Après deux semaines d’arrêt, le rugby va reprendre à Bayonne

  • Stade Jean Dauger vide
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CORONAVIRUS - Privé d’entraînement depuis le 23 décembre après avoir contracté la souche britannique du Covid au sein de son effectif, l’Aviron a obtenu l’autorisation de l’Agence Régionale de Santé pour reprendre l’entraînement demain. Retour sur deux semaines agitées.

Mardi matin, autour du stade Jean Dauger. Le temps est gris, le brouillard a du mal à se dissiper, le thermomètre n’affiche pas plus de cinq degrés et il fait franchement moche sur Bayonne. En temps normal, Yannick Bru et son staff donnent de la voix, mais ce matin-là, rien du tout. Le terrain est vide. Pour cause, le club est à l’arrêt après avoir recensé des cas de Covid-19 dans son effectif.

Sur le bord de la route, les pieds mouillés masqués (les fidèles parmi les fidèles, qui assistent à tous les entraînements) sont quand même là. Il fait froid, il pleuvine, mais ils sont une quinzaine à discuter. À défaut d’observer la séance du jour, ils contemplent la nouvelle tribune qui, peu à peu, prend forme. Ils sont soucieux du contexte actuel. "Il y a beaucoup d’incertitudes et d'inquiétude que ce soit au niveau de la santé ou du sportif" souligne Jean-Noël, qui réside à Bayonne. "Je suis une personne à risque, donc évidemment que je suis inquiet. Ce virus circule partout, on ne sait pas où on peut le choper et on ne sait pas où il peut nous amener", ajoute Fredo, pur bayonnais. Même son de cloche chez les autres personnes que nous interrogeons. La situation les préoccupe tous. Et ils espèrent revoir au plus vite des matchs dont ils sont privés depuis maintenant trois semaines. Rappel des faits…

Contaminés par la variante britannique du virus après un match contre Leicester

Le 19 décembre dernier, l’Aviron recevait les Anglais de Leicester en Challenge Cup. Les Basques s’inclinaient 20-28 et quelques jours plus tard, on apprenait que les Tigres étaient contraints d’annuler leur prochain match pour cause de cas de Covid dans leur effectif. À Bayonne, un premier cas apparaissait le mercredi 23 décembre alors que l’équipe devait se rendre à Castres, le 27.

Le médecin du club et la LNR exigeaient donc que l’ensemble de l’effectif soit à nouveau testé, avant de se rendre dans le Tarn. Le samedi 26, alors que le groupe bayonnais patientait pour monter dans le bus en direction de Castres, les résultats des tests révélaient la présence de sept nouveaux cas dans les rangs bayonnais, alors que ceux-ci venaient de passer Noël en famille. "Je suis agacé, mais aussi inquiet et soucieux de la santé de la quarantaine de familles qui a été exposée, regrettait Yannick Bru. Je suis en colère contre la procédure médicale qui s’applique en Coupe d’Europe. Elle n’est pas à la hauteur de celle appliquée par la LNR en Top 14." Dès lors, l’Agence Régionale de Santé se saisissait du dossier et décidait d’annuler toute forme d’entraînement pour sept jours.

À l’arrêt complet pendant la semaine du Nouvel an, alors que la réception de la Section Paloise prévue au 2 janvier était logiquement reportée, les bleu et blanc voyaient deux nouveaux cas apparaître lors des tests effectués le jeudi 31 décembre (portant le total à 10), mais surtout, apprenaient qu’ils avaient contracté la souche britannique du virus, plus contagieuse.

De ce fait, l’ARS décidait de fermer le club une semaine de plus. "Comme cette souche britannique n’est pas encore vraiment introduite en France de manière massive, les autorités sanitaires sont vigilantes vis-à-vis de ça, expliquait alors Benjamin Laffourcade, médecin de l’Aviron. Nous avons des restrictions plus importantes que ce qui est fait d'habitude, protocolairement, à la Ligue. La première des mesures est de maintenir le club fermé jusqu’à ce qu’on soit à J+7 des derniers cas."

Les tests passés hier n’ont révélé aucun cas positif, trois jours d’entraînement à venir

Lundi, les joueurs positifs (asymptomatiques) se sont rendus à Bordeaux afin de réaliser les examens nécessaires à la reprise du sport (test cardiologique, épreuve d’effort, échographie du cœur et prise de sang) et hier, les joueurs et les membres du staff ont subi un énième test PCR. Aucun cas positif n’a été révélé, pour la seconde fois consécutive après les prélèvements réalisés samedi. C’est le soulagement en interne. L’ARS a donné son feu vert pour une reprise du rugby dès jeudi.

Demain, donc, les bleu et blanc retrouveront les terrains pour trois jours d’entraînement, jusqu’à samedi. Les joueurs contaminés récemment s'entraîneront de manière isolée, dans des horaires et lieux différents du reste de l’équipe pendant ces trois jours. Ceux qui n’ont pas contracté la maladie, eux, seront répartis par groupes de dix pour entamer la phase de réathlétisation. Lundi, de nouveaux tests PCR auront lieu et, si les résultats sont bons, les Bayonnais pourront alors envisager une reprise "normale" du rugby, en équipe.

Le prochain match sur le calendrier des Bayonnais ? Un déplacement à Leicester

Ensuite ? Viendra le temps de retrouver la compétition. Le déplacement à Toulon prévu vendredi ayant été annulé, la prochaine rencontre qui se présente sur le calendrier de l’Aviron est un match de Challenge en Angleterre contre… Leicester. Les Basques s’y rendront-ils, alors que samedi, le président Tayeb annonçait "en l’état actuel des choses, je ne vais pas prendre le risque de recevoir les Zèbres ou d’aller à Leicester" ?

Lundi, une réunion s’est tenue entre les responsables médicaux de différentes ligues et fédérations pour parler des conditions et règles sanitaires en Coupe d’Europe. "J’entends bien que les protocoles se sont alignés, mais laisser partir mon équipe en Angleterre, qui vient de confiner massivement son pays et qui compte 50 000 cas par jour, je trouve que c’est complètement ridicule, coupe le docteur Laffourcade. Je ne suis vraiment pas à l’aise avec ça et les joueurs ne le sont pas non plus. Beaucoup d’équipes ont le même sentiment."

Passée cette parenthèse européenne, loin d’être la priorité de l’Aviron, les joueurs de Yannick Bru retrouveront ensuite le Top 14 avec une réception d’Agen fin janvier alors qu’ils comptent, à ce jour, trois rencontres de retard. À ce sujet, les interrogations sont nombreuses. Quand rattraperont-ils ces matchs ? Quel sera l’impact psychologique de cette coupure pendant laquelle les concurrents des Basques, dans la lutte pour le maintien, ont tous engrangé des points ? L’Aviron parviendra-t-il à bien maîtriser ces rendez-vous couperets contre des adversaires du bas de tableau ? Il faudra patienter encore un peu pour voir apparaître les premières réponses.

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