Twickenham, ce stade mythique qui a fait basculer Fofana et Debaty dans une autre dimension

Qu'on y gagne ou qu'on y perde, fouler la pelouse de Twickenham demeure un souvenir unique pour tout rugbyman. Pour Vincent Debaty et Wesley Fofana, c'est même un peu plus que cela. Petit flashback. Le 21 mars dernier, le XV de France dispute à Londres le dernier round d'un Tournoi des VI Nations encore une fois bien terne. Eddy Ben Arous forfait, Philippe Saint-André confie au "Belge" l'axe gauche de la première ligne tricolore, lui qui n'avait jusqu'à présent démarré que trois fois en vingt-sept apparitions.

De forts doutes subsistaient alors sur sa capacité à garder la tête hors de l'eau au-delà de trente minutes. Résultat: une conclusion à l'heure de jeu après avoir suivi son coéquipier à l'ASMCA Noa Nakaitaci, désignée plus bel essai du Tournoi. Rien que ça...

Où comment balayer en une action toutes les interrogations de son sélectionneur, qui l'avait boudé en novembre, lui demandant de retrouver une condition physique convenable. Cet essai a été très important pour moi et c'est sûr que j'y pense, rapporte le gaucher. J'étais là au bon endroit au bon moment. Un moment très opportun même, malgré la défaite (55-35), puisqu'il lui a servi, presque à lui seul, de garantie quant à sa présence dans la liste des trente-six.

Fofana: "Cet essai a crée une forte attente autour de moi"

Wesley Fofana était bien plus installé dans le XV de départ de PSA que Vincent Debaty lorsqu'il a fait parler la foudre à Twickenham, le 23 février 2013. Mais cela a été, pour lui aussi, l'origine d'un changement de statut. Sa percée de cinquante mètres dans le temple du rugby anglais l'a fait basculer du côté de l'élite internationale. La crème des centres, en somme.

Un costume plus épais et pas toujours évident à porter au départ: À partir de ce moment-là, j'ai senti qu'on attendait de moi que je fasse ça à tous les matchs, se rappelle celui qui a longtemps joué à l'aile en bleu. C'est mon plus bel essai et il restera à la fin de ma carrière. Cela a certes été un grand moment mais cela a également crée une forte attente autour de moi qui n'a pas été facile à gérer tous les jours. Sans dire que cela a joué contre moi, je vois que, depuis, si je ne réussis pas ce type d'action lors d'une rencontre, c'est difficile pour les gens de dire que j'ai fait un bon match.

Avec le temps, Fofana a appris a gérer cette pression qui lui pesait et lui a très certainement desservi: Tu as beau te donner à fond, si tu ne réalises pas une percée de cinquante mètres, tu n'as pas fait ce que les gens attendaient de toi. C'est un peu délicat à gérer. En grandissant, on apprend à mettre tout cela de côté, mais ce n'était pas toujours évident au début.

Selon le dicton, on ne dit jamais deux sans trois. Un troisième joueur verra donc peut-être sa carrière changer de dimension le 22 août au soir. Si cela pouvait, cette fois, s'accompagner d'une victoire des Bleus, nous ne bouderions évidemment pas notre plaisir.