Système plus protecteur, formation et jeu adaptés: Voilà pourquoi le Sud domine le Nord

Par Rugbyrama
  • La joie des Australiens après leur victoire sur l'Ecosse en quart
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  • Le centre australien Matt Giteau
    Le centre australien Matt Giteau
  • Julian Savea (Nouvelle-Zélande) face à la France - 17 octobre 2015
    Julian Savea (Nouvelle-Zélande) face à la France - 17 octobre 2015
Publié le Mis à jour
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Avec quatre représentants en demi-finales de la Coupe du monde, l'hémisphère Sud monopolise l'attention lors des deux dernières semaines de compétition, récompensant ainsi des systèmes et un jeu dessinés pour briller au plus haut niveau.

Un temps d'avance ?

Avec les quatre géants du Sud (Nouvelle-Zélande, Australie, Afrique du Sud, Argentine) en demi-finales de la Coupe du monde, la compétition va prendre une allure de Four nations lors des deux dernières semaines. Cette configuration n'a tenu qu'à un fil si l'on considère les très courtes victoires de l'Afrique du Sud face au pays de Galles (23-19) et de l'Australie face à l'Écosse (35-34). Mais elle acte tout de même le temps d'avance pris depuis bien longtemps par l'hémisphère Sud, vainqueur de six des sept éditions de la compétition créée en 1987. Sur les quatre dernières années, seuls quelques test-matches de novembre ont échappé aux sélections du Sud face à celles du Nord. Mais chez elles, lors des tournées de juin, elles ont été le plus souvent souveraines. Preuve en est les "zéro pointé" ramenés par la France (2013) et l'Angleterre (2014) de Nouvelle-Zélande, celui des Bleus en Australie (2014) ou du pays de Galles en Afrique du Sud (2014), sur deux ou trois tests à chaque fois.

Des systèmes plus protecteurs

Les quatre grandes équipes de l'hémisphère Sud s'appuient sur une organisation plus protectionniste de leur rugby, à divers degrés, qu'au nord. Ils (les joueurs) sont salariés de leur fédération, ils sont optimisés, ils ont trois intersaisons (pour se préparer physiquement, NDLR), ils ont 20 à 25 matches par an, résumait samedi soir le manager du XV de France Philippe Saint-André, quelques minutes après la déroute subie face aux All Blacks (62-13) en quart de finale. Dans le détail, la Nouvelle-Zélande, soucieuse de tirer le meilleur de son réservoir structurellement limité (4,5 millions d'habitants), a orienté tout son système vers l'équipe nationale. S'ils veulent espérer revêtir le maillot All Blacks, les joueurs doivent évoluer pour l'une des provinces du pays. La Fédération (NZRU) s'assure ainsi de prévenir la fuite des talents, tout en passant sous contrat ses meilleurs éléments et en contrôlant leur temps de jeu.

Le centre australien Matt Giteau
Le centre australien Matt Giteau

L'Australie a, elle, été contrainte de relâcher un peu la bride dernièrement en permettant à quelques-uns de ses emblématiques joueurs expatriés de revenir en sélection. Mais l'ARU, la fédération nationale, a aussi beaucoup mis la main à la poche pour salarier ses joueurs, dans un pays où le rugby à XV est soumis à forte concurrence (Rugby à XIII, Australian Rules). La Fédération sud-africaine a, elle, sous contrat une grosse quinzaine de joueurs tandis que l'Argentine, qui a décidé récemment de calquer son organisation sur ses rivales du Sud, vient d'enclencher un ambitieux processus, déjà payant, en recrutant à tour de bras. Les actuels Pumas reviennent ainsi quasiment tous au pays pour évoluer dans une équipe qui s'apprête à intégrer le Championnat des provinces du Sud (futur Super 18) élargi à partir de 2016. Au chaud dans le giron fédéral, les joueurs du Sud sont donc programmés pour être les plus performants d'abord avec leur équipe nationale.

Jeu et formation adaptés

La force des nations du Sud est d'avoir imposé à l'échelon mondial le jeu pratiqué dans le "Super rugby" (actuellement Super 15), le championnat des provinces de l'hémisphère sud. Ils pratiquent un jeu plus ouvert, en s'appuyant sur une grande habileté technique, souligne ainsi le sélectionneur néo-zélandais de l'Écosse Vern Cotter. Au triptyque défense, conquête, jeu au pied qui caractérise souvent le style des équipes du Nord, les nations du Sud ajoutent souvent des ingrédients: de la vitesse d'exécution, du jeu dans la défense, des angles de course parfaits, de la réactivité dans les soutiens, de la précision dans les passes... Les joueurs étaient plutôt interloqués par le niveau de jeu auquel ils ont été confrontés, souffle ainsi l'entraîneur des avants des Bleus Yannick Bru. Le niveau d'exigence de ces équipes-là devient très très très élevé, et vraiment je mets trois 'très', poursuit-il.

Tout cela est aussi le fruit d'une formation adaptée à ces contraintes, où la seule dimension physique qui pouvait encore prévaloir au début des années 2000 a été couplée à un vrai travail sur la technique et la prise d'initiatives. Ce temps d'avance pousse ainsi les nations du Nord à réagir et revoir elles-mêmes leur politique actuelle de détection et formation des talents. Afin qu'au moins le fossé cesse de s'agrandir.

Julian Savea (Nouvelle-Zélande) face à la France - 17 octobre 2015
Julian Savea (Nouvelle-Zélande) face à la France - 17 octobre 2015
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