La surprise uruguayenne

Par Rugbyrama
  • Santiago Arata (Uruguay)
    Santiago Arata (Uruguay)
  • Filipo Nakosi (Fidji) contre l'Uruguay
    Filipo Nakosi (Fidji) contre l'Uruguay
  • Berchesi - Fiji-Uruguay - 2019 Rugby World Championship - Getty Images
    Berchesi - Fiji-Uruguay - 2019 Rugby World Championship - Getty Images
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COUPE DU MONDE 2019 - Formidable vainqueur des Fidji en poule, la formation uruguayenne s'est aussi illustrée de moins belle manière, en étant à l'origine d'une bagarre dans un bar de Kumamoto. Pas sûr dès lors que l'on ne retienne que le beau jeu de Los Teros de leur Mondial japonais...

On attendait de ce Mondial japonais, presque exclusivement survolé par les cadors, enfin une surprise à la hauteur de l'événement, quelque chose de peu ou prou similaire à l'exploit mythique du Japon face à l'Afrique du Sud à Brighton, en 2015. La Namibie, le Canada ou les Américains tous battus pour leur entrée en lice, la surprise est finalement venue de là où en l'attendait le moins, Kamaishi. C'est là-bas, dans ce stade sommaire mais charmant de la province d'Iwate, située au Nord de l'île principal de l'archipel, que l'exploit fut. Là-bas que lors d'un modeste match de semaine face aux funambules fidjiens, Los Teros ont fait parler magie du Mondial.

Pour rappel, les joueurs du Pacifique sortent d'une saison aboutie avec, entre autres, une victoire au Stade de France un peu moins d'un an auparavant, et comptent dans leurs rangs des talents individuels uniques parmi les Tuisova, Botia ou encore Yato. Mieux, quelques jours plus tôt, les partenaires de Radradra viennent de donner de vrais frayeurs aux Australiens à Sapporo, eux qui malgré une défaite 37 à 21 sur la fin, menaient encore et avec la manière à l'approche de l'heure de jeu. On pensaient alors que cette rencontre face à une équipe composée que d'une poignée de joueurs professionnels serait une aubaine pour que les Fidjiens soignent leurs stats.

Filipo Nakosi (Fidji) contre l'Uruguay
Filipo Nakosi (Fidji) contre l'Uruguay

Pourtant, après une entame de match incroyable, l'Uruguay menait déjà assez largement à la pause (12 à 24), grâce notamment au pied de son ouvreur. Face à l'agressivité chronique des Américains du Sud, jamais les magiciens fidjiens ne purent vraiment exprimer leur talent, constamment chahutés par une défense pressante au possible ou des approximations techniques si rares de leurs standards.

Moins costauds et rapides mais plus obstinés, les partenaires de Gaminara ralentissaient alors toutes les offensives adverses et tenaient bon malgré l'apport énergétique du banc des monstres du Pacifique. Au bénéfice de tous leurs efforts, des essais de Diana et Cat et des 15 points de Felipe Berchesi, l'Uruguay s'offrait alors la troisième victoire de son histoire en Coupe du Monde (27 à 30), la première depuis 2003. Héroique.

Courage et déboires

Et après nous direz vous? Après, et de manière encore plus surprenante, l'Uruguay n'a pas vraiment baissé de pied à vrai dire. Grâce à une envie débordante, ses 11 joueurs rodés à l'exercice de la Major League (nouveau championnat professionnel américain), l'apport physique du deuxième ligne d'Oyonnax, Manuel Leindekar (2m03 pour 118 kg), la défense de fer de ses centres Vilaceca et Cat ou la gestion très intéressante de sa charnière Ormaechea - Berchesi estampillée championnats de France, Los Teros ont toujours posé de vraies difficultés à leurs adversaires.

À l'Australie d'abord, qui dû user de ses talents individuels pour contourner leur rude ligne de défense. Et si la dernière nation qualifiée pour la coupe du Monde baissa logiquement en intensité face aux rugueux Géorgiens (33 à 7) ensuite, pour ce qui constituait leur troisième match en moins de deux semaines au Japon, celle-ci retrouva un peu de fraîcheur pour embêter avec ses armes les Gallois lors de la dernière journée (35 à 13).

Berchesi - Fiji-Uruguay - 2019 Rugby World Championship - Getty Images
Berchesi - Fiji-Uruguay - 2019 Rugby World Championship - Getty Images

Seule ombre au tableau, et pas des moindres, les Sud-Américains ont terminé leur Mondial par une sortie dans un bar de Kumamoto, lieu de leur dernier match, histoire de bien achever une phase de poule éprouvante. Et le caractère chaud de ces derniers a beaucoup fait parler dans un pays si respectueux comme le Japon, lorsque Gaminara et ses partenaires s'y sont battus et auraient causé plusieurs milliers d'euros de dommages dans l'établissement.

Si la Fédération uruguayenne s'est excusée, tout autant qu'elle a cherché à étouffer l'affaire, on imaginait mieux comme anecdote pour quitter le Mondial par la grande porte. Et si les amateurs de polémiques avaient jusqu'ici la tête aux phases finales, bientôt ils ne retiendront probablement que ça de la compétition de Kessler et ses partenaires. Et voilà comment une fois l'euphorie du Mondial passée, l'exploit fantastique de l'Uruguay sera vite oublié...

Par Théo Fondacci

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