"Il va falloir mettre des coups de tronche"

Par Rugbyrama
  • Lionel Nallet France 2011
    Lionel Nallet France 2011
Publié le Mis à jour
Partager :

Lionel Nallet est en colère. Mais c'est à lui-même que le deuxième ligne tricolore (35 ans, 67 sélections) en veut surtout. Passé à côté de son match -comme le reste de l'équipe- face aux Tonga, le joueur du Racing-Metro a de furieuses envies de rachat contre les Anglais samedi en quart de finale.

Il y a eu beaucoup d'engagement lors de l'entraînement en opposition mardi. Le groupe avait-il besoin de cela ?

Lionel NALLET : On a senti beaucoup de motivation lors de cet entraînement. Nous voulons tous sauver notre honneur sur ce match... Il y a eu de la honte après le revers contre les Tonga. La Coupe du monde, c'est un rêve d'enfants, tout le monde voudrait la faire. On y est et on regarde ce qui se passe, on se plaint de tout. On est tombé dans le n'importe quoi ! Mais cette défaite nous a fait réagir. Ce ne sera pas la même équipe de France sur le terrain samedi. Dans le rugby français de toute façon, il est fréquent que le groupe se resserre après un revers cuisant. C'est le cas là aussi. Il faut arrêter de se poser des questions, de dire que les entraînements sont trop longs et que ça ne va pas. C'est ce que nous faisons depuis le début de la semaine et tout va mieux : ça va plus vite aux entraînements, les ballons tombent moins par terre. C'est magique...

Le groupe s'est dit des choses après la défaite contre les Tonga. Pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt ?

L.N. : Nous vivons ensemble, nous passons beaucoup de temps les uns avec les autres et nous nous apprécions. Peut-être trop. On a pas eu envie de se heurter, de se froisser ou de s'agacer. Au final, on ne s'est agacé nulle part, ni entre nous, ni sur le terrain. Mais chacun a reconnu qu'il s'était trompé et a fait son mea culpa. Il est temps de passer à autre chose maintenant.

Vous connaissez bien les Anglais pour les avoir rencontrés à de nombreuses reprises. Que pouvez-vous nous dire d'eux ?

L.N. : J'ai vécu pas mal de France-Angleterre en effet. A chaque fois, on regarde ce qu'ils font à la vidéo et, à chaque fois, ils nous sortent autre chose.. Il va falloir s'adapter. Mais j'ai envie de dire que notre principal problème actuellement, c'est nous et pas les Anglais. Je m'en fous que nous les affrontions eux ou une autre équipe. Nous jouerons de la même manière. Vous n'arrêtez pas de nous poser des questions sur le jeu, le jeu et le jeu... Mais c'est compliqué d'en parler après ce qu'on a fait face aux Tonga. Quand nous mettrons les bons ingrédients dans le combat, le jeu viendra tout seul. Le XV de France a les bons joueurs mais tu peux avoir tout le talent que tu veux, tu ne peux pas gagner si tu joues en reculant.

On sent que vous en avez gros sur le coeur.

L.N. : C'est le cas, mais c'est contre moi-même. Vous (la presse, ndlr) êtes pénibles aussi mais c'est moi qui suis sur le terrain... Contre les Tonga, je me suis beaucoup déplacé mais ce n'est pas ce qu'on me demandait. Je n'ai pas été présent dans l'engagement. Il va falloir y aller et "mettre des coups de tronche" comme on dit. Je suis le doyen de cette équipe, et si moi je ne suis pas capable de le faire...

Vous tenez le même discours qu'après la défaite en Italie durant le dernier Tournoi.

L.N. : Oui, parce qu'il faut se regarder en face. A un moment, nous avons eu tendance à chercher des excuses, à nous défausser, à parler de jeu ou de je ne sais quoi. Le message que je veux passer à tout le monde, et notamment aux autres joueurs, c'est que sans combat, le jeu n'existe pas. Peut-être que nous sommes moins bons que d'autres équipes rugbystiquement... C'est même une certitude, je ne vais pas m'en cacher. Mais si on assure l'essentiel, tout peut arriver.

Craignez-vous de jouer votre dernier match en équipe de France samedi ?

L.N. : Je me le suis dit, en effet. J'ai 35 ans, c'est ma dernière Coupe du monde et à un moment, je me demande : "Qu'est-ce que j'ai foutu ?". J’ai des choses à me faire pardonner. Samedi, je jouerai peut-être mes 80 dernières minutes sous ce maillot avec lequel j'ai connu beaucoup de moments de plaisir. Je ne sais pas ce qu'il adviendra de moi dans le XV de France à l'issue la compétition mais il y aura des changements et je ne suis pas sûr d'apporter grand chose... Alors j'ai envie de profiter de l'aventure et qu'elle se poursuive le plus longtemps possible.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?