Poux : "Normal qu'il y ait des tensions"

Par Rugbyrama
  • Jean-Baptiste Poux France 2011
    Jean-Baptiste Poux France 2011
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Jean-Baptiste Poux s'installe à gauche de la mêlée. Titularisé pour la troisième fois en quatre matchs, le pilier toulousain (32 ans, 33 sélections) savoure sa troisième Coupe du monde et tente de faire profiter le reste du groupe de son expérience après ces derniers jours agités en Nouvelle-Zélande

Le XV de France a souffert en mêlée contre les All Blacks. Comment l'expliquez-vous ?

Jean-Baptiste POUX : Nous étions en retard sur les impacts, même si nous avons tenté de rectifier le tir par la suite. Les All Blacks sont très rapides et ils entraient en mêlée légèrement avant nous. Quand nous avons essayé d'anticiper nous aussi, l'arbitre nous a sanctionnés de deux bras cassés. Pendant le match, j'avais la sensation que le ballon était déjà parti quand on se mettait à pousser ensemble. Elle s'est révélée exacte en revoyant la vidéo. Après l'impact, on ne pouvait plus rien faire. On essayait de pousser, mais c'était trop tard... A nous de travailler notre réactivité. Et notre positionnement aussi. Les Blacks ont toujours une position excellente en mêlée et ce n'est pas notre cas.

Marc Lièvremont a parlé d'une mêlée française "vexée". Est-ce le cas ?

J-B.P. : Oui, parce que nous aurions voulu faire mieux. Depuis un moment, je trouve que nous sommes en retard sur les impacts. Contre les autres équipes, ça ne s'est pas trop vu parce qu'elles étaient moins fortes mais contre les All Blacks, c'était plus problématique. Contre les Tonga, il va falloir se montrer beaucoup plus réactifs. Car ils ont, comme la Nouvelle-Zélande, une mêlée très dense et très forte.

Quel sera l'objectif de la France lors de ce match ?

J-B.P. : Nous avons besoin de gagner, mais aussi de faire un bonne prestation pour nous rassurer. J'espère que nous allons valider notre travail de ces trois derniers mois et il n'y a rien de mieux, pour cela, que la vérité du terrain. Faire des stages, c'est bien et il en faut, mais ce sont les succès qui construisent le groupe. Je suppose que tout le monde est motivé pour l'emporter. Il faut aborder le match comme si c'était un huitième de finale. C'est en phases finales que nous créerons quelque chose.

A titre personnel, vous enchaînez votre troisième titularisation. Comment vous sentez-vous ?

J-B.P. : Ça se passe très bien pour moi. Je suis heureux de débuter mais l'essentiel est d'être dans le groupe. Quand on est pilier, on a forcément du temps de jeu, qu'on soit titulaire ou remplaçant. Je suis content mais, maintenant, j'attends des résultats au niveau collectif maintenant.

Avec ce "huitième de finale", le groupe qui se resserre, la France vit-elle une semaine charnière de son Mondial ?

J-B.P. : Je ne sais pas. Le groupe vit bien parce que tous les joueurs ont eu leur carte à jouer. Mais à chaque Coupe du monde, il faut qu'un XV type se dégage, c'est le jeu. C'est vrai que c'est arrivé un peu plus tard pour nous... Maintenant, il faut s'adapter. C'est normal d'être déçu en début de semaine mais il faut voir plus loin, trouver une source de motivation. Quand tu joues pas, tu n'as pas d'intérêt à tout foutre en l'air. J'ai été dans cette situation et j'ai toujours gardé un bon comportement vis-à-vis du groupe. Avec Bernard Laporte, quand le groupe était figé, ce n'était pas plus simple. Je me rappelle qu'en 2003, ceux qui n'étaient pas dedans n'avaient plus accès aux entraînements en fin de semaine. Moi j'allais à la plage. C'était une autre motivation (rires) ! Là, les autres sont impliqués tout le temps.

Que vous inspirent les révélations sur les tensions avec le staff ?

J-B.P. : J'ai entendu que des choses étaient sorties... C'est normal qu'il y ait des tensions, ça fait partie du "truc". Il faut avant tout se préoccuper du bien du groupe. Il y a toujours des joueurs déçus, qui parlent à chaud, sur la colère. C'est normal de réagir comme ça mais il faut se méfier des médias. Il faut préserver la vie du groupe et ne pas tout déballer. D'ailleurs, ce n'est pas parce que tout sera parfait que nous serons champions du monde. Il peut y avoir des problèmes et des choses qui ne plaisent pas à certains, moi le premier. Dans tous les staffs, il y a du bon et du moins bon, ce n'est pas pour ça que tu ne gagnes pas les matchs. C'est à nous, les joueurs, de nous responsabiliser et de nous prendre en charge. C'est facile de se plaindre. Cela fait trois mois que nous sommes entrés dans cette aventure. S'il y a des mécontents, il fallait le dire avant et ne pas partir.

Faites-vous des réunions entre joueurs pour faire le point comme cela se fait au handball par exemple ?

J-B.P. : Bien sûr. Il y a eu des réunions pour améliorer des choses. Quand on est dans un groupe, il faut discuter. Le staff nous écoute, il y a des choses que nous avons déjà rectifiées. Au niveau de la longueur des entraînements par exemple. Ils étaient trop longs et nous perdions notre concentration alors on a demandé à les réduire. Nous essayons de tous tirer dans le même sens. Nous sommes de grands garçons, il faut être matures et prendre sur soi. C'est humain de râler, moi le premier, mais il faut que ça dure seulement quelques jours et vite se remettre dans la vie de groupe, pousser tous ensemble. C'est la fin de l'ère Lièvremont, c'est la Coupe du monde ! Il faut tout faire pour aller le plus loin possible.

Vivre tous les jours ensemble depuis trois mois rend-il les choses plus difficiles ?

J-B.P. : C'est un peu la colonie ici ! Quand tu es loin de chez toi, tu as l'impression d'être coupé du monde. Tu ne peux pas avoir le ressenti des gens et prendre du recul. Nous sommes réunis depuis le 28 juin, tout le monde a fait des efforts pour être là, il ne faut pas tout envoyer en l'air pour des raisons personnelles. Dans une, deux ou quatre semaines, tout sera terminé. Alors faisons le maximum pour que ça se passe bien.

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