Kamaishi, le jour d’après avec le rugby

  • Japon - Le stade de Kamaishi
    Japon - Le stade de Kamaishi
  • Japon - Le stade de Kamaishi
    Japon - Le stade de Kamaishi
  • Ben Volavola sera à l'ouverture face à la Section Paloise
    Ben Volavola sera à l'ouverture face à la Section Paloise
Publié le Mis à jour
Partager :

COUPE DU MONDE 2019 - Si l’Uruguay a signé face aux Fidji le premier grand exploit de ce Mondial japonais, il restera du premier match à Kamaishi le vibrant hommage rendu aux victimes du tsunami de 2011. Cité historique du rugby nippon, son cœur bat toujours très fort pour le ballon ovale.

Il y a des moments qui marquent une vie, et ce match entre les Fidji et l’Uruguay restera à coup sûr gravé dans la mémoire des 14 025 spectateurs présents ce jour au Kamaishi Recovery Memorial Stadium. Rien que d’écrire ces lignes fait ressortir une émotion assez unique… Car accéder à ce bout du Japon n’est pas forcément aisé depuis Tokyo, du moins il nécessite de ne pas perdre patience dans les trains, limités parfois à un unique petit wagon. Mais cela favorise les échanges pour aller jusqu’à Kamaishi qui n’est pas inconnue au Japon puisqu’il s’agit d’une place forte du rugby. Autrefois porté par le fleuron de l’acier Nippon Steel, le Nippon Steel Kamaishi RFC a remporté à sept reprises le championnat entre 1979 et 1985, et il est maintenant soutenu par la ville et connu sous le nom de Kamaishi Seawaves.

En route pour #Kamaishi, déjà des rencontres incroyables dans le train ! De supers échanges avec Ono, Hayashi, Horikawa ?? aussi Miguel et Agustina ?? et Emmanuel ??. Cette #RWC2019 permet de vivre des moments uniques. #WebbEllisCup #FIJvURU #RWCKamaishi À lire sur @RugbyramaFR pic.twitter.com/w4O1gvpKf0

— Julien Plazanet ???? (@JulienPlazanet) September 25, 2019

Le nom de Kamaishi fait surtout ressurgir la pensée du tsunami du 11 mars 2011 et le souvenir des 1 063 vies volées dans la cité de 34 000 habitants, au Nord-Est de Tokyo. Là-bas tout rappelle la catastrophe, ou plutôt tout est fait pour commémorer la mémoire des victimes. Le stade est posé à Otsuchi, l’une des baies de Kamaishi, au pied de magnifiques montagnes dominées par le vert des pins et où l’on a bien du mal à croire qu’une tragédie s’est produite. Il y a un peu plus de huit ans à cet endroit précis, une vague a tout emporté avec elle et notamment deux écoles. Ses 400 enfants ont alors couru, couru, et se sont miraculeusement réfugiés sur les hauteurs. Sur ces décombres, 5 mètres plus haut, l’on trouve dorénavant ce petit stade dont la capacité a été portée de 6 000 à 16 000 places pour la Coupe du monde.

Japon - Le stade de Kamaishi
Japon - Le stade de Kamaishi

La résilience des habitants mise à l’honneur

Ici, les travaux de réhabilitation se poursuivent encore et d’immenses murs et barrages ont fait leur apparition le long de la côte. L’un est d’ailleurs visible depuis la seule tribune permanente du Kamaishi Recovery Memorial Stadium et quand on connait les raisons de cette construction, l’on chasse vite la pensée qui voudrait que cela dénature le paysage. Âgés d’une soixantaine d’années, Ono, Hayashi et Horikawa sont des anciens du Jonan Rugby Club et ont fait le long trajet pour ne pas rater l’évènement qui s’y déroule ce 25 septembre 2019. "Ce lieu a été dévasté et le rugby marque le nouveau départ de la ville, tout comme ce match. Nous voulions nous joindre à cette cérémonie sachant que la société pour laquelle nous travaillons a construit le terrain. Il est donc familier pour nous", témoignent-il en cœur.

Énormément d’émotion autour de ce #FIJvURU avec la petite cité de #Kamaichi qui s’est en partie reconstruite après le tsunami de 2011 grâce au rugby. Cérémonie organisée avant le match au mémorial, puis le match... #RWC2019 #WebbEllisCup #RWCKamaishi pic.twitter.com/OGuEJR7KZt

— Julien Plazanet ???? (@JulienPlazanet) September 25, 2019

Les grues sont encore à l’œuvre, tandis que le mémorial est debout, tout comme les repères indiquant la hauteur de la vague. "Courez, courez vers les hauteurs et dites aux futures générations qu’un tsunami est monté jusqu’ici", peut-on lire sur la pierre. Là, des spectateurs se recueillent avant d’aller assister à cette fête du rugby, et se rendent dans un petit musée sur leur trajet menant à l’enceinte, tandis que le ministre chargé de la réhabilitation suite à la catastrophe, Tanaka Kazunori, dépose une gerbe de fleurs après avoir traversé la foule. De nombreuses commémorations s’enchainent tout au long de l’après-midi, avec une minute de silence ou encore un passage remarqué dans les airs de la patrouille Blue Impulse. Tout aussi remarquée que la présence dans les tribunes du prince Akishino, frère de l’empereur du Japon.

Des couleurs, des enfants, des souvenirs…

Rugby et souvenirs s’entrecroisent sans cesse, surtout quand un ballon dédicacé par les gloires locales est exposé dans le petit musée, aux côtés des panneaux retraçant la trajectoire du raz-de-marée et les dessins d’enfants. L’on tombe cette fois sur Ema en train de rédiger un hommage sur un mur prévu à cet effet. Elle n’est autre que la mère de l’ouvreur fidjien Ben Volavala et insiste sur le fait que "tout le monde est ensemble pour essayer de donner de la joie à la communauté de Kamaishi. Je suis tellement heureuse d’être ici pour partager cela. Je sais que la communauté du rugby à aider à reconstruire la ville. Ils ont fait preuve de persévérance, de détermination et de courage." Le public continuer d’arrive en masse au rythme des petits trains déposant le flot de spectateurs au milieu des constructions nouvelles.

Ben Volavola sera à l'ouverture face à la Section Paloise
Ben Volavola sera à l'ouverture face à la Section Paloise

Les tribunes sont quant à elles garnies de milliers d’enfants réagissant au moindre évènement, et un virage leur a même été entièrement dédié, offrant par la même occasion un mélange saisissant de couleurs. Les cris se font entendre, ils prêtent à sourire. À cet instant chaque moment, chaque discussion, chaque rencontre, est aussi riche que la précédente. "Nous savons tout le symbole de ce match et nous voulions qu’il soit valorisé", témoigne ainsi Miguel qui est le père du troisième ligne uruguayen, Alejandro Nieto. Le spectacle proposé avec le succès des Teros est en plus saisissant et rajoute un côté plus symbolique à l’instant, d’autant que ce duel entre Fidjiens et Uruguayens n’était pas l’unique occasion pour honorer Kamaishi qui sera le théâtre de la rencontre entre la Namibie et le Canada, le 13 octobre.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?