John Kirwan, des ailes et des chaînes

Par Rugbyrama
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Le Mondial en Nouvelle-Zélande débute dans six semaines et notre site vous propose jusqu'à l'ouverture le 9 septembre prochain des rétrospectives sur les six premières éditions. Aujourd'hui, focus sur John Kirwan, le légendaire ailier néo-zélandais désormais sélectionneur du XV du Japon.

Avant de prendre les commandes de la Squadra Azzurra, entre 2002 et 2005, et celles des "Cherry Blossoms" (depuis 2006), la sélection nippone qui vient de remporter la Coupe des Nations du Pacifique aux dépens des Tonga, John Kirwan était un All Black. Il était même l'un des plus grands ailiers que l'équipe néo-zélandaise ait connu. Les raisons d'un tel mythe ? Tout d'abord un gabarit, tout simplement hors normes pour l'époque. Beaucoup évoquent Jonah Lomu comme le premier ailier surdimensionné. Mais avant lui, il y avait John Kirwan.

Du haut de son mètre quatre-vingts douze et de ses quatre-vingts douze kilos, le natif d'Auckland était considéré comme un authentique colosse, à une époque où les ailiers dépassaient difficilement les quatre-vingts kilos. Doté d'une vitesse de pointe et d'une qualité d'appuis encore jamais vues pour ce gabarit, Kirwan était une véritable menace ambulante pour toutes les défenses de la planète ovale, et fut d'ailleurs l'arme fatale des All Blacks dans la conquête du premier titre mondial, en 1987. Ce dernier termina d'ailleurs meilleur marqueur de la compétition (à égalité avec son coéquipier Craig Green), avec six réalisations. Parmi ces œuvres, on peut citer cet incroyable essai de quatre-vingts mètres, inscrit lors du match d'ouverture face à des Italiens terrassés d'entrée par la force de frappe néo-zélandaise (70-6). Un essai purement individuel, à zéro passe, où Kirwan passa en revue toute la défense azzurri. Il s'illustra également en finale, venant conclure une action qui crucifia définitivement les espoirs français à dix minutes de la fin.

L'homme blessé

Un titre de champion du monde, un ailier hors pair, des essais venus d'ailleurs... la vitrine est glorieuse. Elle reflète pourtant mal la vie d'un homme qui a longtemps souffert d'une grave dépression nerveuse. Dans une livre aussi touchant qu'utile pour les victimes de ce fléau des sociétés modernes et intitulé "All Blacks don't cry" (qui a également inspiré un documentaire), Kirwan explique la spirale infernale qui le rongea pendant ses années de gloire : "Ma famille savait que je souffrais, mais n'imaginait pas à quel vitesse je me suis effondré. Ma plus grande crainte était de tuer quelqu'un. Je considérais le meurtre comme la pire chose du genre humain. Allez expliquer ça à quelqu'un, et vous comprendrez dans quel genre d'isolement j'étais prisonnier", écrit l'ailier aux 63 sélections et aux 35 essais. Depuis, Kirwan a retrouvé la quiétude. Il partage son temps entre le Japon, où il est sélectionneur de l'équipe nationale, et l'Italie, où il vit avec sa femme et ses enfants.

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