Quand il est en feu comme ça, rien ni personne ne peut stopper Picamoles

Soudain, une clameur emporta Twickenham. Une clameur légendant la silhouette de Martin Castrogiovanni disloquée dans le Temple du rugby. 24e minute de jeu samedi soir : sur une relance française initiée depuis les 22 mètres tricolores, Louis Picamoles charge le long de la ligne de touche. Avec ses 119 kilos, le pilier italien et futur joueur du Racing 92 tente de stopper le troisième ligne du XV de France. Une tentative punie d’un raffût dévastateur expédiant le barbu transalpin au plus près du gazon anglais. Une démonstration de puissance semblable aux charges de Sébastien Chabal à sa plus belle époque.

Louis est encore plus affûté qu’avant (Tillous-Bordes)

Désigné homme du match à l’issue de la victoire des Bleus face à l’Italie (32-10) - comme ce fut le cas en match préparatoire contre l’Angleterre - Louis Picamoles (qui ne s’est pas présenté devant les médias après la rencontre en raison d’un contrôle antidopage, ndlr) a une nouvelle fois impressionné. C’est un joueur qui est ultra puissant mais on le connaît, ce n’est pas d’aujourd’hui, souligne le demi de mêlée Sébastien Tillous-Bordes. Mais c’est vrai qu’il est encore plus affûté qu’avant. Il casse beaucoup de plaquages. Il a une bonne technique de percussion et il nous fait avancer. C’est super important pour le groupe. Il a une marge de progression et il peut être encore meilleur dans le rôle de 8, dans la précision sur les passes après contacts. Mais il tape même des coups de pieds à suivre (sourire).

Avec 5 plaquages, 73 mètres parcourus balle en mains et 5 défenseurs battus, le troisième ligne du XV de France a signé un match plein. Un bilan qui valide les deux mois de préparation physique et une place de titulaire désormais incontestable. Avec Louis, on a un registre différent. C’est un joueur massif qui fait du bien à l’équipe, confie Damien Chouly. Je vis bien son retour. Quand des coéquipiers font de bons matchs et permettent à l’équipe de faire des matches solides, c’est plaisant. Il a fait un très gros travail physique et c’est vrai qu’il est en pleine forme. Avec ses caractéristiques, il avait besoin de ça. Quand il est là dans cette forme là, ses moyens explosent complètement. Grâce à ça, la troisième ligne se sent à l’aise. Chacun a un rôle bien propre et essaye d’apporter ses atouts à l’équipe. Pour l’instant, ça fonctionne bien. Avec trois profils désormais bien distincts - Thierry Dusautoir plaqueur-gratteur, Damien Chouly sauteur-coureur et Louis Picamoles perforateur - le XV de France a retrouvé une troisième ligne souveraine.

Loulou est un excellent joueur mais il faut garder les pieds sur terre (Michalak)

Jeudi dernier, Philippe Saint-André nous confiait qu’il espérait voir Louis Picamoles au-dessus de son potentiel de 2012, là où, dixit Yannick Bru, il marchait sur l’eau . Après trois matches préparatoires et une rencontre de Coupe du monde, le numéro 8 tricolore ne semble plus très loin de cette vérité exigée par le sélectionneur-manager. Louis est revenu à son meilleur niveau, insiste le demi d’ouverture Frédéric Michalak. Il fait à nouveau de grosses différences sur les un contre un. Il transperce les défenses comme avant et ça nous fait vraiment du bien. Il a concrétisé beaucoup de belles actions. Mais il faut garder les pieds sur terre. On sait que Loulou est un excellent joueur mais comme nous tous, on a besoin de se remettre en questions et travailler. Loulou a été superbe mais il faut qu’il continue comme ça. A éparpiller ses adversaires par petits bouts, façon puzzle…

De notre envoyé spécial à Twickenham, VINCENT PERE-LAHAILLE