Pour Habana et Pollard, le bisou à la sœur de Meyer aurait pu être encore plus intense

Cela s'est joué à un souffle. Une main en avance sur la sienne qui prive Bryan Habana d'effacer des tablettes, et aujourd'hui des smartphones, le record de la légende vivante Jonah Lomu. Le fautif, Lucas Amorosino, "coupable" d'avoir eu suffisamment de cannes pour aplatir juste avant la flèche toulonnaise. L'occasion la plus franche d'une partie où Habana a jonglé entre maladresse et malchance. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, soupirait-il après la rencontre. Les opportunités viennent et, parfois, cela ne marche pas.

Comme sur cette merveille de passe allongée de son ouvreur Handre Pollard qui lui offrait un essai tout cuit, tué dans l’œuf par un en-avant grossier (28e): Certainement qu'il y pensait trop, raconte Victor Matfield. Il a eu tellement d'occasions où il en était tout près! Quel dommage que nous n'ayons pas pu lui permettre de le faire.

Sorti à la 77e minute de jeu, le trois-quarts aile n'a pas pu terminer la rencontre pour tenter de dépasser la légende. Sa classe, il l'a en revanche gardée jusqu'au bout: J'ai un immense respect pour Jonah et il est peut-être juste qu'il garde ce record encore un petit moment. Un garçon comme Drew Mitchell peut le faire s'il marque deux essais. Moi, j'ai vraiment essayé mais cela ne devait juste pas arriver. Élégant, à l'image de sa passe décisive pour Eben Etzebeth (67e).

Pollard meurt à quatre point du titre de meilleur marqueur

Bryan Habana n'était pas le seul à courir après l'histoire samedi. Son très jeune coéquipier Handre Pollard avait, lui aussi, l'occasion de marquer pour l'éternité cette Coupe du monde en rattrapant son retard sur Nicolas Sanchez au nombre total de points marqués. Et lui aussi y était presque. À dix minutes de la fin, l'Afrique du Sud obtient une pénalité à 35 mètres pratiquement en face des perches. À ce moment là, le Springbok (93 points) peut dépasser le Puma (95 points). Le ballon se fracasse sur le poteau... là encore une histoire de centimètres. Sanchez transformera l'essai d'Orlandi après la sirène, s'assurant un peu plus le "soulier d'or" du Mondial (Bernard Foley compte 22 points de retard, Dan Carter 34).

Sauf que, contrairement à Habana, Pollard a sa vie de joueur devant lui et pourra de nouveau prétendre à cette distinction honorifique. Et terminer deuxième de ce classement, à son age, est déjà un immense exploit en soi: Cette Coupe du monde a été un fantastique apprentissage, lâche modestement l'ouvreur des Blue Bulls. J'ai 21 ans et encore énormément de choses à apprendre et à améliorer dans mon jeu. Je vais retirer tout ce que je peux de cette Coupe du monde et l'utiliser pour aller de l'avant. Comme cette équipe sud-africaine, si près de terminer la compétition avec la meilleure gâchette et le meilleur finisseur de l'histoire. Le baiser à la sœur d'Heyneke Meyer n'en aurait été que plus beau.

De notre envoyé spécial à Londres, Anthony Tallieu