Hansen-Jones, petit jeu entre amis

Par Rugbyrama
  • Coupe du monde 2019 - Steve Hansen (Nouvelle-Zélande) et Eddie Jones (Angleterre)
    Coupe du monde 2019 - Steve Hansen (Nouvelle-Zélande) et Eddie Jones (Angleterre)
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COUPE DU MONDE 2019 - Après, ils "prendront une bière ensemble". Mais avant la demi-finale de Coupe du monde entre leurs deux équipes, samedi à Yokohama, les sélectionneurs de l'Angleterre Eddie Jones et de la Nouvelle-Zélande Steve Hansen ne s'épargneront aucun coup de "mind games", les luttes d'influences pour renverser la pression sur l'adversaire.

Ils ne se connaissent que trop bien, pour avoir commencé à croiser le fer il y a près de vingt ans. Nés à un an d'écart, anciens joueurs honnêtes jamais internationaux, Jones (59 ans) l'ancien talonneur et Hansen (60 ans) l'ex-centre se sont ainsi croisés pour la première fois en 2000 quand le second, alors adjoint aux Crusaders, remporte le Super Rugby en battant en finale les Brumbies du premier. L'Australien Jones parviendra au titre suprême des provinces de l'hémisphère Sud l'année suivante, avant de prendre en main les Wallabies (2001-2005), quand Hansen quittera la Nouvelle-Zélande pour devenir entraîneur en chef.

Au pays de Galles (2002-2004), avant de rentrer au pays pour devenir adjoint des All Blacks : il monte sur le toit du monde une première fois (2011), puis quatre ans plus tard seul aux manettes. Jones aussi a été dans un encadrement sacré roi de la planète, celui de l'Afrique du Sud (2007), en tant que consultant. Avant de prendre en main le Japon (2012-2015), mené à une historique victoire contre l'Afrique du Sud lors du Mondial 2015, puis donc le XV de la Rose. Bref, les deux hommes se sont souvent croisés, et s'apprécient. Ils ont d'ailleurs échangé par messages, après leur victoire respective en quarts de finale (contre l'Australie pour l'Angleterre, l'Irlande pour la Nouvelle-Zélande) qui les a envoyés l'un contre l'autre samedi. "On a écrit la même chose : hâte de te retrouver et peu importe le résultat, nous prendrons une bière après" a révélé Hansen.

"Capacité à sentir les coups"

Lors de leur conférence de presse, mardi, ils ont d'ailleurs presque rivalisé de flatteries. Surtout Hansen, parlant de Jones comme d'"un gars intelligent" qui "aime le jeu", a "cette capacité à sentir les coups et à le transmettre à ses adjoints et joueurs", et possède une "éthique de travail". Jones s'est montré un peu moins prolixe : "Avant tout, c'est un bon mec. Ensuite, il a un palmarès énorme. On ne fait pas mieux." Mais le madré australien en avait gardé sous le coude pour la Nouvelle-Zélande dans son ensemble et lui mettre la pression dans une de ces luttes d'influences qu'il maîtrise à la perfection, en vieux routier du circuit international.

Il a ainsi raconté que l'entraînement de l'Angleterre, toujours mardi, avait été filmé depuis l'immeuble d'en face. Bien sûr, "il pouvait très bien s'agir d'un supporter japonais", mais tout le monde a compris qu'il n'en pensait sans doute pas un mot. Le message était passé, et son adjoint (néo-zélandais) John Mitchell a passé la deuxième lame mercredi en insinuant que les All Blacks étaient derrière cette tentative d'espionnage.

"Voilà un titre pour vous !"

Deuxième coup de pression : il a estimé que les Néo-Zélandais avaient justement une pression maximum, à l'inverse de son équipe, étant double tenants du titre et "soutenus par 120 millions de Japonais". Rien que ça. Avant de qualifier les journalistes nationaux de "supporters avec un clavier." Hansen ayant tenu sa conférence de presse avant, il n'a pu répondre. Mais il a quand même posé une pierre dans le jardin anglais en estimant que les fédérations membres du Tournoi des 6 Nations, qui ont fait capoter le projet de ligue mondiale de World Rugby, pensaient davantage à "leurs intérêts personnels" qu'au développement du rugby.

"Tenez, voilà un titre pour vous !" a ajouté aux journalistes Hansen, moins séducteur que Jones, davantage faussement pince-sans-rire, mais tout aussi habile dans l'art des "mind games". "Parfois il faut en user, parfois non, a-t-il d'ailleurs expliqué. Eddie décidera, moi j'ai déjà décidé de ce que je ferai. Vous devez faire preuve d'un peu de patience, il reste quelques jours." Eddie a décidé, et on brûle d'impatience d'entendre la réponse de Hansen, jeudi.

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