Grandeur et dépendance

Par Rugbyrama
  • Guy Novès Touloouse 2010
    Guy Novès Touloouse 2010
  • Guy Novès - Toulouse - Biarritz finale H Cup
    Guy Novès - Toulouse - Biarritz finale H Cup
Publié le Mis à jour
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Le titre de meilleur entraîneur européen des 15 dernières années qui lui a été décerné il y a quelques jours par l'ERC tombe à pic : Guy Novès a décroché samedi contre Biarritz son quatrième titre de champion d'Europe (21-19) au terme d'une saison difficile pour les Rouge et Noir. Portrait.

Alors que ses joueurs exultaient sur le terrain, que les supporters chaviraient de bonheur dans le stade et que la place du Capitole à Toulouse se noyait de monde et de joie, ses premiers mots n'ont pas narré l'ivresse d'un quatrième sacre européen. Ni même parlé d'un éventuel futur à la tête des Bleus quand on lui a posé la question. Ils ont été pour les siens. "Tout ce qu'on peut me souhaiter maintenant, c'est le bonheur de ma famille", expliquait Guy Novès aux caméras de télévision juste après le coup de sifflet final samedi soir. Interrogé à ce sujet en conférence de presse, il a seulement admis qu'il "pensait à certaines choses très importantes pour moi au-delà d'un titre de champion d'Europe". Et n'est plus revenu sur le sujet. Pudique et protecteur.

Guy Novès est un personnage secret. Connu et reconnu, il est célèbre pour ses prises de position et ses coups de gueule, ses coups de pied incessants dans la fourmilière du rugby français et son opiniâtreté, son entêtement aussi à défendre sans relâche ses thèses et ses théories. Si le manager a "une grande gueule", l'homme est discret. Et l'alliage fonctionne parfaitement. Chef de meute, il n'hésite pas à sortir les crocs et à faire grincer des dents. Mais "il sait lire dans les hommes comme dans un livre, a un jour dit de lui l'un des plus grands joueurs qu'il ait jamais coachés, le recordman des sélections en équipe de France Fabien Pelous. Sa capacité à cerner les caractères afin de tirer le meilleur de l'individu n'a pas d'équivalent. Tous les joueurs qui sont passés par le Stade ont du respect pour cet homme."

Quinze titres en dix-sept ans

Son obsession de la progression et de la perfection ont fait de lui l'entraîneur le plus titré du rugby mondial. A son actif, huit titres (1989, 1994, 1995, 1996, 1997, 1999, 2001, 2008) et deux finales de championnat (2003, 2006), deux Challenges Yves-du-Manoir (1995, 1998) , un trophée des champions (2001) et quatre H Cup donc (1996, 2003, 2005 et 2010), plus deux finales (2004 et 2008). Soit quinze titres en dix-sept ans à Toulouse. Et au moment de commenter sa dernière étoile européenne, il rendait d'abord hommage à ses collaborateurs. "Je voudrais féliciter publiquement Yannick (Bru) et Philippe (Rougé-Thomas). Je ressens beaucoup de fierté de travailler avec des hommes compétents et d'une telle qualité. Je suis vraiment admiratif de leur travail et de celui de tout le staff. Il faut savoir qu'une vingtaine de personnes nous accompagnent."

Guy Novès - Toulouse - Biarritz finale H Cup
Guy Novès - Toulouse - Biarritz finale H Cup

Bien sûr, les marottes sont toujours là. Même dans l'allégresse, Guy Novès a besoin de faire des mises au point : "Je voudrais aussi que les médias arrêtent d'écrire et de dire que mon vrai rêve, c'est le doublé. Je ne sais pas d'où ils le sortent, mais moi, je ne l'ai jamais dit. Ça fait des années que je répète que c'est impossible compte tenu du calendrier qu'on nous impose." Novès persiste et signe. Et veut prouver qu'il a raison. Toujours. Un large sourire accroché à son visage souvent ombrageux, il n'oublie pas de profiter toutefois. "Il faut qu'on réfléchisse avec des designers comment on va installer cette quatrième étoile sur le maillot !, lançait-il amusé devant une masse de journalistes. C'est vraiment une très grande fierté et je pense qu'elle est amplement méritée cette année. Nous avons vécu une saison éprouvante mais magnifique, avec un investissement sur les deux tableaux." Samedi à Paris,Guy Novès savourait son bonheur d'entraîneur. Toujours pas blasé, malgré ce qu'il a bien voulu dire parfois. Et très récemment même. A 56 ans, il n'a plus rien à prouver. Si ce n'est à lui-même. Et surtout aux siens. C'est tout ce qui lui importe. Il l'a rappelé samedi soir. Dimanche également, alors qu'il n'était présent à la présentation de la Coupe aux supporters place du Capitole. Le technicien toulousain a beau tutoyer les étoiles chaque année, il garde les pieds sur terre.

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