Japon : de Brighton à Tokyo, une histoire forte liée aux Springboks

  • Les Japonais après leur exploit en 2015
    Les Japonais après leur exploit en 2015
  • Test match - Michael Leitch (Japon) contre l'Afrique du Sud
    Test match - Michael Leitch (Japon) contre l'Afrique du Sud
  • Lappies Labuschagne - Japon - Coupe du monde
    Lappies Labuschagne - Japon - Coupe du monde
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COUPE DU MONDE 2019 – Ce dimanche à Tokyo, le Japon retrouvera l’Afrique du Sud en quart, un adversaire symbolique pour le rugby japonais et peut-être une nouvelle étape vers une histoire encore plus folle.

Depuis ce que tout le monde appelle désormais "le miracle de Brighton" et cette victoire retentissante du Japon face à l’Afrique du Sud lors de la Coupe du Monde 2015, il est sans cesse fait référence à cette performance pour évoquer le nouvel élan du rugby japonais. Et il n’était pas anodin de voir les Brave Blossoms défier à nouveau les Boks, quelques jours avant l’ouverture du Mondial 2019 (défaite nippone 41 à 7, ndlr), comme s’il fallait se remémorer ce souvenir pour tenter d’emballer le public. Depuis, quatre victoires en phase de poules sont passées par là pour la bande à Jamie Joseph et ont servi la cause du rugby au pays du Soleil-Levant, et voir ces deux nations se retrouver en quart est tout aussi fort en symbole. Comme si chaque étape s’inscrivait désormais face aux Sud-Africains, alors que les Japonais sont en plus auréolés du titre de première nation asiatique à atteindre ce stade de la compétition. On peut donc aisément imaginer la portée qu’aurait un nouvel exploit !

Et les symboles d’une opposition entre le Japon et l’Afrique du Sud peuvent également se décliner au Super Rugby, car la performance de 2015 avait en partie contribuée à l’entrée des Sunwolves dans ce championnat fermé. La franchise japonaise avait ensuite disputé son premier match dans cette compétition face aux Lions, basés à Johannesburg, et le premier succès face à une équipe de l’ex-SANZAR fut décroché contre les Bulls, franchise quant à elle située à Pretoria.

Des parcours individuels qui nourrissent une rivalité

Avant ce rendez-vous, la motivation est ainsi perceptible car "on ne tombera pas dans l'autosatisfaction. Les quarts ne sont pas une fin en soi. On a une nouvelle opportunité de montrer ce qu'on sait faire, et tout le monde a envie de continuer à montrer ça le plus longtemps possible. Le monde entier a découvert le rugby japonais il y a quatre ans, et les fans japonais s'en souviennent encore. Cette fois, on a l'occasion de leur faire revivre ça en direct", déclare le capitaine Michael Leitch.

Test match - Michael Leitch (Japon) contre l'Afrique du Sud
Test match - Michael Leitch (Japon) contre l'Afrique du Sud

Néo-Zélandais de naissance (comme Lomano Lemeki, Luke Thompson, Hendrik Tui et Will Tupou, ainsi que Toni Brown et Scott Hansen dans le staff), il a probablement encore au fond de lui ce sentiment de rivalité historique qui peut exister avec les Sud-Africains. "J’ai vraiment conscience de la rivalité qui peut exister et j’ai eu l’occasion de jouer trois quatre fois contre l’Afrique du Sud. Ça a toujours été un grand moment", confie à ce sujet le sélectionneur Jamie Joseph, qui compte 20 capes avec les All Blacks. "J’ai grandi avec ça. En plus, vous savez que vous ne serez pas déçu face à l’Afrique du Sud. C’est le message que j’ai transmis aux joueurs. C’est un peu différent d’il y a 20 ans. Maintenant c’est rapide et physique. À l’époque, c’était plus de bagarres mais toujours dans le respect. À la fin du match, on passait à autre chose, on était juste des gars qui avaient disputé une partie de rugby ensemble", poursuit-il. Mais il y aura bien un facteur de motivation supplémentaire, qui plus est renforcé et tout aussi grand pour les joueurs natifs d’Afrique du Sud.

Le Japon est devenu notre nouvelle maison

On pense alors à Kotaro Matsushima, né à Pretoria d’un père zimbabwéen et d’une mère japonaise, et qui a été préservé des sollicitations cette semaine. Sa présence annoncée avait excité la presse nippone avant que celui-ci ne soit cantonné à des soins sur le créneau programmé pour sa prise de parole… Le deuxième ligne Wimpie van der Walt est dans ce cas aussi, lui qui fait son retour dans le groupe "pour sa puissance physique" argumente Jamie Joseph, et pour le symbole.

Et il y a enfin Lappies Labuschagné pour qui cette référence "appartient au passé. J’aime vraiment l’Afrique du Sud mais j’aime aussi le Japon. C’est notre équipe. C’est devenu notre nouvelle maison. Nous voulons rendre tout le monde fier au Japon. Tout le monde dans ce groupe travaille vraiment dur pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Continuons de jouer les uns pour les autres pour ne faire qu’une seule équipe." Le troisième ligne qui inclut dans sa déclaration ses coéquipiers naturalisés. De plus, jouer les Boks est presque devenu un Graal recherché par les Brave Blossoms, "C’est l’une des meilleures équipes au monde et j’avais envie de cette expérience, explique Kazuki Himeno, qui avait raté la confrontation du mois de septembre. Aujourd’hui c’est mon tour, et je suis impatient. Il me tarde de savoir si je peux rivaliser face à leur dimension physique", développe le troisième ligne, entrainé par le Sud-Africain Jake White aux Toyota Verblitz.

Lappies Labuschagne - Japon - Coupe du monde
Lappies Labuschagne - Japon - Coupe du monde

Le Japon a de l’admiration pour l’Afrique du Sud

L’ancien technicien de Montpellier incarne en effet cette philosophie basée sur la domination physique de l’adversaire, à l’inverse de ce rugby technique et basé sur la vitesse que développe le Japon. Voilà pourquoi les questions de la presse japonaise ont beaucoup tourné autour de cette opposition de style tout au long de la semaine, avec parfois des propos qui laissait sous-entendre un complexe et présentant le futur adversaire comme LA référence mondiale dans ce registre de la puissance. "On sait forcément ce qui nous attend. Ils ont un énorme paquet d’avants et vont se focaliser sur les mauls et la mêlée, et ils ont bien raison. Ils sont excellents dans cet exercice. Et ils ont un superbe jeu au pied, notamment sur les ballons à suivre. La difficulté pour nous sera de réussir à peser sur leur jeu", annonce quant à lui Scott Hansen, l’entraineur de la défense du Japon avant ce qui sera donc une opposition de style et symbolique, avec une formation japonaise qui conservera à coup sûr son identité.

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