lieu en France en 2023 fait grincer des dents en Amérique du Sud. Et ravive des tensions entre Nord et Sud suite à l’élection de Beaumont à la présidence de World Rugby, au détriment de Pichot.

La crise sanitaire a eu des effets que l’on ne soupçonne guère. Et notamment sur le Mondial 2023.Il y a quinze jours, World Rugby a annoncé le futur format des qualifications. Pas grand-chose de révolutionnaire au demeurant (une place en plus pour l’Europe au détriment de l’Océanie) mais cette annonce a fait grincer des dents en Amérique du Sud.

En effet, initialement, les deux billets des Amériques devaient être délivrés via l’Americas Rugby Championship 2022 avec une qualification directe pour les deux premiers de la compétition (plus une place en repêchages pour le troisième), au calendrier calqué sur le Tournoi des 6 Nations (février-mars) et qui comprend les Etats-Unis, le Canada, l’Uruguay, le Chili, le Brésil et Argentine XV (la réserve des Pumas). Tout ceci sur fond de rapprochement en Sudamerica Rugby(SR) et Rugby Americas North (RAN), dans le but de fusionner ces deux fédérations régionales pour n’en créer plus qu’une seule : Americas United.

Mais le soutien du Canada et d’une partie de la Confédération nord-américaine pour Bill Beaumont a semé la discorde entre Sebastián Piñeyrua, le président uruguayen de SR, et Tim Powers, le président de la Fédération canadienne. Logiquement, Sudamerica Rugby souhaitait l’élection d’Agustin Pichot, tout comme la Fédération des Etats-Unis. "Les deux candidats avaient des qualités et il faut que la gouvernance de World Rugby change mais la priorité en ces temps de coronavirus, c’était la stabilité en cette période difficile et incertaine", a déclaré Powers ; ce à quoi Piñeyrua a répondu : "La clé était de comprendre qui a travaillé au cours des cinq dernières années pour offrir des opportunités aux Amériques et de l’en remercier. Vraiment très décevant de votre part."

Malgré tout, des voix discordantes se sont fait entendre chez les Canucks, notamment de la part du représentant canadien au Conseil de World Rugby, Pat Parfrey : "World Rugby est une bureaucratie qui gagne beaucoup d'argent grâce à la Coupe du monde et qui distribue cet argent au cours des trois années suivantes. Bien qu’il y ait des paroles affirmant qu’il existe un soutien aux équipes du Tier-2, la réalité est que les pays fondateurs obtiennent la majeure partie de l'argent parce qu'ils sont également fragiles. Pour que le rugby devienne un sport davantage attrayant, vous aurez besoin de plus de douze pays en compétition."

Le mariage n’est donc plus désiré et Sebastián Piñeyrua exige désormais qu'une place soit garantie pour la Zone Amérique du Sud. Ce n’est pas une demande entièrement nouvelle mais après les exploits de l’Uruguay au Mondial japonais l’année dernière, elle a désormais un réel poids. L’Argentine étant déjà qualifiée automatiquement pour 2023, ce billet se jouerait entre l'Uruguay, le Chili et le Brésil, les États-Unis et le Canada se disputant un billet à deux au Nord. Ceci entraînerait alors un barrage entre les finalistes de chaque Zone pour connaître qui basculerait vers les Repêchages (printemps 2023), qui donnera le vingtième et dernier billet pour la Coupe du monde au vainqueur. Dans les projections, selon le classement mondial actuel, le Canada pourrait affronter le Brésil.

Cette configuration menacerait fortement l’Americas Rugby Championship , lancé en grandes pompes en 2016 sur insistance de Pichot, alors vice-président de World Rugby, pour créer une compétition capable de tirer le rugby continental vers le haut et qui avait fini par trouver son rythme de croisière. Sebastián Piñeyrua envisage sérieusement de réduire son statut à un tournoi de développement voire de supprimer ce tournoi, comme il l’a annoncé dans un entretien au quotidien El Observador : "Parmi les dirigeants sud-américains, nous voulons élaborer des choses qui répondent à la nouvelle réalité. Cela passe par construire une Super Liga Sudamericana (SLAR, compétition de franchises lancée en 2020), renforcer la fenêtre internationale d‘ octobre et novembre et combler août et septembre avec des compétitions. Cela pourrait être une Coupe latine avec la Géorgie et la Roumanie, l'Argentine et les États-Unis ou un accord avec l'Afrique du Sud, pour une Currie Cup nouvelle version. Mais pour nous, l'ARC n'est pas une priorité."

Le fait que le Canada se soit rangé du côté de la vieille garde en maintenant son engagement envers le Commonwealth, au lieu d'appuyer un candidat des Amériques, a attiré la colère du Sud qui considère désormais que l'Amérique du Nord - ou du moins le Canada - est plus proche de l'Europe. Pour Sebastián Piñeyrua, il est inacceptable que les votes de Rugby Canada et de Rugby Americas North soient de fait contraires à ce qui avait été envisagé sous l’angle d’une région des Amériques unie. "Nous devons nous soucier de notre propre avenir, conclut l’Uruguayen. Nous ne voulons pas être surpris et nous retrouver seuls du jour au lendemain. Aujourd'hui, nous n'avons aucune garantie. Le concept d'union entre les Amériques a été considérablement affaibli puisque l'Amérique du Nord n'a pas soutenu Pichot et a donné deux voix pour chaque candidat. S'ils n'ont pas soutenu leur propre candidat, à quoi ça sert?"

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?