Worsley: "Quand l'Angleterre et la France jouent, on a vu ce que cela peut donner"

  • Joe Worsley, entraîneur spécialiste de la défense à Bordeaux-Bègles
    Joe Worsley, entraîneur spécialiste de la défense à Bordeaux-Bègles
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Le champion du monde anglais Joe Worsley, entraîneur de la défense de l'UBB qui sera présent samedi à Twickenham, dissèque le 100e Crunch de l'histoire à un mois de la prochaine Coupe du monde.

Que vous inspire ce premier Angleterre-France disputé lors de cette préparation ?  

Joe WORSLEY: Il va être intéressant. Le gros problème en France, c'est le temps passé par les internationaux ensemble, c'est la seule grande équipe dans ce cas. En Angleterre, des accords entre la Fédération et les clubs permettent aux internationaux de se retrouver plus souvent. Là, avec deux mois de préparation, on va voir la France avec plus d'organisation, plus de symbiose, peut-être pas lors du premier match car cela risque d'être un peu le bordel mais plus sur le second. Au niveau des Anglais, à l'ouverture c'est Owen Farrell, ce sera donc une équipe plus défensive. Après, la question que l'on doit se poser est : va-t-on continuer à faire du jeu pour du jeu ou utiliser d'autres forces, avec plus de jeu au pied de la part de Farrell ? Si on peut voir les deux, ce serait bien. En tout cas cela devrait changer de ce que l'on a vu lors du Tournoi.

Les deux nations ont eu deux approches différentes : Philippe Saint-André a privilégié le physique quand Stuart Lancaster s'est davantage focalisé sur le jeu... 

J.W: Les Anglais ont fait trois semaines de physique, combien de temps les Français sont restés dans les Alpes ? Le physique est très important, mais ils n'ont fait du rugby que depuis quelques semaines, ce n'est pas assez selon moi. Je me rappelle lors du dernier match pendant dans le Tournoi des VI Nations, il y avait eu beaucoup de turnovers, du jeu, mais au final la France a pris plus de 50 points. Ce n'est pas facile de vouloir changer de jeu, de passer d'une équipe classique à une équipe qui veut jouer. Il faut travailler son rugby. Là, on va voir que la France va prendre un chemin plus classique car elle a de bons avants. Ce serait logique vu la qualité qu'il y a dans cette équipe. Ce sera en tout cas beaucoup plus facile face à une équipe comme l'Angleterre.

En tant qu'entraîneur spécialiste de la défense, cela vous fait quoi de voir un match se terminer sur le score de 55-35 ?  

J.W: Je prends toujours du plaisir sur un match. Après, il y a des entraîneurs de défense qui n'aiment pas concéder des points mais ce n'est pas ça selon moi le plus important. Si tu as une équipe qui joue très classique avec beaucoup de jeu au pied, du jeu de pression, avec de bonnes sorties de terrain, de l'occupation et une bonne conquête, ce sera plus facile de défendre et tu encaisseras beaucoup moins de points que lorsque tu joues une équipe joueuse. Quand l'Angleterre et la France jouent, on a vu ce que cela peut donner. Il faut trouver le mariage des deux. 

Quand tu décides une stratégie d'avant-match, il faut savoir prendre une déviation pendant le match, mais pas trop

La solution pour les Français est-elle finalement de ne pas jouer ? 

J.W: Le temps de jeu en Top 14, c'est au tour de 30, 35 minutes. Au niveau international, c'est 40 minutes, soit beaucoup plus. J'ai noté que la France n'est pas bonne après ces turnovers, elles encaissent des essais trop facilement, ce qui n'est pas normal. Il faut être en très grande forme pour jouer ce type de rugby. Il y a beaucoup de paramètres pour réussir mais le premier est d'avoir de bonnes bases physiques. Quand tu es fatigué, tu fais tomber les ballons et tu es moins bons pour défendre et tu réagis mal défensivement.

A quel type de Coupe du monde vous-attendez-vous ? 

J.W: Contre la Nouvelle-Zélande, si tu commences à jouer et que tu fais la moindre erreur, tu le payes cash car c'est une équipe bien organisée et efficace qui marque à chaque fois. Il faut vraiment être en confiance pour jouer contre cette équipe car il y a des risques. Contre l'Afrique du Sud, une équipe très puissante, si tu te contentes d'une rugby d'occupation, tu vas perdre car elle est davantage habituée à ce genre de scénario. Parfois contre les Sud-Africains, tu as l'opportunité de jouer, il faut trouver le juste milieu. Quand tu décides une stratégie d'avant-match, il faut savoir prendre une déviation pendant le match, mais pas trop. C'est pour cela que les deux matches entre Français et Anglais vont être intéressants, on va voir quels chemins vont prendre les deux nations, notamment lors du 2e match s'ils ne changent pas totalement les deux équipes de départ. Mais c'est lors du troisième match de préparation qu'on verra vraiment les intentions de chaque équipe lors de la Coupe du monde.

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