Trinh-Duc : "Je ne suis pas mort"

Par Rugbyrama
  • François Trinh-Duc France 2011
    François Trinh-Duc France 2011
Publié le
Partager :

Sans polémique mais avec franchise, François Trinh-Duc nous a accordé un entretien dans lequel il revient sur son éviction du poste d'ouvreur du XV de France. Le Montpelliérain ne se laisse pas abattre et compte montrer à Marc Lièvremont qu'il mérite de retrouver ses galons de titulaire.

Mis sur la touche contre les All Blacks par Marc Lièvremont qui espérait un electrochoc après deux matchs décevants, François Trinh-Duc a bien été secoué à l'Eden Park. Mais ce fut par une manchette de Sonny Bill Williams alors qu'il s'arrachait pour inscrire un essai. Le spectre d'un K.O a plané sur le joueur de Montpellier mais il jure être apte. N'empêche, Parra a été confirmé à l'ouverture et Trinh-Duc doit se contenter du statut de remplaçant. Posé dans sa chambre d'hôtel, l'ouvreur numéro 1 du mandat Lièvremont, qui a été exempté de conférence de presse, s'exprime calmement et sans polémique. Mais il est direct : il veut retrouver son statut.

Vous avez quitté l'Eden Park face aux All Blacks sonné, vous reste t-il des séquelles ?

François TRINH-DUC : J'ai pris un coup lors de mon essai face à Sonny Bill Williams. Dans les vestiaires j'avais mal à la tête, aux cervicales aussi. Ça a duré deux jours. Mais je précise bien que je n'ai pas subi de K.O.. Deux heures après le match, j'avais repris totalement mes esprits. J'ai joué dix minutes de façon cohérente. Je ne titubais pas, je n'avais pas perdu le sens de l'équilibre. J'ai parlé avec le docteur après mon essai et je me sentais apte. J'ai d'ailleurs continué à jouer. Ensuite après le match, j'ai passé une IRM, suivant le protocole médical de l'IRB. Tout va bien. Je peux jouer. Je n'ai absolument pas mal à la tête.

Comment êtes vous ressorti de ce match ?

F.T-D. : J'ai tout donné pendant ce match. J'ai tenté pendant quinze minutes. Je voulais montrer que je n'étais pas mort, que j'avais toujours envie. J'ai essayé de varier le jeu, de jouer au large. J'ai marqué un essai. J'ai le sentiment que c'était compliqué de faire plus en un quart d'heure. Je suis plutôt satisfait même si les conditions étaient particulières.

Marc Lièvremont espérait une réaction de votre part. Croyez-vous avoir été à la hauteur de cette attente ?

F.T-D. : C'est la loi du terrain qui compte. J'avais envie de m'exprimer, de montrer ma hargne, de prouver que je suis un compétiteur. Je ne peux pas me satisfaire du rôle de numéro 2. J'ai envie de jouer et d'être titulaire. J'ai la rage pour cela.

Peut-on, pour le moment, parler de gâchis ?

F.T-D. : Je ne fais pas de calcul. Je suis focalisé sur ma coupe du monde. J'ai été remplaçant contre les All Blacks. Je le suis encore contre les Tonga. Je vais essayer de montrer que je suis là, que je suis toujours là. Je ferai les comptes à la fin. C'est la coupe du monde, je ne veux pas avoir de regrets. J'essaie de ne pas gamberger. C'est une compétition exceptionnelle et c'est peut être la dernière fois que j'y participe. Je dois la jouer à fond.Cela fait quatre ans que je suis en équipe de France. J'ai progressé. J'ai aussi progressé à travers notre saison exceptionnelle avec Montpellier. Je veux prouver que je peux retrouver ma place.

Marc Lièvremont parlait d'intérim à propos de Morgan Parra...

F.T-D.: Ce n'est plus un intérim. C'était un intérim sur le premier match. Maintenant, Morgan joue contre les Tonga : c'est une véritable concurrence. J'apprécie beaucoup Morgan humainement. Mais je veux tout faire pour récupérer ma place.

Votre paternité récente vous a t-elle perturbé ?

F.T-D. : Inconsciemment peut être. Ce n'est pas facile à vivre d'avoir laissé mon petit et ma femme loin de moi. Mais je ne veux pas m'enterrer avec cette situation. Je veux en tirer une force : qu'ils soient fiers de moi.

Comment expliquer sinon le décalage entre votre performance emballante contre l'Irlande en août et vos deux premiers matchs du Mondial ?

F.T-D. : Les conditions ont fait que c'était plus difficile. Le Japon et le Canada sont deux équipes rugueuses. Ce n'est pas facile de produire du jeu face à des équipes de ce calibre, de jouer techniquement juste. J'ai aussi ressenti de la fébrilité face à l’événement. J'ai ressenti beaucoup de pression face aux enjeux. J'ai réalisé que j'étais à la coupe du monde. Il y a quatre ans en France, j'étais dans les tribunes pour le Mondial 2007 : j'ai peut être fait le rapprochement. Mon deuxième match non plus n'a pas été abouti. Mais j'ai fait mon autocritique. J'ai envie d'aller de l'avant. Le Tonga arrive : je veux montrer que je suis toujours là.

N'avez-vous pas eu le sentiment d'avoir été trop positif après votre match contre le Canada ?

F.T-D. : Dans l'ensemble, je n'ai pas réalisé mes meilleurs matchs en équipe de France. Mais il fallait gagner et cela a été réussi. Avec le bonus en prime. Individuellement, tout n'a pas été parfait. Mais j'estimais aussi qu'il n'y avait rien d'alarmant. Face au Canada, c'était sous une pluie battante. Il était difficile de se faire des passes et pour un numéro 10, ce n'est jamais évident dans ce contexte. Il fallait relativiser. Et puis les Canadiens ont été bons dans l'engagement. Pour moi, c'est désormais derrière. Je sais ce que je dois faire. Je ne suis pas mort ni en dépression. Je suis toujours là et je vais tâcher de montrer que je suis un compétiteur.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?