Townsend : "Construire une culture"

Par Rugbyrama
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L'ancien international écossais, Gregor Townsend, a participé à deux Coupe du monde. Il nous livre son regard sur le XV du Chardon.

Cette qualification tient-elle du miracle ?

Non. Certes en fin de match Bortolussi rate une pénalité qui peut faire repasser l'Italie en tête mais il restait encore quinze minutes à jouer alors que nous avions mené toute la deuxième mi-temps. Il y a une part de chance parce que l'Italie n'a pas démérité mais il ne faut pas négliger l'importance de notre buteur. La victoire s'est peut être aussi jouée sur cette ultime action où l'Italie tente un coup de pied à suivre. S'ils avaient conservé le ballon sur deux temps de jeu supplémentaire peut être qu'ils auraient pu accrocher au moins une pénalité.

A chaque édition, l'Ecosse fut au rendez-vous des quarts de finale. Peut on faire un premier bilan ?

L'Ecosse est en quart de finale, comme d'habitude. De là à réaliser un premier bilan, cela me paraît difficile parce que l'équipe n'a véritablement joué qu'un match : celui de la qualification face à l'Italie. Le Portugal et la Roumanie n'étaient pas les meilleurs adversaires et face à la Nouvelle-Zélande il s'agissait de notre équipe B. Face à l'Italie, la prestation ne fut pas magnifique mais l'équipe a gagné le match qu'il ne fallait pas perdre. Après pour gagner en quart de finale, il faudra marquer des essais et produire plus de jeu. Même si, avec Paterson, il y a un buteur de classe mondiale qui est à 100% depuis le début du Mondial.

Comment considérez-vous le 42-0 infligé par les All Blacks ?

Il faut l'oublier. Je le répète, c'était notre équipe B. Nous avons tout de même eu de la chance de nous retrouver face à une équipe néo-zélandaise dans un mauvais jour, multipliant les fautes. Sinon, le score aurait pu être plus lourd et friser les soixante points. Mais on peut se consoler en estimant que nous avons aussi bien défendu.

Le match à domicile face à la Roumanie a t-il faussé le qualification ?

Face à la Roumanie ce fut un petit avantage. On ne peut pas en dire autant pour le match face aux All Blacks.Mais j'ai discuté avec plusieurs joueurs qui m'expliquaient qu' ils n'étaient pas favorables à ce déplacement pour deux matchs en Ecosse. En allant jouer à Murrayfield, la sélection est sortie de l'ambiance Coupe du monde en France a laquelle elle s'est habituée : jouer en Ecosse c'était se confronter à la pression, aux médias, aux supporters. Les joueurs préféraient le climat de paix en France.

Frank Hadden divise le pays. Les résultats peuvent-ils le sauver ?

Les supporters ont été très nombreux à critiquer sa décision de faire jouer une équipe réserve face aux All Blacks. Il a été jugé cynique. Mais ce n'est plus un problème maintenant que l'Ecosse est en quart de finale quand pays de Galles et Irlande sont éliminés... De toute façon, je pense que le débat n'est pas dans l'identité de l'entraîneur. Je pense qu'Hadden est un bon technicien mais il est moins important que les joueurs clés que sont Blair, Paterson, Cusiter, Jason White ou les frères Lamont. L'exemple, c'est le retour de Jason White absent du Tournoi 2007 : l'équipe qui semblait ne pas avoir progressé a retrouvé son niveau.

En 1991 vous terminiez 4e de la Coupe du Monde. Quinze ans après, le professionalisme semble vous avoir affaibli.

Le passage au professionalisme a été très mal géré, c'est évident. Cela fait dix ans que les problèmes persistent. La structure du championnat a été modifiée à plusieurs reprises et cet été la crise s'est aggravée avec les problèmes d'Edimbourg. Aujourd'hui, il n'existe plus que deux équipes avec Edimbourg et Glasgow. En 1991, nous avons été éliminés en demi-finale, nous sortions d'un Grand Chelem en 1990. S'il y avait eut un classement IRB, nous aurions pointé au troisième ou quatrième rang mondial. Aujourd'hui, nous n'avons pas construit de rugby professionnel : j'espère que nous y parviendrons avant 2011.

Y a t-il des solutions au malaise ecossais ?

Il faut apprendre à travailler sur le long terme. Il faut accepter de construire même si les résultats ne sont pas immédiats. Même s'il ya des défaites pendant les trois prochaines années, il faut positiver pour optimiser. Il faut aussi réfléchir à nos infrastructures : nous n'avons pas de stade pour nos équipes professionnelles. Et puis il faut que les internationaux des années 80, ceux du Mondial 1991 s'investissent davantage dans le rugby ecossais. J'espère que nous pourrons construire une culture dans les années à venir.

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