Organisation à 5, Blanco lynché, l’Australie sacrée... Le Mondial 1991 dans le rétro

  • Le capitaine des Wallabies, Nick Farr-Jones soulève la coupe Webb Ellis en 1991 avec David Campese
    Le capitaine des Wallabies, Nick Farr-Jones soulève la coupe Webb Ellis en 1991 avec David Campese
  • Le troisième ligne des Samoa Apolo Perelini (gauche) et le pilier Peter Fatialofa se mettent à deux pour stopper un Argentin - Coupe du monde 1991
    Le troisième ligne des Samoa Apolo Perelini (gauche) et le pilier Peter Fatialofa se mettent à deux pour stopper un Argentin - Coupe du monde 1991
Publié le Mis à jour
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COUPE DU MONDE - En attendant le coup d'envoi de la Coupe du monde, retrouvez les grands moments des précédentes éditions. Place à 1991 et la victoire de l'Australie. Un tournoi marqué par la surprise des Samoans et le sort réservé à Serge Blanco par les Anglais en quart.

Le contexte

L’attribution de cette deuxième édition tourna à un bras de fer entre l’Angleterre et la France. S’il est décidé qu’au nom de l’alternance la compétition se disputera dans l’hémisphère nord, aucune candidature ne sort du lot. La France menaça de boycotter le Mondial si au minimum une coorganisation lui est refusée. Finalement, pas de jaloux : les cinq membres du Tournoi des 5 nations ont accueilli des rencontres. La France récupéra "ses" matchs de poule mais seulement deux quarts de finale ; l’Angleterre hérita de la finale dans son mythique Twickenham. Niveau participants, les quarts de finaliste du Mondial 87 sont automatiquement qualifiés. Pour le reste, pas de surprise notable sauf l’absence des îles Tonga.

La surprise : les Samoa

Pas invité lors du Mondial 87, l’archipel se fit très vite connaître. Avant même la compétition, il remporta les éliminatoires de la zone Asie. Puis lors du rendez-vous planétaire, il montra aux yeux du monde son fonds de commerce : une agressivité surprenante et incroyable. Véritables forces de la nature, les Samoans réalisèrent un parcours de qualité, se qualifiant ni plus ni moins qu’en quart de finale en écartant l’Argentine (35-12) mais surtout le pays de Galles (13-16), demi-finaliste en 87. Pas un mince exploit.

Le troisième ligne des Samoa Apolo Perelini (gauche) et le pilier Peter Fatialofa se mettent à deux pour stopper un Argentin - Coupe du monde 1991
Le troisième ligne des Samoa Apolo Perelini (gauche) et le pilier Peter Fatialofa se mettent à deux pour stopper un Argentin - Coupe du monde 1991

La déception : Les Fidji

Où sont passés les joueurs insouciants de l’édition précédente ? Leurs courses chaloupées, leurs passes à une main, leurs éclairs de génie... tout ça était bien rangé aux oubliettes et a sûrement souffert du long trajet pour rejoindre l’Europe. Trois matchs pour autant de défaites, dont une peu glorieuse face à la Roumanie (17-15). Bien loin du niveau du quart de finaliste qui a si fait peur à la France en 87...

Le match marquant : France-Angleterre (10-19)

Au Parc des Princes, le public s’attend à un feu d’artifices entre la France et l’Angleterre en quart de finale. Il eut droit à un sommet de violence et un match indigne de la part de l’arbitre M. Bishop. La tactique anglaise fut claire : faire disjoncter les Bleus dont le sang chaud bouillait à la moindre étincelle. La cible : Serge Blanco. Bombardé de multiples chandelles dès le coup d’envoi, l’arrière français subissait à chaque fois un véritable lynchage à la retombée. A la seconde reprise, il explosa. Sella lui vint en aide en envoyant au tapis Rob Andrew, entraînant une grosse bagarre générale. L’arbitre néo-zélandais, lui, ferma les yeux face aux coups bas anglais. Et pénalisa à outrance les coéquipiers d’Eric Champ. Une sinistre rencontre (19-10) où M. Bishop quitta le terrain en courant, sourire aux lèvres. L’entraîneur français Daniel Dubroca, hors de lui, attrapa au collet le "referee" pour une explication de texte musclée dans les vestiaires. Quelques jours plus tard, l’ancien capitaine du XV de France donna sa démission...

La finale : Australie-Angleterre (12-6)

Peu soutenue par son propre public qui lui reprochait un manque de panache et de brio dans son jeu, l’Angleterre se hissa malgré tout jusqu’en finale. Pour conquérir les cœurs, elle décida via son capitaine Will Carling et l’entraîneur Roger Uttley de renverser l’Australie par un système d’attaque à tout-va. Evoluant ainsi contre nature. Un pari osé... et perdu. Le XV de la Rose s’épuisa à faire courir le ballon devant une défense australienne bien en place et toute ravie de ne pas avoir à faire face aux mauls pénétrants des Anglais et à une guerre de tranchées autour des rucks. Excès de confiance ? Manque d’humilité ? Le XV de la Rose refusa de tenter à plusieurs reprises des pénalités en position favorable pour jouer à la main et concasser le mur adverse. Sans effet. Sobre et efficace en touche (5 ballons volés sur lancer adverse), l’Australie s’imposa 12-6, le pilier Daly marquant l’unique essai de cette finale.

Le joueur : David Campese (Australie)

A coup sûr, le plus grand attaquant que l’Australie ait connu. Un véritable félin, adepte du pas de l’oie et diablement efficace pour s’affaler dans les en-buts adverses. En 1991, Campese est à son sommet. Si la presse de son pays l’a pris en grippe par le passé en raison de ses prises de risque insensées, elle est en admiration devant lui lors de cette deuxième édition de la Coupe du monde. Ses phases finales sont tout simplement extraordinaires : il marqua un doublé face à l’Irlande en quart et évita ainsi une énorme déconvenue à son pays (19-18) ; il signa un essai magnifique en demie face aux All Blacks en crucifiant son adverse John Kirwan avant d’en offrir un à son coéquipier Tim Horan d’une passe aveugle géniale. Six matchs, autant d’essais et le titre largement mérité de meilleur joueur de la compétition.

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