Maestri: "Il faut qu’on prenne conscience de la valeur de notre équipe"

  • Yoann Maestri (XV de France) - 26 septembre 2015
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  • Yoann Maestri et Gaël Fickou lors de France-Italie le 19 septembre 2015
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  • Yoann Maestri (XV de France) face à l'Angleterre - le 22 aout 2015
    Yoann Maestri (XV de France) face à l'Angleterre - le 22 aout 2015
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XV DE FRANCE - Devenu un cadre incontournable, Yoann Maestri (27 ans, 2,01m, 121 kg, 39 sélections) a parfaitement conscience des carences actuelles du XV de France. Pour le deuxième ligne toulousain, les Bleus doivent proposer un engagement supérieur et prendre conscience de leurs forces.

Vous avez entamé un gros travail sur les rucks. Comment se passent vos séances?

Yoann Maestri: Par moment, on a tendance à banaliser tout ça parce qu’on se focalise sur un rugby de spectacle, l’attaque, mais les meilleures nations du monde comme les Néo-Zélandais maîtrisent parfaitement cette phase de jeu. Aujourd’hui, il y a une centaine de rucks sur un match. C’est furtif mais si on n’est pas conquérant dans ce secteur, on ne pourra pas espérer développer du jeu. C’est de la précision mais honnêtement, il faut beaucoup d’agressivité. Il faut sortir quelqu’un qui fait votre poids ou plus. Ça demande énormément d’engagement. On est trop prudents dans les rucks. Les grandes nations y vont à fond.

L’idée est de garder de la vitesse dans votre jeu?

Y.M: Aujourd’hui, on a tendance à catégoriser certains joueurs pour faire cette tâche mais quand vous voyez Aaron Smith, il met tout malgré son gabarit. Ça lui permet de sortir un deuxième-ligne, un pilier pour permettre au jeu des All Blacks d’aller de plus en plus vite. Jouer debout, c’est important mais dans un match de très haut niveau, c’est rare. Si vous n’êtes pas bon sur les phases de rucks, il ne faut pas espérer que trois offloads vous sauvent la partie.

C’est peut-être la phase la plus importante du rugby moderne

Yannick Bru sensibilise beaucoup les trois-quarts sur cette tâche obscure…

Y.M: (il coupe) Tout le monde est concerné. C’est une mentalité à avoir. On doit proposer un engagement supérieur. Ce n’est pas facile dans la mesure où ça cogne fort. Mais c’est peut-être la phase la plus importante du rugby moderne.

Yoann Maestri et Gaël Fickou lors de France-Italie le 19 septembre 2015
Yoann Maestri et Gaël Fickou lors de France-Italie le 19 septembre 2015

Aujourd’hui, on a le sentiment que vous avez du mal à passer d’une phase d’engagement au sol à une phase de jeu debout…

Y.M: On n’a pas cette marge nécessaire qui nous permettrait de nous relâcher dans certains secteurs. Des équipes ont cette marge parce qu’elles l’ont mérité. Elles l’ont acquise. Nous, par rapport à nos résultats ces dernières années, on ne peut pas avoir cette prétention et ce relâchement sur des moments creux d’une rencontre. Dès qu’on manque de précision, ça nous enraye la machine. C’est vrai qu’on peut être agressifs mais on n’arrive pas à déployer notre jeu derrière parce qu’on n’a pas la bonne attitude dans un ruck.

On arrive sur cette compétition sans avoir de saisons références

Mais vous pouvez encore progresser à ce stade de la compétition...

Y.M: (il coupe) C’est mental! On le dit depuis longtemps. Il y a énormément de qualités individuelles dans ce groupe. Derrière, on a des joueurs avec un très gros potentiel avec des mecs rapides, puissants. On aurait une équipe très limitée en terme de vitesse, de puissance, de gestuelle, je vous dirais qu’il faut resserrer le jeu. Mais on a quand même des joueurs évoluant dans de grands clubs, qui ont disputé des matchs à enjeu dans leur carrière. Mais c’est une bascule mentale à faire.

Yoann Maestri (XV de France) face à l'Angleterre - le 22 aout 2015
Yoann Maestri (XV de France) face à l'Angleterre - le 22 aout 2015

Il semble vous manquer un match référence pour exister au plus haut niveau…

Y.M: (il souffle) Je ne sais pas. On arrive sur cette compétition sans avoir de saisons références. L’important, c’est d'être extrêmement rigoureux, dans la tête surtout, et d’avoir une faim énorme. Aujourd’hui, notre référence c’est la confiance qui ressort du groupe. On n’a jamais cessé d’en avoir même si on a connu d’énormes galères. Il faut qu’on prenne conscience de la valeur de notre équipe et des coéquipiers qu’on a autour.

Cela signifie que vous avez encore du mal à vous convaincre de votre véritable valeur?

Y.M: C’est surtout qu’il ne faut pas douter. Quelque soit le début de match, le coup dur qui peut nous arriver dans la rencontre, il ne faut pas douter. Mais on est sur le bon chemin.

Recueilli par notre envoyé spécial à Croydon, VINCENT PERE-LAHAILLE

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