L'antisèche : De la conquête pour une reconquête historique

Par Rugbyrama
  • Siya Kolisi (Afrique du Sud)
    Siya Kolisi (Afrique du Sud)
  • Kyle Sinckler (Angleterre)
    Kyle Sinckler (Angleterre)
  • Makazole Mapimpi
    Makazole Mapimpi
Publié le
Partager :

COUPE DU MONDE 2019 - Pas forcément favoris, les Sud-Africains ont réalisé le match parfait en finale. Patients et appliqués, ils ont aussi su profiter de la baisse de régime anglaise pour tuer la rencontre grâce à deux exploits de Mapimpi et Kolbe. Ils deviennent ainsi l'équipe la plus titrée aux côtés des All-Blacks.

Le match : No scrum, no win

C'est indéniable, comme annoncé, le combat et la conquête ont joué un rôle prépondérant dans la victoire sud-africaine. En effet, dès le début de la rencontre, l'Angleterre a été prise sur les fondamentaux. Notamment en mêlée où ils concèdent quatre pénalités sur l'ensemble de la rencontre. Bien trop pour espérer renverser des Springboks sûrs de leurs forces. Pourtant, on notera que ces derniers n'ont pris le large qu'en seconde période puisque la marque était serrée à la pause (6-12).

Une maîtrise parfaite du pack, un buteur en réussite malgré un premier loupé, et des trois-quarts inspirés... Il n'en fallait pas plus pour enterrer les espoirs de sacre du XV de la Rose. Mapimpi (67e) et Kolbe (75e) ont alourdi l'addition. Salée, il est vrai, mais qui reflète pourtant parfaitement la physionomie du match.

Pollard et les siens sont désormais sur le toit du monde, grâce à un rugby clinique, par forcément virevoltant, mais ô combien efficace. Tous les ingrédients ont été mis pour remporter une troisième Coupe du monde, notamment grâce à une montée en puissance au fil de la compétition. Amplement mérité.

Le fait du match : Kyle Sinckler privé de finale

Quelle désillusion pour le pilier des Harlequins ! Alors qu'il est peut-être le meilleur pilier du Mondial, Sinckler n'a pas pu défendre les couleurs anglaises en finale. Et pour cause, malgré sa logique titularisation, c'est sur un K.O dès la troisième minute qu'il a mis un terme à sa Coupe du monde. Une grosse percussion de Mapimpi, lancé, un double plaquage aux côtés de Maro Itoje et un coup d'épaule involontaire de ce dernier dans la tempe...

Kyle Sinckler (Angleterre)
Kyle Sinckler (Angleterre)

Le remplacement était inévitable et les images impressionnantes. C'est finalement Dan Cole qui a pris la relève. Et quand on sait à quel point il a souffert face à "The Beast", on peut logiquement penser qu'il s'agit d'un premier tournant dans cette finale. Une vraie participation aurait été une juste récompense après les belles prestations réalisées par le pilier droit tout au long de la compétition.

Les joueurs du match : la pack et son buteur

En finale d'une Coupe du monde, l'un ne va pas sans l'autre. Le huit de devant sud-africain a concassé l'Angleterre tout au long de la rencontre. En récupérant quatre pénalités sur des mêlées, en volant deux touches primordiales, en dominant les zones de rucks mais aussi en provoquant quatorze turnovers adverses. Derrière, Handré Pollard a sanctionné. Un seul petit échec sur sa première tentative mais sans conséquence(s) puisqu'il a assuré par la suite. Au final, il inscrit 22 points à 8/10 face aux perches. Efficacité, pragmatisme et réalisme... L'Angleterre n'a rien pu faire.

L'essai : Mapimpi plie le match

Alors que les Sud-Africains n'étaient pas à l'abri d'un retour adverse (12-18), Luk Am et Makazole Mapimpi ont décidé de tuer le sort de la rencontre. Un bel enchaînement de la part des Boks qui écartent jusqu'à l'aile gauche. Après plusieurs fixations, Am décale Mapimpi lancé qui élimine Watson à la course et se retrouve en un contre un face à Daly. L'ailier utilise un jeu au pied par-dessus que récupère son centre. Ce dernier aurait pu aller au bout de ce mouvement de cinquante mètres mais offre l'essai à Mapimpi d'une magnifique passe aveugle (la première réalisation sud-africaine dans une finale). Le score est fait (12-25 à la 66e), plus rien ne pouvait alors arriver à l'Afrique du Sud.

Makazole Mapimpi
Makazole Mapimpi

Mais nous pouvons aussi souligner l'essai du K.O signé Cheslin Kolbe après un magnifique exploit personnel sur son aile droite. Pas de l'oie, accélèration, crochet dévastateur et talent de finisseur... Il y a tout eu à la 75e dans cette inspiration dont lui seul a le secret. Bien entendu, plus que jamais, l'ailier de poche du Stade toulousain postule pour être élu meilleur joueur de l'année.

Le chiffre : 2

Mine de rien, ce n'est pas une statistique sur le jeu courant que l'on va retenir aujourd'hui. Mais bien la deuxième fois que François Steyn devient champion du monde. En effet, le trois-quart polyvalent était déjà là en 2007 lors du sacre face... aux Anglais. Le Montpelliérain ajoute donc ce trophée majeur à son palmarès et ce, même s'il n'a pas trop joué lors des phases finales. Seulement, il était bien présent sur chaque feuille et son expérience a certainement compté. Une belle récompense pour ce joueur d'exception, respecté de tous et auteur d'une carrière digne de ce nom.

La question : les Anglais ont-ils joué leur finale avant l'heure face aux Blacks ?

La question se pose forcément. Impressionnants la semaine passée contre la Nouvelle-Zélande, les Anglais n'ont pas vraiment existé ce samedi. Peut-être ont-ils laissé trop d'énergie lors de la demi-finale... Cela s'est notamment vu sur la fin de la rencontre où les Sud-Africains ont pris le dessus physiquement. Sur la densité physique, en mêlée, dans les déplacements, la fraîcheur était du côté des Boks. Et malgré un premier match de poule perdu face aux Blacks, c'est bien eux qui sont au bout.

Par Mathieu Vich

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?