Clermont: Un fantôme et des démons

  • Julien Bonnaire - Saracens Clermont - 26 avril 2014
    Julien Bonnaire - Saracens Clermont - 26 avril 2014
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Clermont, méconnaissable en demi-finale de Coupe d'Europe samedi face aux Saracens (46-6), a vu ressurgir au plus mauvais moment des faiblesses qu'on pensait vaincues, s'offrant une fin de saison de tous les dangers dans une atmosphère de fin de règne.

Sans avoir remporté le trophée mais en tenant tête aux meilleures équipes (Leinster, Munster, Leicester, Harlequins...), Clermont avait acquis ces dernières années un statut de "grand" d'Europe. Samedi, c'est le fantôme de cette équipe qui a sombré à Twickenham. Tous les observateurs ont été impressionnés par la "violente sauvagerie" d'une défense des Saracens "brillamment brutale", selon les qualificatifs de la presse anglaise. Les Clermontois semblaient pourtant armés pour y répondre avec les massifs Zirakashvili, Cudmore, Hines, Lee ou Vosloo rompus au Top 14, réputé le championnat le plus physique au monde. Il n'en a rien été. Les Auvergnats se sont retrouvés quelques années en arrière quand leur volonté de jeu était louée mais souffrait d'un déficit de puissance. Ils n'ont pas non plus su réagir après la "double peine" infligée par l'arbitre Nigel Owens avec un carton jaune à Brock James doublé d'un essai de pénalité (14e). Ils ont imposé de longues séquences de jeu sans inspiration, à l'image d'un Sivivatu méconnaissable et d'une charnière Parra-James démunie pour trouver des alternatives.

Cette stérilité a réveillé leur fébrilité collective, récurrente dans les grands rendez-vous. Replongés dans un de leurs vieux cercles vicieux, ils ont progressivement lâché en deuxième période et transformé leur défaite en déroute historique. "On a manqué de fierté et de volonté pour revenir. On a l'impression que les choses étaient pliées", déplore le président Eric de Cromières, d'ordinaire plus mesuré avec ses joueurs. "Il faut qu'on retrouve cette vigueur, cette volonté qui doit nous permettre de faire le parcours que l'on mérite, avec l'équipe qu'on a, en Top 14". Car si la qualification pour la phase finale du Championnat est acquise, l'objectif d'une demi-finale directe n'est pas rempli et les Clermontois, troisièmes, ne sont pas sûrs de l'atteindre. Ils joueront samedi contre Perpignan un dernier match de saison régulière en espérant que Montpellier, qui les devance de deux points, trébuche.

Fin de cycle

Quel sera l'impact psychologique de cette claque ? L'an dernier, l'équipe s'était effondrée en demi-finale du Top 14 la semaine suivant sa défaite en finale de la Coupe d'Europe. Et elle devra lutter pour ne pas voir ressurgir ce vieux démon. Samedi soir, les Clermontois se sont murés dans le silence. Seuls l'entraîneur Vern Cotter, Morgan Parra et Julien Bonnaire se sont présentés devant la presse. Mais Cotter a assuré que "le sentiment n'était pas le même dans le vestiaire": "Je n'ai pas l'impression qu'on vit cette défaite de la même façon que l'an dernier". De fait, le contexte est différent. Le match face au relégable Perpignan paraît plus qu'abordable au stade Marcel-Michelin, où ils restent sur 76 victoires consécutives. Cette dernière ligne droite est en tout cas l'ultime chance de titre d'un groupe façonné depuis huit ans par Vern Cotter, qui quittera le club à l'issue de la saison, tout comme des cadres comme Nathan Hines (37 ans), Lee Byrne (33 ans) et Gerhard Vosloo (34 ans).

Ces départs et l'ampleur du revers de samedi interrogent sur l'essoufflement d'un effectif vieillissant dont l'ossature s'appuie sur plusieurs trentenaires, comme Cudmore (35 ans), Bonnaire (35 ans), James (32 ans) ou Rougerie (33 ans). Mais l'ASM n'est pas adepte des révolutions brutales. Un renouvellement a été amorcé avec les recrutements de Sébastien Vahaamahina, Jonathan Davies, Zac Guildford et le retour de Viktor Kolelishvili la saison prochaine. Ces joueurs seront décisifs pour donner un nouveau souffle à l'ASM. Et redonner de l'envie à ses supporters, qui ont affiché sur les réseaux sociaux leur ras-le-bol de voir leur équipe à nouveau échouer aux portes de la gloire. Un groupe exceptionnel inexplicablement habitué aux gâchis de fin de saison.

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